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BERNSTEIN ELMER (1922-2004)

Il est l'auteur d'une des plus célèbres musiques de film, celle des Sept Mercenaires. Mais le compositeur et chef d'orchestre américain Elmer Bernstein est aussi – aux côtés de ses compatriotes Alex North et Bernard Herrmann – un des protagonistes du renouveau du langage musical cinématographique qui s'opère dans les années 1950 : jusqu'à cette époque, en effet, les compositeurs d'Hollywood, qui viennent pour la plupart d'Europe centrale – Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner, Franz Waxman, Dimitri Tiomkin, Miklós Rózsa... –, sont adeptes des grandes fresques symphoniques. L'importance qui est désormais conférée au rythme, à la syncope et aux accents, le dosage subtil des timbres, un emploi sophistiqué des percussions caractérisent ce nouveau monde sonore, qui intègre également le jazz.

Né à New York le 4 avril 1922, Elmer Bernstein reçoit une formation de pianiste accompli et étudie la composition avec Israel Citkowitz, Roger Sessions, Stefan Wolpe... Son incorporation dans l'Army Air Corps en 1942 va décider de son orientation ; cet événement, qui aurait pu entraver sa carrière de musicien, va se révéler bénéfique : chargé d'arranger et de composer des musiques pour les émissions de radio des forces armées américaines, il réalise que sa voie n'est pas le piano mais la composition. Remarqué par Hollywood, il commence à écrire pour le cinéma au début des années 1950. La partition qu'il compose pour The Man with the Golden Arm (L'Homme au bras d'or, 1955) d'Otto Preminger, lui apporte la notoriété. Il s'agit d'une des premières fois où le jazz est introduit au cinéma comme élément dramatique, une musique symphonique romantique étant réservée aux scènes intimistes.

Bernstein change radicalement de style pour Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille (1956). Les exigences du metteur en scène – fanfares et danses « d'époque » – sont en effet très contraignantes et la musique, entièrement soumise à l'image, ne constitue pas un élément dramatique original. Avec Men in War (Cote 465) d'Anthony Mann (1957), Bernstein renoue avec le jazz, qu'il utilise pour illustrer les moments de répit entre les combats, ce qui a fait dire à certains critiques que le jazz avait changé de caractère : d'expressionniste, la musique est devenue plus impressionniste.

L'année 1958 est pour Elmer Bernstein l'occasion d'un premier bilan. Some Came Running (Comme un torrent), de Vincente Minnelli « est l'aboutissement de ce que j'ai tenté jusqu'alors. On y entend du jazz et des éléments plus classiques comme un quatuor à cordes, du piano ». Bernstein compose en contrepoint avec les personnages, qui ont chacun leur instrument, leur thème ; la musique est spécifique à chaque situation, la partition se présente comme un véritable scénario.

Bernstein rencontre John Cassavetes ; leur enthousiasme pour le jazz les rapproche. Cassavetes a créé une série télévisée culte, Johnny Staccato (1959-1960), dont il incarne le personnage éponyme. Bernstein en supervise la musique, tout en laissant une grande part de liberté aux jazzmen invités, qui improvisent à leur gré.

Les années 1960 marquent un tournant esthétique pour le compositeur, qui va essentiellement écrire des musiques de western. Le matériau musical change : Bernstein compose désormais pour grand orchestre. La musique de western accorde la primauté à la mélodie, qui doit être simple, toujours placée au premier plan, et qui va de pair avec des rythmes francs. Plus que pour tout autre genre, la musique dramatise l'image. Parmi les westerns les plus célèbres pour lesquels il a écrit la musique figurent Les Sept Mercenaires de John Sturges (1960), Les Comancheros de Michael Curtiz (1961), Les Quatre Fils de Katie Elder d'Henry Hathaway[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. BERNSTEIN ELMER (1922-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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