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DÉSERTS

Les familles de formes de relief

Certaines formes de relief tirent leur originalité de leur modelé ; d'autres apparaissent véritablement spécifiques du milieu, en raison de leur fréquence comme de la diversité de leurs types.

Formes structurales

Le relief des régions désertiques se signale par la netteté des formes structurales. Celle-ci résulte du simple aménagement, en milieu aride, d'un ensemble géomorphologique hérité d'époques bioclimatiquement plus favorables aux attaques de l'érosion. En fait, les systèmes morphogéniques de tels milieux, peu producteurs de débris, assurent surtout un minutieux nettoyage des affleurements de roches meubles, grâce aux ruissellements diffus et, le cas échéant, au vent. Aussi le modelé d'érosion différentielle y atteint-il une précision nulle part égalée.

L'armature structurale du relief apparaît particulièrement bien mise en valeur dans les régions sédimentaires où alternent des roches plus ou moins résistantes à l'érosion. Dans les séries aclinales, les plateaux structuraux définis par les bancs calcaires ou gréseux, cuirassés ou non par des croûtes, constituent des hamadas d'une remarquable planitude. Des buttes témoins qui proviennent de leur dissection, les gour (sing. gara), précèdent leurs rebords escarpés. La pierraille anguleuse de regs de dissociation parsème toutes ces surfaces monotones, à la suite de la fragmentation de la roche ou de son revêtement de croûte. Les patines et les vernis qui enduisent leurs éléments comme leur soubassement rocheux prouvent le caractère inactuel des actions mécaniques responsables.

Djebel Drhoumess (Sidi Bou Hellal, Sud tunisien). - crédits : Encyclopædia Universalis France

Djebel Drhoumess (Sidi Bou Hellal, Sud tunisien).

En structure monoclinale, les fronts des cuestas présentent des profils transversaux couronnés de vigoureuses corniches de calcaire ou de grès (fig. 1). Sur les talus, très tendus, les moindres différenciations lithologiques dans le matériel meuble se manifestent par des replats bien dessinés. La même vigueur des profils caractérise les formes jurassiennes dégagées dans les structures plissées. Des crêtes et des barres rigides y cernent des courbes ou des monts dérivés, minutieusement nettoyés. On signalera, en particulier, les beaux alignements de chevrons nés de la dissection des formes monoclinales par des percées cataclinales successives, les foums ou khenegs sahariens, régulièrement espacés. Dans tous les cas, des voiles d'éboulis de gravité, minces et discontinus, laissent entrevoir çà et là la roche des versants.

Dans les boucliers désertiques qui correspondent aux socles cristallins de l'Afrique, de Madagascar, de l'Australie, tout comme en certaines régions du sud-ouest des États-Unis, des formes structurales plus étranges surplombent de vastes et monotones surfaces d'aplanissement. Ces reliefs, différents suivant leurs aspects et leurs dimensions, méritent bien leur nom d' inselberg, ou inselgebirge ; ils se présentent comme des îles ou îlots, isolés ou groupés en archipels dominant abruptement des horizons uniformes et démesurés.

Pour désigner de simples pitons peu élevés, les Anglais ont adopté le mot celtique de tor ; les Américains appellent knob et nubbin les bosses et chicots rocheux ; quand il s'agit d'importants amoncellements ruiniformes, on emploie volontiers le terme de castle-kopje, emprunté aux auteurs sud-africains. Enfin, le nom de dos de baleine (whale back) s'applique aux affleurements granitiques convexes et surbaissés qui émergent à peine au-dessus des plaines dénudées.

Dans tous les cas, le caractère structural de ces reliefs se manifeste d'abord par leur stricte correspondance avec des roches cristallines différentes de celles de leur environnement immédiat, par leur nature, leur texture ou leur structure. On constate la coïncidence de leurs versants avec les surfaces courbes des diaclases qui débitent les coupoles granitiques, comme avec les plans de fissuration[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
  • : Muséum national d'histoire naturelle
  • : docteur vétérinaire, docteur ès sciences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE, François DURAND-DASTÈS, Huguette GENEST et Francis PETTER. DÉSERTS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Indice de Köppen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Indice de Köppen

Régions arides dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régions arides dans le monde

Paysage de désert - crédits : Orin/ Shutterstock

Paysage de désert

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    ...dunes, formes d'accumulation éolienne très répandues sur les continents. Leur épanouissement le long des côtes basses et, surtout, dans les déserts tient aux conditions particulièrement favorables offertes à leur activité. On signalera, d'abord, l'importance des volumes de sable disponibles...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lesdéserts africains évoquent des espaces vides, minéraux, inhabités mais en réalité l'absence d'occupation humaine n'est ni totale ni spécifique des milieux arides. Sauf dans quelques secteurs hyperarides (désert de Libye, Tanezrouft), la végétation n'est pas totalement absente,...
  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Benoît DUPIN, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Philippe-Joseph SALAZAR, Jean SÉVRY, Ernst VAN HEERDEN
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    ...m), le moyen Veld (entre 600 et 1 200 m) et le bas Veld (inférieur à 600 m). Ces plateaux, de plus en plus secs et de moins en moins élevés vers l'ouest, s'abaissent jusqu'au bassin désertique du Kalahari et le sud du désert du Namib, via les vastes étendues du Grand Karoo. Partout la couverture...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...sud-atlasique, daté du Villafranchien, fracture cet ensemble dans sa partie sud et marque la limite méridionale du domaine atlasique. Au-delà commence l'immensité du désert, composé d'unités généralement peu élevées mais très diversifiées : Hammada du Guir, piedmonts encroûtés interrompus au centre par le plateau...
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Voir aussi