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FORÊTS La forêt, un milieu naturel riche et diversifié

Si les climats déterminent, à l'échelle planétaire, la distribution des grands types de forêts, des facteurs plus locaux interviennent pour expliquer leur diversité et la répartition de leurs essences.

La forêt n'est pas immuable : elle change, évolue ; cette évolution tend, par des stades successifs, vers une formation stable, le climax ; à cette évolution progressive, souvent cyclique, s'oppose une évolution régressive qui conduit à la dégradation des forêts et à l'installation de landes, de savanes, de garrigues... En dehors de son rôle économique, la forêt participe à la protection des sols contre le ruissellement et contrôle leur évolution pédologique. Elle est également un puits de carbone et une source d'oxygène indispensables. Elle contribue à entretenir le cycle de l'eau par effet d'évapotranspiration, à modérer le souffle des vents et à filtrer les poussières qu'ils véhiculent. Ce sont aussi des refuges, conservatoires de biodiversité, qui méritent donc d'être protégés en tant que réserves naturelles.

Répartition à l'échelle mondiale et régionale

Zonation des forêts en latitude

À l'échelle mondiale, la température et la pluviosité règlent la répartition des principales formations forestières naturelles. Ces deux facteurs interfèrent : la pluviosité du centre du Bassin parisien (600 mm) n'est suffisante que parce qu'elle est régulière, et surtout parce que les températures modérées n'entraînent pas une trop forte évapotranspiration. De nombreux procédés, chiffrés (indice d'aridité de Martonne ; quotient pluviothermique d'Emberger...) ou graphiques (diagrammes ombrothermiques de Gaussen), mettent en lumière ces corrélations.

Forêts climaciques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Forêts climaciques

Par exemple, la façade atlantique de l'Amérique du Nord présente, du sud au nord, diverses formations (fig. 1).

Du bas Mississippi à la Caroline du Sud, les restes de la forêt naturelle renferment, à côté d'arbres à feuilles caduques, plusieurs essences thermophiles à feuilles persistantes de type « laurier » (magnolias, plusieurs chênes...) ; cette forêt est dite de type chinois, car elle est comparable par sa richesse et par les genres représentés à celle de la Chine méridionale. Elle correspond en effet à des hivers doux (moyenne de janvier supérieure à 8 0C, celle de l'année supérieure à 20 0C) et à une forte pluviosité (1 500 mm/an), permettant la présence d'épiphytes tropicaux (Tillandsia).

Plus au nord, jusque vers 45 0 de latitude, la forêt appalachienne est une luxuriante sylve d'arbres à feuilles caduques, comportant de nombreuses espèces (plusieurs chênes, des hickorys, un châtaignier et un hêtre, un tulipier, des érables... parmi les arbres dominants) ; elle correspond à un climat encore très pluvieux (1 000-1 500 mm/an, parfois davantage) et plus froid (moyenne annuelle entre 20 et 10 0C).

Au niveau des Grands Lacs, et jusqu'en Gaspésie, la forêt laurentienne comprend de nombreux feuillus (érable à sucre, chênes, charmes, bouleaux), mais associés à une proportion de plus en plus forte de conifères de grande taille : sapins, épicéas, tsuga du Canada... ; la pluviosité reste forte (1 m/an environ), mais le climat nettement plus froid (moyenne annuelle de l'ordre de 5 0C, saison de végétation active de 100 à 150 jours, avec pourtant une moyenne de 16 à 20 0C en juillet).

Plus au nord, du Labrador à la baie James et au-delà, la forêt hudsonienne (taïga) est formée de conifères (surtout des épicéas et un sapin producteur du baume du Canada), associés dans les fonds humides à des arbres à feuilles caduques tels que mélèze, tremble, bouleau ; d'abord dense, cette forêt devient de plus en plus clairsemée et se localise dans les vallées, les interfluves étant déjà occupés par la toundra, dépourvue d'arbres : cette zone de transition est[...]

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Écrit par

  • : ingénieur en chef du Génie rural des eaux et forêts, enseignant-chercheur
  • : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles

Classification

Pour citer cet article

Yves BASTIEN et Marcel BOURNÉRIAS. FORÊTS - La forêt, un milieu naturel riche et diversifié [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Forêts climaciques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Forêts climaciques

Arbre-bouteille - crédits : P. Jaccod/ De Agostini/ Getty Images

Arbre-bouteille

Baobab - crédits : vil.sandi/ flickr ; CC-BY-ND

Baobab

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Ellecouvre les régions équatoriales où la pluviosité est à la fois forte (plus de 1 200 mm par an) et bien répartie (moins de trois mois secs, c'est-à-dire recevant moins de 100 mm de pluies). Des facteurs orographiques ou édaphiques peuvent localement en étendre ou en limiter l'extension....
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie

    • Écrit par Théodore MONOD
    • 5 702 mots
    • 19 médias

    Suspendue aux flancs de l'Ancien Monde comme un « gigantesque point d'interrogation » – selon la pittoresque formule de Weulersse – l'Afrique représente le quart de la surface des terres émergées.

    De tous les continents c'est à la fois le plus massif (1 400 km2 pour...

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures jusqu'au XIXe siècle

    • Écrit par Marcel MAZOYER, Laurence ROUDART
    • 6 086 mots
    • 2 médias
    ...ces conditions, on obtient de bons rendements lors de la première année, puis on peut pratiquer des cultures d'appoint pendant quelques saisons encore. On laisse ensuite la forêt et la fertilité se reconstituer durant plusieurs dizaines d'années avant de revenir cultiver le même terrain. Chaque année,...
  • ALASKA

    • Écrit par Claire ALIX, Yvon CSONKA
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Les forêts humides du Sud-Est, particulièrement les immenses forêts nationales de Tongass et Chugach, ont été beaucoup exploitées, mais de nombreuses usines d'extraction de pulpe ont fermé durant les années 1990.
  • Afficher les 91 références

Voir aussi