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VALEUR, économie

La notion de valeur a différentes acceptions en économie, qui témoignent des difficultés à la définir ainsi que des enjeux théoriques dont elle est l'objet. La valeur d'un bien peut renvoyer à la satisfaction que retire un individu de l'usage de ce bien. Cette valeur, qualifiée alors de valeur d'usage, dépend des caractéristiques physiques du bien mais aussi des goûts de l'individu ; elle est ainsi éminemment subjective. La notion de valeur d'échange désigne au contraire une propriété objective du bien, dans la mesure où elle ne dépend pas des goûts d'un individu particulier : elle est déterminée socialement, à travers l'échange.

Un bien n'a de valeur d'échange que s'il possède une valeur d'usage ; néanmoins, ces deux valeurs ne sont pas nécessairement corrélées : un bien peut, en effet, avoir une grande valeur d'usage sans valeur d'échange (l'air que nous respirons) ; de même, il peut n'avoir que peu de valeur d'usage (l'objet est peu utile en soi) et néanmoins posséder une grande valeur d'échange (le diamant). Ce paradoxe met en lumière l'importance d'une seconde condition nécessaire à l'existence d'une valeur d'échange  : la rareté. Un bien ne possède donc de valeur d'échange que s'il est à la fois utile et rare.

La valeur-travail

La valeur est cette substance commune qui rend commensurables des biens physiquement et qualitativement hétérogènes. À la fin du xviiie siècle et au début du xixe, les économistes classiques – Adam Smith ou David Ricardo – se sont interrogés sur le double problème de sa mesure et de son fondement. Si la valeur des biens s'exprime pratiquement en prix nominaux (c'est-à-dire en unités monétaires), ces derniers ne peuvent pas véritablement mesurer la valeur d'un bien. En effet, dans la mesure où la monnaie possède elle-même une valeur fluctuante dans le temps, elle ne peut servir d'unité de mesure ; le seul étalon invariable, universel, de mesure de la valeur est alors le travail : deux biens s'échangent l'un contre l'autre parce qu'ils ont la même valeur, c'est-à-dire parce qu'ils sont produits avec la même quantité de travail. Plus précisément, chez Smith, la valeur se mesure par le travail « commandé » – travail que la possession d'un bien permet d'acheter –, chez Ricardo par le travail « incorporé » dans le processus de production, ou encore par le temps de travail socialement nécessaire à sa production chez Marx.

En ce qui concerne le fondement de la valeur, Ricardo le ramène aux coûts de production, eux-mêmes réductibles à du travail : travail direct correspondant au travail effectivement dépensé dans la production de la marchandise ; travail indirect correspondant au travail préalablement dépensé dans la fabrication des moyens de production.

Cette théorie de la valeur achoppe néanmoins sur deux difficultés : celle de la quantification du travail incorporé dans les moyens de production et celle de l'hétérogénéité du travail, travail plus ou moins productif et qualifié.

La valeur mesurée en travail correspond chez les économistes classiques au prix naturel de la marchandise, prix reflétant le véritable coût de production. Le prix naturel est alors distinct du prix de marché ou prix effectif, observable dans l'échange. Si ce prix de marché est fluctuant, soumis aux variations de l'offre et de la demande, l'un des enjeux théoriques des économistes classiques est de montrer qu'il gravite néanmoins, sous l'effet de la concurrence, autour du prix naturel : la marchandise est alors vendue exactement ce qu'elle vaut.

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Pour citer cet article

Nathalie BERTA. VALEUR, économie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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