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ENGRAIS

Fertilisation, santé et environnement

La protection de l'environnement et la sécurité alimentaire sont désormais deux préoccupations majeures des pays développés. L'utilisation inconsidérée de fertilisants peut avoir un impact sur l'environnement. Développée depuis les années 1980, la fertilisation raisonnée a des effets positifs sur l'environnement, la qualité des produits agricoles et contribue à l'offre d'une alimentation variée, saine et équilibrée. Elle permet de mieux maîtriser les interactions des éléments fertilisants N, P, K avec l'air et l'eau.

L'air

L'activité agricole contribue par ses émissions gazeuses, à certaines formes de la pollution atmosphérique :

– pluies acides résultant de la volatilisation de l'ammoniac venant des déjections animales et consécutif à l'épandage de certains engrais azotés uréiques ou ammoniacaux ;

–  effet de serre par l'émission de méthane liée à l'élevage et par celle du protoxyde d'azote N2O liée aux processus microbiens complexes de nitrification/dénitrification dans les sols.

La part de l'agriculture dans ces émissions diffuses de gaz à effet de serre est difficile à quantifier. Elle est très variable selon les régions. On estime que cette part est de 17 p. 100 pour la moyenne française, mais elle pourrait atteindre 50 p. 100 en Bretagne du fait de l'importance des élevages.

À l'inverse, l'agriculture utilise l'énergie solaire pour produire les végétaux et fixer le gaz carbonique CO2, principal responsable de l'effet de serre. Les végétaux forment la base de l'alimentation, source d'énergie pour les êtres humains et les animaux. Ils procurent également de la biomasse, source d'énergie thermique, de biocarburants ou encore des matériaux ou des fibres à partir de ressources renouvelables.

La fertilisation permet de produire plus de biomasse et de fixer davantage d'énergie solaire et de CO2 à l'hectare. Son bilan d'utilisation est très nettement positif ; la quantité de gaz à effet de serre fixée est égale à cinq fois celle émise par la production, le transport et l'épandage des engrais.

L'eau

Phosphore et eau

Le sol a une grande aptitude à fixer le phosphore. Les pertes du sol en phosphore sont donc très modestes.

Dans les conditions les plus défavorables de sols sableux acides, l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.) a mesuré une perte de l'ordre de 1 kilogramme de P2O5 par hectare et par an sous une forte pluviométrie dans les Landes. Les pertes moyennes mesurées sur le bassin versant d'Auradé dans le Gers se situent entre 0,5 et 1 kilogramme de P2O5 par hectare et par an.

La perte de phosphore entraînée par l'érosion du sol peut être plus importante si rien ne s'interpose entre les coulées de boues et le cours d'eau.

Les sols cultivés contribuent pour une faible part au rejet de phosphore dans le milieu aquatique en France (5 p. 100 d'après l'Institut français de l'environnement, en 1997-1998).

Le phosphore, en concentration très faible dans les eaux de surface, est le premier facteur limitant de la masse végétale aquatique. En cas de rejets importants de phosphore, la production des algues peut exploser au printemps, consommant alors la plus grande partie des nitrates dissous. La carence induite en azote stimule la prolifération des cyanobactéries fixatrices d'azote de l'air. Ces cyanobactéries, toxiques pour le milieu, finissent par dominer. L'oxygène dissous est consommé et le mécanisme de l'eutrophisation s'enclenche.

Seule une réduction du phosphore permet de ramener la prolifération végétale à une valeur proche de ce qu'elle est en conditions naturelles. Lorsque la pollution par les phosphates n'est pas trop ancienne et de faible intensité, il est possible[...]

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Écrit par

  • : ingénieur agronome, secrétaire général honoraire de l'Association nationale professionnelle pour les engrais et les amendements
  • : responsable agriculture environnement et statistiques
  • : directeur de recherche honoraire à l'Institut national de la recherche agronomique
  • : ingénieur agronome (I.N.A. Seris), membre de l'Académie d'agriculture de France, ingénieur-conseil

Classification

Pour citer cet article

Albert DAUJAT, Philippe ÉVEILLARD, Jean HEBERT et Jean-Claude IGNAZI. ENGRAIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Engrais : consommation mondiale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Engrais : consommation mondiale

Consommation d'engrais dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Consommation d'engrais dans le monde

Engrais : action de doses croissantes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Engrais : action de doses croissantes

Autres références

  • AGRICULTURE - Histoire des agricultures depuis le XXe siècle

    • Écrit par Marcel MAZOYER, Laurence ROUDART
    • 9 998 mots
    • 2 médias
    ...biologiques : tracteurs et machines de puissance, de capacité et de complexité croissantes, permettant de réduire la force de travail humaine et animale ; engrais minéraux pour les plantes et aliments concentrés pour les animaux, permettant d'augmenter leurs rendements ; produits de traitement phytosanitaires...
  • AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation

    • Écrit par François PAPY
    • 7 421 mots
    • 3 médias
    Maisla question de l'usage des engrais constitue la principale préoccupation des agronomes au cours de cette période. Pour nourrir une population croissante, une fois cultivées les terres qui peuvent l'être, il faut augmenter les rendements et, par conséquent, compenser les exportations d'éléments...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 5 444 mots
    • 10 médias
    ...eux, les systèmes agronomiques (agrosystèmes) retenus doivent tenir compte davantage des spécificités des sols et des conditions climatiques aux échelons régional et local et limiter le plus possible le recours aux produits de synthèse ( engrais, produits phytosanitaires) d’origine industrielle.
  • AGRONOMIE

    • Écrit par Stéphane HÉNIN, Michel SEBILLOTTE
    • 9 202 mots
    • 1 média
    ...doctrine de Liebig, confirmée par de nombreux auteurs, les techniques de la fertilisation prennent naissance et se développent dans la mesure où l'on découvre des sources nouvelles d'éléments fertilisants et des techniques industrielles permettant de rendre ces substances plus solubles, condition nécessaire...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi