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DROGUE

Économie de la drogue

Évaluation des profits du marché des drogues

Le marché des drogues illicites génèrent des bénéfices très importants qui ont pour origine les particularités liées la fabrication et à l'acheminement des ces produits. Dans le cas de la cocaïne et de l' héroïne, les différentes étapes de la transformation de la matière première – feuilles de coca, opium – en produit fini sont une première cause de l'escalade des profits. La seconde, la plus risquée, mais la plus rentable, repose sur le franchissement d'obstacles des lieux de production aux marchés de consommation. Ils peuvent être naturels (montagnes, fleuves, jungles), politiques (frontières) ou conjoncturels (populations hostiles, conflits, péages). Par exemple, les 200 kilogrammes de feuilles de coca nécessaires à la fabrication d'un kilogramme de chlorhydrate de cocaïne sont payés 300 dollars au cultivateur ; à la sortie d'un laboratoire colombien, celui-ci vaut 1 500 dollars ; du côté mexicain de la frontière avec les États-Unis, il se négocie 4 000 dollars ; de l'autre côté de cette même frontière, il vaudra 10 000 dollars à Miami et 15 000 à New York ; s'il franchit l'Atlantique, il est vendu 25 000 dollars en Espagne ou aux Pays-Bas ; 80 000 dollars dans les pays scandinaves et 150 000 dollars en Arabie Saoudite. Sur les marchés de consommation, additionné de produits de coupe et vendu au gramme, ce même kilogramme peut rapporter jusqu'à 500 000 dollars. Dans le cas de la cocaïne et de l'héroïne, l'escalade des prix, entre celui qui est payé au producteur et celui dont s'acquitte le consommateur, représente une plus-value qui varie de 500 p. 100 à 1 500 p. 100. Dans le cas des dérivés du cannabis, les profits du producteur au consommateur ne sont multipliés que par 10, mais les trafiquants se rattrapent sur l'énorme quantité de produits vendus comme nous le verrons plus bas. Dans le cas des drogues de synthèse comme les amphétamines, pour un investissement initial relativement modeste, les bénéfices représentent environ 700 p. 100.

Selon l'Organe contre les drogues et le crime (O.D.C.), organisme spécialisé des Nations unies, les revenus mondiaux du trafic de drogue ont représenté 429 milliards de dollars en 2003. Mais ils sont très inégalement répartis en fonction de la place des acteurs dans la chaîne de production : 13 milliards de dollars pour l'ensemble des cultivateurs de cannabis, de coca et de pavot ; 94 milliards pour les trafiquants des produits en gros et 322 milliards pour les revendeurs sur le marché de détail (herbe de cannabis, 113 milliards ; cocaïne, 71 milliards ; opiacés, 65 milliards ; résine de cannabis : 29 milliards ; drogues de synthèse, 44 milliards). Le blanchiment de ces sommes est l'action qui consiste à cacher ou à déguiser l'identité des revenus obtenus illégalement afin de les faire apparaître comme provenant de sources légitimes.

Profits blanchis de la drogue

On remarque d'abord que le montant du profit des drogues tel qu'il est évalué aujourd'hui par l'United Nation Office on Drugs and Crime (U.N.O.D.C.), 429 milliards de dollars, est beaucoup moins important que les chiffres généralement avancés auparavant. Au début des années 1990, un représentant des Nations unies avait affirmé que les bénéfices tirés du trafic de stupéfiants s'élevaient à quelque 500 milliards de dollars, chiffres repris sans aucune vérification, non seulement par la presse, mais par des institutions internationales, des chercheurs, etc. Comme le volume des drogues produites dans le monde a plus que doublé depuis une quinzaine d'années, certains ont même cru pouvoir avancer le chiffre de 1 000 milliards de dollars à la fin des années 1990. Les méthodes de calcul fondées, d'une part, sur les superficies[...]

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Écrit par

  • : directeur du Groupement de recherche psychotropes, politique, société du C.N.R.S. et du Centre de recherches psychotropes, santé mentale, société, unité C.N.R.S., université de Paris-V
  • : écrivain
  • : retraité de l'Éducation nationale, expert dans le domaine de la géopolitique des drogues
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Alain EHRENBERG, Universalis, Olivier JUILLIARD et Alain LABROUSSE. DROGUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Principaux dépresseurs et leurs effets - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principaux dépresseurs et leurs effets

Opiomane en Chine, XIX<sup>e</sup> siècle - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Opiomane en Chine, XIXe siècle

Principaux stimulants et leurs effets - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principaux stimulants et leurs effets

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ... siècle, l'agriculture afghane dans son ensemble, et contribue d'ailleurs à la stigmatiser aux yeux du monde, c'est la place grandissante que la culture du pavot à opium y a prise en quelques décennies, au point d'avoir promu le pays au rang de premier producteur mondial d'opium dès 1991. Il...
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Espaces et sociétés

    • Écrit par Philippe PELLETIER
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    • 4 médias
    ...social, politique, économique et culturel de l'État central, parfois en opposition ouverte ou larvée avec celui-ci. Leur économie repose généralement sur la production et le trafic de drogue, à partir de la culture du pavot : Triangle d'or à la frontière de la Birmanie, de la Thaïlande, du Laos et maintenant...
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
    • 24 799 mots
    • 10 médias
    ...politique d'islamistes radicaux et surtout avec le trafic de drogue. L'Afghanistan est en effet devenu le premier producteur mondial d'opium. Le trafic de drogue (opium et héroïne) constitue un solide réseau économique, politique et social unifiant toute la région, d'Istanbul à Tachkent en passant...
  • BOLIVIE

    • Écrit par Virginie BABY-COLLIN, Jean-Pierre BERNARD, Universalis, Jean-Pierre LAVAUD
    • 11 790 mots
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    ...légale des yungas, destinés à la consommation traditionnelle, c'est-à-dire sous forme de mastication et de tisanes, ne représentent rien par rapport aux cultures illégales de la province du Chapare (au nord de Cochabamba). Malgré les nombreux programmes de substitution financés par l'aide internationale...
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Voir aussi