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CLAN

Exogamie et totémisme

Totem indien - crédits : Giulio Paletta/ Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Totem indien

Si les membres d'un même clan ne peuvent retracer, génération par génération, leur ascendance à l'ancêtre clanique, comment se reconnaissent-ils ? Par le nom, le blason et le totem, affirmait Marcel Mauss, en 1937. Et par totémisme, il entendait « la croyance à une descendance commune de l'homme et d'une espèce déterminée d'animaux ou de plantes ». Il ajoutait d'ailleurs que le lien du clan au totem est très général, mais non pas absolument nécessaire : « On peut trouver des clans sans totem, mais non des totems sans clan ». D'autres spécialistes, comme Ralph Linton (1936) et George Peter Murdock (1949), ont indiqué que l'identification d'un clan par un nom d'animal n'impliquait pas la croyance d'une descendance commune et, avec Robert H. Lowie (1948), ont souligné que, en outre, l'association entre un clan et un animal était fréquemment absente en Amérique, en Afrique et en Asie. Plus récemment, dans une nouvelle interprétation du totémisme, Claude Lévi-Strauss (1962) a montré que sa réalité se réduisait à une illustration particulière de certains modes de réflexion.

Totem et blason, lorsqu'ils existent, peuvent être considérés comme des signes d'identification, équivalents à des noms. Les clans ont des noms, et chaque individu connaît le nom du clan des personnes avec qui il entretient des rapports sociaux. Cette connaissance est indispensable dans la vie sociale, puisque des comportements différents sont attendus d'Ego envers ses « frères » et « sœurs » claniques et envers ceux qui ne le sont point.

L'obligation de trouver un conjoint en dehors du clan est une des règles de comportement mises particulièrement en relief par les anthropologues. Sir James Frazer consacrait, en 1910, quatre volumes à Totemism and Exogamy.On peut voir dans la prescription de l'exogamie l'interdiction de l'endogamie, et, dans celle-ci, une extension de la prohibition de l'inceste ; dans cette perspective, on comprend aisément que le mariage soit prohibé entre les descendants d'un ancêtre commun. Mais le cercle de parents exclus de la relation matrimoniale n'est pas identique dans toutes les sociétés. Il ne se confond pas toujours avec la consanguinité clanique. L'exogamie clanique n'est pas une règle universelle. En fait, il semble bien que le clan soit exogame là où il est le groupe de parenté prioritaire parce qu'organisé, efficace dans la solidarité, réel et non simplement nominal. En un mot, la place première ou secondaire d'un clan dans la vie sociale dépend des fonctions qu'il y remplit.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

Classification

Pour citer cet article

Jacques MAQUET. CLAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Totem indien - crédits : Giulio Paletta/ Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Totem indien

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE POLITIQUE

    • Écrit par Georges BALANDIER
    • 5 811 mots
    • 1 média
    Les sociétés dites segmentaires,organisées sur la base des clans, des lignages et des alliances résultant des échanges matrimoniaux, ne sont pas dépourvues de rapports de prééminence ou de subordination. Les clans et les lignages ne sont pas tous équivalents ; les premiers peuvent être différenciés,...
  • BATAK, ethnie

    • Écrit par Roger MEUNIER
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    Estimés à 6 230 000 personnes (1991), les Batak, qui vivent dans l'île de Sumatra, se divisent en plusieurs groupes : les Angkola, les Nandheling (ou Mandailing, qui sont des clans malaïcisés), les Karo, les Toba, les Timor (ou Simalungun), les Dairi et les Alas-Kluet.

    Les villages semblent...

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    Établis en Côte-d'Ivoire et appartenant au groupe des Krou, les Bété représentent, dans les années 1990, 18 p. 100 de la population ivoirienne, soit 2 millions de personnes environ. Le pays bété, qui s'étend sur la forêt et sur la savane, entre Gagnoa et Daloa, a pour capitale cette dernière...

  • BORORO, Amérique

    • Écrit par Susana MONZON
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    Indiens d'Amérique du Sud, les Bororo, qui seraient moins de 1 000, habitent le Mato Grosso et le Goiás occidental au Brésil et se rencontrent également en petit nombre au-delà de la frontière bolivienne. Les Bororo ont été avant tout chasseurs, collecteurs et pêcheurs ; mais, dans la région du rio...

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