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FILARÈTE (1400 env.-env. 1469)

« Qu'il te plaise d'accepter cet ouvrage, composé par ton architecte Antonio Averlino, florentin, qui sculpta les portes de bronze de Saint-Pierre-de-Rome et les décora des faits mémorables de la vie de saint Pierre et saint Paul, et de celle d'Eugène IV, sous le pontificat duquel elles furent exécutées. Et dans ta glorieuse ville de Milan, je construisis la célèbre auberge des pauvres du Christ dont tu as toi-même posé la première pierre, et bien d'autres choses encore. Et l'Église Majeure de Bergame, avec ton consentement, j'en fis le plan. » C'est en ces termes que, en 1465, Averlino, dit Filarète, dédiait son Trattato di architettura à Francesco Sforza, quatrième duc de Milan. Mieux que tout autre développement, ces quelques lignes résument bien l'activité d'un artiste dont la vie ne nous est guère connue, et dont l'influence a probablement dépassé le talent.

Rome et les leçons de l'Antiquité

Si l'on connaît les lieux de naissance et de mort de Filarète, Florence et Rome, on en ignore par contre les dates précises. Est-ce parce qu'il avait travaillé avec L. Ghiberti au Baptistère de Florence que l'artiste fut appelé en 1433 par le pape Eugène IV pour sculpter la porte de bronze de Saint-Pierre ? On sait seulement que G. Vasari – qui ne le tient pas en grande estime – déplore ce choix, et, de fait, le résultat des travaux, commencés en 1439 et achevés douze ans plus tard, est décevant : les grands personnages, le Christ et la Vierge, saint Pierre et saint Paul, sont massifs et gauches ; les petites scènes qui célèbrent les événements les plus marquants du pontificat : le concile de Florence, la rencontre à Ferrare du pape et de l'empereur Jean Paléologue, témoignent de qualités d'orfèvre plus que d'une conception d'ensemble, et leur valeur artistique est moindre que leur intérêt documentaire. Mais, sur la frise de la bordure, le sculpteur renonce aux schémas conventionnels des structures médiévales et laisse parler ses préférences. L'Antiquité l'emporte donc sur les sujets sacrés : Ovide, Tite-Live, Valère-Maxime, Ésope triomphent de la Bible ; amours et génies dansent sur les feuilles d'acanthe. La leçon de Rome a déjà porté ses fruits et l'artiste y restera fidèle, même s'il n'arrive pas toujours dans ses œuvres à se libérer du passé.

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Pour citer cet article

Noëlle de LA BLANCHARDIÈRE. FILARÈTE (1400 env.-env. 1469) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Château Sforza, Milan - crédits :  Bridgeman Images

Château Sforza, Milan

Hôpital Majeur, Milan - crédits :  Bridgeman Images

Hôpital Majeur, Milan

Autres références

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