ÉNERGIE Les ressources

Les grandes batailles et les acteurs

Vingt-sept p. 100 de l'énergie fossile produite dans le monde est exportée. Les marchés mondiaux du pétrole, du gaz, du charbon ou de l'uranium, mais aussi les marchés énergétiques nationaux, sont des espaces d'affrontement où différentes catégories d'acteurs cherchent à défendre leurs positions et à assurer un pouvoir de captation du surplus. L'industrie pétrolière internationale illustre particulièrement bien une situation de marché qui tient à la fois de la guerre et du jeu.

Les rentes

Cette filière est, en effet, caractérisée par l'existence de rentes qui appartiennent à deux catégories différentes : les rentes différentielles et les rentes de monopole.

Parmi les rentes différentielles, la plus importante est la rente minière générée par des gisements de pétrole dont les coûts de production sont différents ; en effet, pour alimenter le marché mondial en pétrole brut, on utilise à la fois du pétrole bon marché et du pétrole cher : le pétrole des très gros gisements du Moyen-Orient a un coût de production de l'ordre de 1 dollar par baril, tandis que celui de la mer du Nord, en zone profonde et difficile est de l'ordre de 15 dollars. Cette différence de coût est génératrice de rentes différentielles en faveur des meilleurs gisements. Parmi les autres rentes différentielles, citons : les rentes de qualité (la densité du pétrole varie d'un gisement à un autre et son raffinage donne donc plus ou moins de produits légers de haute valeur marchande ; de même, la présence de soufre dans un pétrole brut oblige à une coûteuse opération de désulfuration) ; les rentes de position, que procurent des gisements situés à proximité des lieux de consommation ; les rentes d'efficacité, liées à la possession d'une raffinerie particulièrement adaptée aux besoins du marché.

Les rentes de monopole sont d'une autre nature. Elles s'expliquent, soit par le pouvoir de monopole de certains acteurs (les grandes compagnies internationales dans les années 1930, l'O.P.E.P. au moment des deux chocs pétroliers, puis entre 1999 et 2003 pour maintenir les prix entre 22 et 28 dollars par baril), soit par l'existence de marchés captifs : les carburants pétroliers n'ont pas, à court et à moyen terme, de substitut et la demande est donc relativement inélastique au regard des fluctuations des prix.

La conjonction de ces deux catégories de rentes constitue ce qu'on peut appeler le surplus pétrolier. Ce surplus a toujours représenté une masse financière très importante : plus de 1 000 milliards de dollars par an. Il se partage entre les pays producteurs, les pays consommateurs et les entreprises concernées acteurs de la filière. Dans un pays comme la France, par exemple, les taxes sur les produits pétroliers, illustrant l'existence d'une rente de monopole, représentent 7 p. 100 des recettes fiscales nettes de l'État.

Ainsi, l'économie mondiale de l'énergie est caractérisée par l'existence de trois grandes catégories d'acteurs : les pays exportateurs d'énergie, les pays importateurs et les compagnies. Aucun de ces groupes ne constitue une entité homogène. À l'intérieur de chacun, on trouve des relations d'opposition ou d'alliance, d'entente ou de concurrence acharnée.

Les pays exportateurs d'énergie

Les pays exportateurs de charbon interviennent assez peu en tant qu'États sur les marchés. Au contraire, les pays exportateurs d'hydrocarbures agissent plus directement, qu'ils soient ou non membres de l'O.P.E.P.

L' Organisation des pays exportateurs de pétrole a été créée en 1960. Elle regroupait douze pays en 2007 : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweït et Venezuela, membres fondateurs, auxquels se sont joints le Qatar (1961),[...]

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Écrit par

  • Jean-Marie CHEVALIER : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-IX-Dauphine, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières
  • Daniel CLÉMENT : ancien directeur de la recherche et directeur scientifique adjoint de l'Agence de l'environnement de la maîtrise de l'énergie (ADEME)
  • François MOISAN : directeur de la prospective, Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME)
  • Jean-Pierre TABET : chef du service économie, Agence de l'environnement de la maîtrise de l'énergie (ADEME)

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marie CHEVALIER, Daniel CLÉMENT, François MOISAN, Jean-Pierre TABET, « ÉNERGIE - Les ressources », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Raffinerie Shell

Raffinerie Shell

Raffinerie Shell

Une raffinerie de pétrole du groupe Shell à Las Piedras, sur la péninsule de Paraguaná, au Venezuela…

Autres références

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 38 115 mots
    • 4 médias
    Les premières descriptions du mouvement des particules élémentaires furent fondées sur l'équation de Klein-Gordon. En résolvant cette dernière, on obtient les états d'énergie E :
    m est la masse de la particule, et p son impulsion.
  • ARCHITECTURE ÉCOLOGIQUE ou ARCHITECTURE DURABLE

    • Écrit par Dominique GAUZIN-MÜLLER
    • 28 047 mots
    [...]méthode de management environnemental : Green Building Tool en Amérique du Nord, Breeam au Royaume-Uni, Dbca aux Pays-Bas, Klimaaktivhaus en Autriche. Les pays germaniques mettent l'accent sur l'efficacité énergétique à travers une réglementation thermique contraignante et des labels[...]
  • ATMOSPHÈRE - Thermodynamique

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
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    • 7 médias
    [...]transformations, certaines molécules rejoignent des structures plus organisées (condensation, condensation solide, congélation), elles cèdent une partie de leur énergie (libération de chaleur latente) ce qui se traduit par un fort réchauffement de leur environnement. À l’inverse, pour rompre les liens qui les associent[...]
  • ATOME

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    [...]aucun rayonnement. L' émission (ou l' absorption) de radiation est déterminée par le passage de l'électron d'une orbite d'énergie E p à une autre orbite d'énergie plus petite (ou plus grande) E q , la fréquence du rayonnement émis ou absorbé étant donnée[...]
  • ATOMIQUE PHYSIQUE

    • Écrit par Philippe BOUYER, Georges LÉVI
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    [...]La première d'entre elles concerne l'étude du rayonnement du corps noir : tout corps, porté à n'importe quelle température, rayonne de l'énergie électromagnétique, dont la variation avec la longueur d'onde (distribution spectrale) dépend de la température. Il fut établi expérimentalement[...]
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Voir aussi