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DÉSERTS

Les systèmes morphogéniques

Sur le plan de la géodynamique externe, le domaine aride se caractérise par des systèmes morphogéniques originaux.

Actions météoriques

Les actions météoriques montrent la prépondérance des processus mécaniques sur les processus physico-chimiques et biochimiques. Cette prépondérance se traduit par la texture grossière des formations superficielles les plus répandues, éboulis, regs, qui constituent une véritable « livrée du désert ».

L'importance relative de l'activité des processus mécaniques tient au caractère très contrasté des manifestations météoriques. L'ampleur des variations thermiques, annuelles et surtout diurnes, s'exerçant sur des affleurements rocheux en général dénudés, provoque sans doute une thermoclastie responsable d'une exfoliation en grandes lames. Dans les milieux arides à gel hivernal en présence d'eau (pluies, rosées ou condensations occultes), la cryoclastie est en tout cas indéniable et plus efficace dans le débitage des roches. Mais l'intervention de l'eau se manifeste aussi en fonction de l'alternance rapide d'humectations et de dessiccations. Dans ces conditions, les minéraux très sensibles à l'hydratation, tels les micas, les feldspaths et surtout les minéraux argileux, subissent des variations de volume à l'origine de dislocations et de désagrégations granulaires. Pour certains auteurs, l'intervention des sels, souvent abondants dans l'atmosphère des déserts côtiers et dans l'environnement des grandes dépressions fermées salées, intensifierait ces actions. Dispersés par le vent, leur pénétration en solution dans les fissures des roches provoquerait, par cristallisation, des tensions génératrices de desquamations et de désagrégations. C'est l'haloclastie (Salzsprengung des auteurs allemands).

Dans les régions d'aridité atténuée, la dissolution par l'eau n'est pas à négliger. Ainsi, les cailloux calcaires des regs présentent parfois des vermiculures dues aux rosées. Mais cette action est aussi à l'origine de migrations de sels fort importantes, génératrices d'une gamme très variée de formations superficielles et subsuperficielles résultant de leur dépôt par évaporation. Des actions de dissolution et d'exsudation limitées à une mince tranche rocheuse développent des patines ou des vernis, calcaires, siliceux ou ferro-manganiques. Des déplacements plus massifs engendrent des croûtes et des encroûtements qui sont caractéristiques des régions arides. Calcaires, gypseux, siliceux ou ferrugineux, leurs types varient aussi selon leurs structures et leurs modes d'insertion dans le paysage. Leur genèse met donc en jeu des phénomènes divers dont les modalités, souvent mal élucidées encore, apparaissent fort complexes. Dans certains cas, la concentration de sels résulte de migrations verticales après dissolution par les eaux d'infiltration, ou de remontées depuis des nappes phréatiques (formations autochtones). Dans d'autres cas, il faut envisager des déplacements latéraux plus ou moins amples, soit en surface par les ruissellements diffus, soit intraformationnels par lessivage oblique (formations allochtones). Parfois le vent peut intervenir en assurant un saupoudrage de poussières salines prélevées en surface des dépressions fermées ou aux embruns des régions côtières.

Par contre, l'altération chimique et biochimique reste limitée par l'aridité et la pauvreté de la végétation. Ses actions sont embryonnaires et localisées le long des fissures. En fait, les phénomènes de pédogenèse, qui concernent surtout le domaine semi-aride, ne dépassent pas un stade d'évolution élémentaire caractérisé par une faible différenciation des profils des sols.

Processus morphogéniques

L'activité des processus morphogéniques s'exerce sur les produits[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
  • : Muséum national d'histoire naturelle
  • : docteur vétérinaire, docteur ès sciences, sous-directeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE, François DURAND-DASTÈS, Huguette GENEST et Francis PETTER. DÉSERTS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Indice de Köppen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Indice de Köppen

Régions arides dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régions arides dans le monde

Paysage de désert - crédits : Orin/ Shutterstock

Paysage de désert

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    ...dunes, formes d'accumulation éolienne très répandues sur les continents. Leur épanouissement le long des côtes basses et, surtout, dans les déserts tient aux conditions particulièrement favorables offertes à leur activité. On signalera, d'abord, l'importance des volumes de sable disponibles...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
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    Lesdéserts africains évoquent des espaces vides, minéraux, inhabités mais en réalité l'absence d'occupation humaine n'est ni totale ni spécifique des milieux arides. Sauf dans quelques secteurs hyperarides (désert de Libye, Tanezrouft), la végétation n'est pas totalement absente,...
  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Benoît DUPIN, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Philippe-Joseph SALAZAR, Jean SÉVRY, Ernst VAN HEERDEN
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    ...m), le moyen Veld (entre 600 et 1 200 m) et le bas Veld (inférieur à 600 m). Ces plateaux, de plus en plus secs et de moins en moins élevés vers l'ouest, s'abaissent jusqu'au bassin désertique du Kalahari et le sud du désert du Namib, via les vastes étendues du Grand Karoo. Partout la couverture...
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    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
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    ...sud-atlasique, daté du Villafranchien, fracture cet ensemble dans sa partie sud et marque la limite méridionale du domaine atlasique. Au-delà commence l'immensité du désert, composé d'unités généralement peu élevées mais très diversifiées : Hammada du Guir, piedmonts encroûtés interrompus au centre par le plateau...
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Voir aussi