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KOWEÏT

Nom officiel État du Koweït
Chef de l'État et du gouvernement Mechaal al-Ahmed al-Jaber al-Sabah - depuis le 16 décembre 2023
Capitale Koweït
Langue officielle Arabe
Population 4 853 420 habitants (2023)
    Superficie 17 820 km²

      D'une configuration territoriale quasi triangulaire, le Koweït est enserré entre l' Irak, l' Arabie Saoudite et le golfe Arabo-Persique, regroupant, au milieu des années 2010, plus de 3,5 millions d'habitants sur ses 17 800 kilomètres carrés. C'est la position géographique de Koweït qui a dû attirer ses premiers habitants, plus que ses ressources en eau ou en pâturage, presque nulles. Le pays a un climat désertique marqué par une chaleur étouffante entre avril et novembre et souvent par de violentes tempêtes de sable.

      Koweït : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Koweït : carte physique

      Koweït : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Koweït : drapeau

      Histoire

      La ville de Koweït a été fondée au début du xviiie siècle. L'histoire de l'émirat commence avec l'expulsion en 1670, par les tribus de Bani Khalid, des Ottomans installés en Arabie orientale. Trente ans plus tard, des segments de la tribu 'Utub, dont la famille Sabah, émigrent de l'Arabie centrale vers la côte du Golfe. Ils s'installent à Koweït. Vers 1750, Koweït devient autonome et un mur d'enceinte est construit. La ville s'enrichit grâce à son rôle de station sur le chemin des caravanes voyageant entre l'Arabie et le Croissant fertile et à une flottille de bateaux pour la pêche aux perles.

      L'autonomie de Koweït est renforcée sous le long gouvernorat d'Abdallah ibn Sabah (de 1764 à 1815). Jouant de la rivalité entre acteurs plus forts (les Bani Khalid et les Wahhabites se disputaient l'Arabie orientale, les Perses et les Ottomans la région de Bassorah), il bénéficie de l'intérêt porté à sa cité par la Grande-Bretagne, dont les comptoirs établis à Bassorah ou sur la côte iranienne du Golfe étaient alors menacés par des troubles politiques et par la peste qui frappa Bassorah en 1773. Le courrier impérial transitait dorénavant par Koweït, ainsi qu'une partie du commerce venant des Indes et empruntant à Koweït la voie terrestre.

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      Grâce à leur nouvelle prospérité, les Koweïtiens dotaient de canons l'enceinte de leur ville et leurs bateaux. Koweït réussit à repousser en 1789 une attaque de tribus irakiennes soutenues par les Ottomans, puis les troupes saoudo-wahhabites en 1793, en 1797 et en 1808. Une bataille navale, en 1810, coûta à Koweït et à ses alliés un millier d'hommes. Mais, à sa mort, après un demi-siècle de pouvoir, Abdallah léguait à son fils Jabir (1815-1859) et à son petit-fils Sabah (1859-1866) une cité forte de près de 800 bateaux de pêche aux perles, de 5 000 à 6 000 hommes pour la défendre, un commerce caravanier florissant et de solides alliances dans la région.

      Au xixe siècle, contrairement aux sheikhdoms (émirats) à l'entrée du Golfe, Koweït demeure formellement dans l'orbite administrative du gouvernorat ottoman de Bassorah, ne signe aucun accord de protection avec les Britanniques tout en se présentant comme un refuge pour les tribus en difficulté. Mais, à la fin du xixe siècle, le pays connaît un tournant crucial de son histoire. Depuis Sabah, le fondateur de la dynastie, le pouvoir s'était transmis de père en fils. À la mort d'Abdallah II en 1892, l'un de ses fils, Moubarak dit le Grand, fait assassiner deux de ses frères et s'empare du pouvoir. Après s'être fait reconnaître par les Ottomans, il se lance dans la construction d'un grand État dans l'Arabie orientale. Ce projet allait connaître une triste fin à la bataille d'al-Sarif au cours de laquelle les Koweïtiens allaient perdre 700 hommes. Moubarak devait aussi affronter l'opposition de ses neveux cherchant à venger leurs pères.

      Pour faire face à ces défis, Moubarak se résigne, à partir de 1899, à signer une série d'accords secrets qui vont faire de lui un protégé de la Grande-Bretagne. Un agent politique britannique s'installe à Koweït, et Londres obtient la location du port d'Ach-Chouaykh, ainsi que plusieurs droits exclusifs, notamment en matière pétrolière. En 1914, avec le début de la Première Guerre mondiale, Moubarak n'avait plus d'autre choix que de soutenir la Grande-Bretagne contre l'Empire ottoman.

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      À sa mort, son fils Jabir lui succède, mais seulement pour quatorze mois. Celui-ci est suivi par son frère Salim. Le premier était pro-britannique, le second plutôt pro-ottoman. S'établit alors une coutume solide suivant laquelle l'émirat ira dorénavant, de manière alternative, aux descendants de chacun des deux frères Salim et Jabir, qui forment également la branche régnante des Sabah. C'est ainsi que Salim fut suivi par son neveu Ahmad, fils de Jabir (1921-1950), et celui-ci par son cousin Abdallah, fils de Salim (1950-1965). Son frère Sabah (1965-1978) lui succéda, lui-même suivi de Jabir (1978-2006), fils d'Ahmad, de la branche Jabir, alors que le prince héritier Sa‘d, fils d'Abdallah, appartenait à la branche Salim. Cet arrangement unique a renforcé l'unité de la dynastie.

      Au xxe siècle, Koweït a dû se défendre contre l'expansionnisme territorial des Saoudites, notamment lors de la bataille de Jahra (1920), où les troupes koweïtiennes n'ont survécu que grâce à une intervention britannique. Le prix à payer sera lourd : deux ans plus tard, à la conférence de ‘Ouqayr, Koweït est dépossédé d'une grande partie du territoire que l'accord anglo-ottoman de 1913 lui avait reconnu, au profit de l'Arabie Saoudite. À partir de 1922, l'émirat connaît plusieurs années de difficultés économiques, suivies par une crise politique à partir de 1936 quand les familles marchandes se rebellent contre l'accaparement du pouvoir par les Sabah et la récession économique. Un conseil consultatif associant ces familles fut alors établi sans pouvoir régler le conflit. Les débuts de l'industrie pétrolière et l'indépendance de Koweït en 1961 allaient reposer ces problèmes, mais dans d'autres termes.

      L 'Irak devient en effet la menace la plus sérieuse pour le Koweït. Prétextant le rattachement de celui-ci à la wilaya ottomane de Bassorah, le gouvernement d'Abd al-Karim Qasem revendique la souveraineté sur l'émirat, dès la proclamation de son indépendance. En 1963, le Koweït ayant été soutenu par la Grande-Bretagne et la plupart des pays arabes, l'Irak finit par le reconnaître. Les problèmes n'en furent pas pour autant réglés, l'Irak, disposant d'une ouverture trop étroite sur le Golfe, maintenait ses pressions pour obtenir les deux îles de Warba et Bubyan. Cette situation a conduit à plusieurs incidents frontaliers. Le soutien apporté par l'émirat à l'Irak pendant sa guerre contre l'Iran (1980-1988) a été une manière de faire de l'Irak le débiteur de son petit voisin menacé.

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      Sitôt la guerre Irak-Iran terminée, une très grande tension marque les relations entre Bagdad et Koweït. L'Irak revendique le droit de s'installer sur les deux îles contestées, accuse le Koweït de pomper plus que sa part des gisements transfrontaliers de Roumaylah, d'augmenter sa production pétrolière au-delà du quota fixé par l'O.P.E.P. et de vouloir ainsi « étrangler » économiquement son voisin irakien sorti financièrement exsangue de huit années de guerre contre l'Iran. Au-delà de ces arguments, Bagdad cherchait en fait à faire plier Koweït sur deux dossiers cruciaux : l'annulation des dettes irakiennes envers le Koweït et une nouvelle contribution financière pour la reconstruction du pays ; l'élargissement aux dépens du Koweït de l'accès irakien à la mer, un point de fixation quasi obsessionnel chez les Irakiens.

      Guerre du Golfe : libération du Koweït - crédits : Jacques Langevin/ Sygma/ Getty Images

      Guerre du Golfe : libération du Koweït

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      Le Koweït, probablement déjà « « conseillé »« par Washington, ne cède ni sur l'un ni sur l'autre de ces deux dossiers. Le 2 août 1990, les troupes irakiennes envahissent donc l'émirat ; l'émir et l'ensemble de la famille royale fuient le pays et les Irakiens installent un « gouvernement provisoire » à leur solde. Six jours plus tard, Bagdad annexe le Koweït. Mais l'agression irakienne suscite une vive opposition de la part de plusieurs gouvernements, notamment en Occident. Le Conseil de sécurité de l'O.N.U. appelle donc au retrait inconditionnel des troupes irakiennes et au rétablissement des autorités légitimes du pays . Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et vingt-sept autres pays commencent à envoyer des troupes vers l'Arabie Saoudite voisine. Le 16 janvier 1991, cette coalition, forte de près de 780 000 hommes, d'une autorisation du Conseil de sécurité et d'un financement multinational, ouvre les hostilités contre l'occupant irakien, en l'attaquant au Koweït autant que sur son propre territoire. Le 27 février suivant (soit quatre jours après le lancement par la coalition de son attaque terrestre), les troupes irakiennes ayant été repoussées vers le nord, le Koweït est libéré. Le 14 mars suivant, l'émir du Koweït rentrait dans son pays.

      Le Koweït n'en continue pas moins à subir les instabilités régionales. La survie du régime de Saddam Hussein, pendant les années 1990, malgré les fortes pressions américaines, et les tensions récurrentes entre l'Iran et les États-Unis placent le petit émirat à l'épicentre d'une région du Golfe qui reste turbulente. Cette dernière ne connaît ni mise en place d'une forme de sécurité régionale, ni perspective de paix (comme au Proche-Orient avec le processus israélo-palestinien d'Oslo, l'accord de paix jordano-israélien et les négociations syro-israéliennes). L'alignement complet sur les positions diplomatiques américaines assure une sécurité minimale au Koweït au prix d'un véritable statut de protectorat. Mais les craintes demeurent, avant de s'accroître à la fin de la décennie 1990, avec l'effritement des sanctions onusiennes sur l'Irak, le Koweït étant un des derniers États arabes (avec l'Arabie Saoudite) qui soutient la politique américaine et britannique vis-à-vis de l'Irak. L'après-11 septembre 2001 place le Koweït au cœur d'incertitudes encore plus fortes, ouvertes par l'activisme régional de Washington. L'émirat est le centre névralgique du déploiement militaire américain massif à partir de l'automne de 2002 (le nord du pays est fermé et réservé aux troupes américano-britanniques).

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      Écrit par

      • : professeur des Universités en science politique
      • : directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

      Classification

      Médias

      Koweït : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Koweït : carte physique

      Koweït : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Koweït : drapeau

      Guerre du Golfe : libération du Koweït - crédits : Jacques Langevin/ Sygma/ Getty Images

      Guerre du Golfe : libération du Koweït

      Autres références

      • KOWEÏT, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • ARABIE

        • Écrit par , et
        • 7 615 mots
        L'invasion duKoweït par l'Irak en août 1990 a eu pour conséquence une collaboration étroite, diplomatique et militaire entre les États de la péninsule (à l'exception du Yémen), les États arabes du Proche-Orient (sauf la Jordanie) et les puissances occidentales. La guerre déclenchée le 17 janvier 1991...
      • ARABIE SAOUDITE

        • Écrit par , et
        • 25 172 mots
        • 10 médias
        Deux ans plus tard, une nouvelle crise secoue le Golfe avec l'invasion duKoweït par l'Irak (août 1990). Le royaume surmonte rapidement (non sans pressions américaines) sa réticence bien établie à la présence de troupes étrangères sur son territoire et devient en fait le pivot d'une très large coalition...
      • ARAFAT YASSER (1929-2004)

        • Écrit par
        • 1 398 mots
        • 1 média
        ...du conflit, dans la bande de Gaza encore occupée par les soldats israéliens, qu'il pose avec son ami Salah Khalaf (le futur Abou Iyad) les bases d'une organisation de résistance qui ne naîtra officiellement qu'en 1959 au Koweït et sera connue sous le nom de Fatah. Il travaille alors...
      • AZIZ TAREK (1936-2015)

        • Écrit par
        • 656 mots

        Homme d’État irakien, Tarek Aziz fut vice-Premier ministre (1979-2003) et ministre des Affaires étrangères (1983-1991) dans le gouvernement baasiste de Saddam Hussein.

        Né le 28 avril 1936 dans le nord de l’Irak, près de Mossoul, au sein d’une famille de confession catholique chaldéenne, Tarek...

      • Afficher les 16 références

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