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WOLPE STEFAN (1902-1972)

Compositeur et pédagogue américain d'origine allemande, Stefan Wolpe naît à Berlin le 25 août 1902. Il est l'élève de Paul Juon et de Franz Schreker à la Hochschule für Musik de Berlin, mais ses véritables maîtres sont Ferruccio Busoni, Anton von Webern (auprès duquel il étudie à Vienne en 1933) et Hermann Scherchen.

La musique ne constitue pas son seul centre d'intérêt ; l'être humain et l'artiste est influencé par Kurt Schwitters, le mouvement Dada, le Novembergruppe (« Groupe de novembre »), association d'artistes berlinois radicaux pour lesquels Wolpe organise des concerts et se produit au piano. À quoi il faut ajouter le chant grégorien, qu'il étudie lors d'un séjour à Poligny (Jura), le Bauhaus, qu'il fréquente en sa jeunesse et où il prend des cours avec Paul Klee, et la gauche allemande ouvrière (il compose des musiques de scène et des chants de lutte pour Brecht, lors de son passage en tant que directeur musical du Volkstheater de Berlin, ainsi que pour une formation de gauche appelée Truppe 31).

Devant la montée du nazisme (il est juif et communiste), Wolpe quitte l'Allemagne en 1933, entame une errance en Europe, s'arrêtant notamment à Leningrad et à Bucarest, puis gagne la Palestine, où il enseigne au conservatoire de Jérusalem tout en occupant les fonctions d'« instructeur musical » dans un kibboutz.

Il émigre aux États-Unis en 1938. Il enseigne à Philadelphie puis à New York, où il est nommé directeur de la Contemporary Music School, poste qu'il occupera de 1948 à 1952. Parmi ses élèves figurent David Tudor et Morton Feldman. À New York, il se lie avec Jackson Pollock, Willem De Kooning, Mark Rothko mais aussi avec Edgar Varèse et John Cage. Attiré par le jazz, il tente un temps de l'intégrer à ses techniques propres de composition. Il enseigne au Black Mountain College (Caroline du Nord) de 1952 à 1956 et est chargé de cours, entre 1956 et 1963, à Darmstadt, alors haut lieu de l'avant-garde musicale européenne. Les dernières années de sa vie sont assombries par la maladie de Parkinson ; il meurt à New York le 4 avril 1972.

L'œuvre de Wolpe, prolifique, comprend des pièces pour piano, de la musique de chambre pour petits ensembles parfois très atypiques ainsi que de la musique vocale et dramatique (des ballets et deux opéras de chambre). Il n'a écrit qu'une seule page symphonique. Mais l'accès à ces œuvres s'avère difficile, tant par la complexité de l'écriture qui s'y déploie que par leur diffusion quasi confidentielle (la plupart sont restées longtemps manuscrites et inédites). Parmi les plus importantes citons ses Fünf Lieder von Friedrich Hölderlin, op. 1 (1924-1927, révisés en 1935), des œuvres pour piano (Stehende Musik, 1925 ; Toccata, 1941 ; Battle Piece, 1943-1947 ; Form, 1959 ; Form IV : Broken Sequences, 1969), deux opéras de chambre (Schöne Geschichten et Zeus und Elinda, 1927-1929), la sonate pour hautbois et piano (1938-1941), les études d'intervalles (Music for any instruments, 1944-1947), le quatuor pour trompette, saxophone, piano et percussions (1950-1954), la symphonie pour orchestre (1956), la cantate pour six voix et dix instruments (1963), les Chamber Pieces no 1 et no 2, pour ensemble (1964-1967), son unique quatuor à cordes (1969) et l'une de ses dernières pages, Piece, pour trompette et sept instruments (1970-1971). Autant d'œuvres qui permettent de suivre son parcours stylistique, qui subit d'abord les influences de Webern, de Schönberg, de Bartók et de Stravinski avant d'évoluer vers un langage personnel s'appuyant à la fois sur la variation (en tant que moteur du développement), sur l'asymétrie des rythmes et des phrases, le tout au service d'un contrepoint érigé en loi et d'une esthétique à visage humain et humaniste. Car si la musique[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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Pour citer cet article

Alain FÉRON. WOLPE STEFAN (1902-1972) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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