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FLEUVES

Classification et zonation des écosystèmes

L'écosystème des eaux courantes présente une extrême diversité d'aspects. Malgré la difficulté de l'entreprise, de nombreux essais de classification ont été proposés, qui, considérant chaque cours d'eau comme une entité, utilisent un critère d'ordre physique ou chimique. Il ne sera pas question ici de ces classifications mais des essais qui tiennent compte des variations enregistrées dans les communautés benthiques ; ces variations dépendent essentiellement, d'une part, de la distance par rapport à la source, par suite du changement des conditions abiotiques et de la compétition entre espèces, d'autre part, de la nature du substrat. Selon le facteur considéré, on aboutit soit à un système de zonation biologique longitudinale, soit à une typologie des habitats et de leurs associations.

Subdivision en zones d'un réseau lotique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Subdivision en zones d'un réseau lotique

L'hydrologue américain V. Horton avait, dès 1945, classé les cours d'eau en se fondant sur la ramification des réseaux, mais la zonation biologique longitudinale est due à J. Illies et date de 1950 environ. Cet auteur constate qu'une typologie ne peut pas s'appliquer à des cours d'eau pris comme entités, mais à des tronçons caractérisés par des particularités zoocénotiques et physiographiques ; il montre que les modifications enregistrées par la faune le long d'un cours d'eau ne sont pas si graduelles que celles des facteurs physiographiques, mais qu'elles prennent place plutôt brutalement en certains endroits (par exemple, au niveau des confluences d'eaux de même importance) et que, en tenant compte de ces modifications, on arrive à une division biocénotique naturelle (fig. 10) : si des tronçons adéquats de cours d'eau sont comparés, même dans des zones géographiques fort éloignées entre elles, on constate non seulement une identité physiographique mais aussi une grande ressemblance dans les peuplements : les mêmes Lebensformtypen sont représentés (ce terme dû à A. Remane pourrait être traduit par « types structuraux-biologiques »), même si les hiatus du point de vue taxinomique augmentent avec la distance ; ces tronçons, ou zones, sont de vraies isocénoses, telles que les définit J. Balogh. Une méthode d'analyse biocénotique des eaux courantes a été mise au point, méthode statistique permettant la représentation graphique de la succession et du remplacement des faunes. Les hiatus les plus profonds séparent d'une part les sources du reste des eaux courantes, d'autre part les régions qui, en Europe centrale, sont connues sous les noms de zone à Salmonidés et zone à barbeaux. Trois isocénoses reconnaissables universellement peuvent être ainsi définies : le crénal (sources et émissaires), le rhithral (ruisseaux et petites rivières ; cf. fig. 7), le potamal (grandes rivières et fleuves), dont s'occupent respectivement la crénobiologie, la rhithrobiologie, la potamobiologie au sens strict. Comme on ne peut s'étendre ici sur les subdivisions de ces trois isocénoses et sur leurs particularités, on se contentera de dire qu'elles sont caractérisées par l'amplitude des variations thermiques, la vitesse du courant, le débit, la nature et la disposition du substrat, les propriétés écophysiologiques des espèces, etc.

Un autre moyen d'approche des problèmes typologiques des eaux courantes est d'étudier les types de substrats (choriotopes) avec leurs choriocénoses. On distingue : le phytal avec la phytorhéochoriocénose (association de macrophytes), le lithal avec la lithorhéochoriocénose (fonds rocheux, pierres, gravier), l'akal avec l'akorhéochoriocénose (gravier menu, sable grossier), le psammal avec la psammorhéochoriocénose (sable), le psammopélal avec la psammopélorhéochoriocénose (sable mélangé de limon), le pélal avec la pélorhéochoriocénose (limon), l'[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, chercheur scientifique principal, université d'Amsterdam
  • : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres

Classification

Pour citer cet article

Lazare BOTOSANEANU et Pierre CARRIÈRE. FLEUVES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Eau écoulée par les fleuves chaque année - crédits : Encyclopædia Universalis France

Eau écoulée par les fleuves chaque année

Les plus grands fleuves du monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les plus grands fleuves du monde

Maximum de l'écoulement et mode d'alimentation - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maximum de l'écoulement et mode d'alimentation

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    D'une façon générale,l'accumulation fluviatile découle d'un déséquilibre persistant entre les débits solide et liquide en faveur de la charge. Les causes en sont variées et peuvent intervenir aussi bien en périodes de stabilité des conditions de la morphogenèse qu'à la faveur de crises morphogéniques...
  • ADIGE

    • Écrit par Universalis
    • 243 mots
    • 1 média

    L'Adige (Fiume Adige) est le plus long fleuve d'Italie après le Pô. Il prend sa source dans le nord du pays, à partir de deux lacs situés juste au-dessous du col de Resia. Il coule ensuite rapidement dans le val Venosta, puis vers le sud-est, après Merano. Ayant reçu les eaux de l'Isarco...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Dans le reste du continent, courbures et fractures rejouent, accentuant la disposition en môles et en cuvettes qui a guidé la formation desgrands bassins hydrographiques du Niger, du lac Tchad, du Congo. Le soulèvement de la bordure occidentale du socle, entre le fond du golfe de Guinée et la Namibie...
  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    Le fleuve, encore peu important en Bavière, franchit l'Alb (Jura souabe) par des défilés (Weltenburger Enge, Neuburg), de même la masse cristalline du Bayerischerwald (entre Vilshofen et Passau), à la suite de surimpositions (gorges épigéniques). La vallée est aussi une succession de défilés et de bassins....
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Voir aussi