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DÉPRESSION ÉCONOMIQUE

La dépression peut être définie comme un état de l'activité économique – ou des grandeurs qui en sont les indicateurs, généralement sous forme de nombres-indices – inférieur à un niveau de référence. Le critère le plus souvent retenu est celui de plein-emploi des ressources disponibles ou du potentiel de production dans la période considérée, en particulier du plein-emploi de la main-d'œuvre. Ce niveau de référence est le taux d'emploi maximal pouvant être atteint et maintenu sans entraîner des pressions inflationnistes : ce taux est proche d'un taux d'emploi de 100 p. 100. Le phénomène du chômage résiduel découlant des phénomènes de friction sur le marché du travail fait qu'il n'atteint pas nécessairement ce taux.

La dépression est un phénomène réel (apprécié par référence à des indices en volume – tels que la production intérieure brute ou bien la production industrielle – réévalués à prix constants) distinct d'un phénomène monétaire : la déflation (appréciée par référence à des indices tels que le niveau général des prix, la masse monétaire). Néanmoins, dépression et déflation sont souvent des phénomènes concomitants.

L'analyse de la dépression en tant qu'état des grandeurs économiques relève d'une méthode dite de statique comparative. Cependant, cette analyse doit être prolongée par une théorie dynamique où la dépression est étudiée en tant que mouvement des grandeurs économiques, comme une phase du mouvement cyclique ou comme une tendance.

Analyse de statique comparative

Position du problème

En statique comparative, on détermine à un instant donné les conditions de l'équilibre sur une courte période, pour rechercher les raisons qui font que les grandeurs économiques se fixent à un niveau inférieur à celui qui assurerait le plein-emploi, par comparaison avec les conditions de réalisation de l'équilibre correspondant à celui-ci. On ne cherche pas à expliquer l'instabilité conjoncturelle qui a conduit à la dépression. C'est au contraire l'existence d'un état stable de l'économie, inférieur au niveau de l'équilibre correspondant au plein-emploi qui est alors le problème central.

Cette position du problème, illustrée par l'ouvrage célèbre de lord Keynes, La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, correspond aux circonstances historiques de la période de l'entre-deux guerres, dominée dès les années vingt en Grande-Bretagne par une dépression persistante et, à partir du déclenchement de la grande dépression des années trente, par une situation analogue aux États-Unis et dans le reste du monde.

L'analyse keynésienne

Antérieurement à Keynes, la théorie prépondérante imputait le chômage et l'insuffisance de la production à la rigidité des salaires à la baisse (due elle-même à la pression des syndicats ouvriers), la persistance des phénomènes dépressifs étant expliquée par le maintien du taux de salaire à un niveau supérieur à celui de la productivité marginale de la main-d'œuvre.

Keynes suppose le niveau d'emploi déterminé par la production, et cette dernière par la demande effective, c'est-à-dire par la somme des dépenses de consommation et des dépenses d'investissement. Enfin, dans la détermination du revenu national et donc de la demande effective, l'investissement joue un rôle moteur, que ne saurait jouer la consommation, elle-même fonction des revenus distribués. Par contre, la consommation sous la forme de la propension à consommer, c'est-à-dire du rapport entre la variation de la consommation induite par une variation du revenu et cette variation du revenu elle-même, joue un rôle de transmission et d'amplification des variations de l'investissement sur le revenu.

Une variation de l'investissement[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Bernard DUCROS. DÉPRESSION ÉCONOMIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRANDE DÉPRESSION

    • Écrit par Marie-France BAUD-BABIC
    • 328 mots

    Le 9 mai 1873, un vendredi, la Bourse de Vienne s'effondre. Ce sera ensuite au tour de New York d'enregistrer un krach financier. Pendant les trois premiers quarts du xixe siècle, l'économie européenne avait bénéficié d'un dynamisme important, le capitalisme se développant à travers...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Sur un plan économique, tous les indicateurs montrent que le retrait occidental de 2014 a créé une dépression d’une rare ampleur. Selon la Banque mondiale, la croissance économique passe de 14,4 % en 2012 à 2,5 % environ en 2019, ce qui signifie une baisse du revenu par habitant, puisque l’accroissement...
  • CRISES ÉCONOMIQUES

    • Écrit par Jean-Charles ASSELAIN, Anne DEMARTINI, Pascal GAUCHON, Patrick VERLEY
    • 21 855 mots
    • 14 médias
    ...historiens et des économistes. Aux États-Unis, c'est la catastrophe qui met fin aux illusions nées de la « prospérité » des années 1920. En Europe, la « grande dépression » des années 1930 relègue largement dans l'oubli l'appellation de « grande dépression du capitalisme » donnée jadis aux années 1873-1896. Les...
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    ...: une phase d'accélération (l'expansion), plus ou moins rapide, plus ou moins longue, qui tend à se ralentir, jusqu'à atteindre un apogée (la crise). Puis une phase de décroissance (la dépression), elle aussi plus ou moins forte, plus ou moins longue, qui finit par se ralentir, puis s'arrêter, pour...
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    Le 24 octobre 1929 est resté comme le « jeudi noir » de l'histoire du xxe siècle. Ce jour-là, treize millions d'actions furent offertes à la vente à Wall Street, la Bourse de New York ; l'offre étant bien supérieure à la demande, les cours s'effondrèrent, inaugurant une chute...

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Voir aussi