Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CLAN

Corrélations sociales du clan

Les groupes de parenté ne jouent un rôle capital que dans certaines sociétés. Lesquelles ? Il est fort difficile de déterminer les corrélations sociales du clan. Parmi les sociétés ne disposant que de techniques d'acquisition (chasse, cueillette), certaines, comme les sociétés australiennes, ont une organisation clanique fort élaborée, tandis que d'autres, comme les sociétés d'Eskimo, n'ont pas de clans. Une société lettrée, à civilisation complexe, à artisanat et commerce développés, à population considérable, la Chine traditionnelle, a connu des institutions claniques qui, sans remplir toutes les fonctions que nous avons énumérées, étaient cependant des groupes fort actifs possédant un domaine foncier et un sanctuaire pour le culte des ancêtres.

Il est certain que le clan ne peut épanouir toutes ses potentialités de solidarité interne et d'intégration sociale là où d'autres institutions plus fortes que lui entendent les exercer. La juridiction du patriarche s'efface devant le tribunal du roi, qui dispose des moyens de coercition. Il en va de même du contrôle des droits sur le sol et de la réglementation des unions matrimoniales.

Linton estime qu'une forte organisation clanique est liée à une culture statique et à une résidence stable. Ces deux conditions se réalisent dans les sociétés agraires : les changements culturels y sont lents et la mobilité locale est très réduite ; on naît, vit et meurt dans le même village, parmi les mêmes voisins. La participation étroite à la vie d'un groupe dans lequel on est situé définitivement par la naissance apporte la sécurité, qui est la valeur essentielle pour l'individu dans ce type de société. Il en va autrement dans les sociétés en changement rapide (technique, politique). Là, l'individu ambitieux peut avancer plus rapidement seul qu'en tant que membre d'un groupe de parenté. Cela suppose aussi qu'une sécurité suffisante est assurée indépendamment du clan. L'efficacité des larges groupes consanguins dans les sociétés classiques de Grèce et de Rome s'est vite réduite au moment où le pouvoir politique a étendu son emprise sur de vastes territoires et où un rapide enrichissement en biens et en idées s'est produit.

— Jacques MAQUET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

Classification

Pour citer cet article

Jacques MAQUET. CLAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Totem indien - crédits : Giulio Paletta/ Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Totem indien

Autres références

  • ANTHROPOLOGIE POLITIQUE

    • Écrit par Georges BALANDIER
    • 5 811 mots
    • 1 média
    Les sociétés dites segmentaires,organisées sur la base des clans, des lignages et des alliances résultant des échanges matrimoniaux, ne sont pas dépourvues de rapports de prééminence ou de subordination. Les clans et les lignages ne sont pas tous équivalents ; les premiers peuvent être différenciés,...
  • BATAK, ethnie

    • Écrit par Roger MEUNIER
    • 336 mots

    Estimés à 6 230 000 personnes (1991), les Batak, qui vivent dans l'île de Sumatra, se divisent en plusieurs groupes : les Angkola, les Nandheling (ou Mandailing, qui sont des clans malaïcisés), les Karo, les Toba, les Timor (ou Simalungun), les Dairi et les Alas-Kluet.

    Les villages semblent...

  • BÉTÉ

    • Écrit par Alain MOREL
    • 974 mots

    Établis en Côte-d'Ivoire et appartenant au groupe des Krou, les Bété représentent, dans les années 1990, 18 p. 100 de la population ivoirienne, soit 2 millions de personnes environ. Le pays bété, qui s'étend sur la forêt et sur la savane, entre Gagnoa et Daloa, a pour capitale cette dernière...

  • BORORO, Amérique

    • Écrit par Susana MONZON
    • 362 mots

    Indiens d'Amérique du Sud, les Bororo, qui seraient moins de 1 000, habitent le Mato Grosso et le Goiás occidental au Brésil et se rencontrent également en petit nombre au-delà de la frontière bolivienne. Les Bororo ont été avant tout chasseurs, collecteurs et pêcheurs ; mais, dans la région du rio...

  • Afficher les 22 références

Voir aussi