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SERRE

Dans son sens le plus large, une serre désigne un dispositif établi pour modifier à moindres frais l'action des facteurs naturels et l'adapter au mieux aux besoins des plantes. Par sa présence, la serre crée, à partir du milieu naturel, un milieu semi-artificiel permettant de cultiver des végétaux qui, sans elle, ne pousseraient pas ou ne monteraient pas à fleurs et à fruits, ou pousseraient avec des rendements dérisoires. Bien que très éloignée de la serre, la simple haie brise-vent, pour un investissement minime, évite déjà efficacement le dessèchement à une certaine surface cultivée, et on la trouve souvent dans le midi de la France (équivalent dans l'ouest : le talus). Plus élaborés, les abris légers (tunnels plastiques, châssis ou abris vitrés), encore peu onéreux, permettent de monter de quelques degrés la température au niveau des plantes et les protègent des gelées, d'où un gain de deux à quatre semaines de précocité selon les espèces, sous les climats tempérés. Enfin, les serres classiques comprennent un bâti en dur, supportant une ossature en bois ou en métal, garnie de vitrages avec vasistas ; en cas d'usage hivernal, un chauffage est ajouté ; un éclairage artificiel peut être prévu en appoint.

Les principaux facteurs du milieu interne à une serre, qui sont modifiés par rapport à l'extérieur, sont : la température, la lumière, l'humidité. Il est bien connu (« effet de serre ») que le sol et les plantes situés sous le vitrage recevant les rayons du soleil s'échauffent bien plus qu'à l'air libre : cela est dû à la suppression du vent et à la réduction de la convection de l'air, mais aussi aux propriétés physiques du verre (à peu près transparent pour le rayonnement solaire, mais tout à fait absorbant pour l'infrarouge émis par le sol placé à température ordinaire, d'où effet de « piégeage » des radiations solaires). En été, une surchauffe dangereuse est à craindre : l'ouverture manuelle des vasistas ou des portes ventile et refroidit la serre. En hiver, le chauffage s'impose en général, soit par couche (chaleur de fermentation du fumier ou des feuilles mortes), soit par l'électricité ou une autre source d'énergie. Quant au facteur lumière, la plupart des serres sont tributaires de la lumière solaire existant en chaque lieu, à chaque saison : seules des serres très perfectionnées, comme il en existe pour des cultures très rentables (orchidées, par exemple), ou encore dans les installations qui accompagnent les phytotrons, sont munies de batteries de tubes fluorescents s'allumant automatiquement quand l'éclairage céleste baisse. Comme une partie appréciable de la lumière disponible est occultée par la charpente de la serre, on a cherché à en réduire l'ombre portée en remplaçant le bois par le métal profilé, ou même en supprimant l'ossature : cela est réalisé par des serres gonflables constituées d'un film souple en plastique, maintenu en forme par une légère surpression d'air. Ce dernier système peut recevoir une régulation automatique de la température par ventilation forcée, et, autre avantage sur les serres classiques, peut facilement être démonté et remonté ailleurs. Pour uniformiser l'éclairement moyen reçu par les plantes en une journée, on a inventé aussi des serres rotatives qui tournent avec le soleil, et qui sont plus satisfaisantes pour la culture expérimentale de grandes plantes (tropicales notamment), quoique plus économiques à l'usage que les phytotrons ou enceintes à éclairage artificiel. L'humidité, enfin, est augmentée, dans les serres, par l'absence de vent et par l'évaporation de l'eau d'arrosage en enceinte relativement close. Laissée excessive, l'humidité favorise la croissance des moisissures et autres champignons : elle doit donc être contrôlée, ce qui se fait même automatiquement dans les serres perfectionnées. De toute façon, dans les serres, les facteurs climatiques ne sont pas maintenus[...]

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Classification

Pour citer cet article

Jacques DAUTA. SERRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...des techniques« high-tech » – mobilisant des technologies de pointe –, de plus en plus sophistiquées et qui utilisent très peu d’espace ( serres urbaines implantées en ville, voire intégrées dans des bâtis urbains, sur les toits d’immeuble par exemple). Conduites en milieux clos et en atmosphère...
  • HORTICULTURE

    • Écrit par Robert BOSSARD
    • 737 mots

    Nombreux sont ceux pour qui l'horticulture se borne à la production des plantes ornementales. Pourtant les activités horticoles ne sont pas aussi restreintes ; dans l'« Hortus » du Moyen Âge voisinaient déjà arbres fruitiers et cultures vivrières ; de nos jours, vergers, cultures légumières et carrés...

  • HORTICULTURE ORNEMENTALE

    • Écrit par Robert BOSSARD
    • 4 945 mots
    • 2 médias
    ...d'obtenir la régulation de la température (à 1 0C près) et de l'aération. Le contrôle hygrométrique, quoique moins aisé, est réalisé dans les cultures de rosiers, d'œillets, par un rideau de fibres de bois humidifiées constituant l'un des piédroits de laserre (cooling system).
  • JARDINS - Sciences et techniques

    • Écrit par Hervé BRUNON, Monique MOSSER
    • 2 897 mots
    Cette diversification du patrimoine floristique passe par la mise au point de procédés de transport – comme la serre scellée portative que Nathaniel Ward inventa vers 1830 – et le développement d'espaces abrités pour acclimater ou conserver les spécimens précieux et fragiles. Les orangeries de l'âge...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi