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BÉTÉ

Établis en Côte-d'Ivoire et appartenant au groupe des Krou, les Bété représentent, dans les années 1990, 18 p. 100 de la population ivoirienne, soit 2 millions de personnes environ. Le pays bété, qui s'étend sur la forêt et sur la savane, entre Gagnoa et Daloa, a pour capitale cette dernière ville, distante de 400 kilomètres d'Abidjan.

Autrefois situés à proximité des cours d'eau, les villages se construisent aujourd'hui aux abords des pistes carrossables ; les habitations, rectangulaires, sont en terre battue. Société patrilinéaire et d'habitat patrilocal, les Bété sont polygames en droit, mais, dans les forêts, la monogamie est très largement répandue. L'organisation sociale est complexe ; elle comprend, en partant de l'unité la plus large :

le digpi, ou clan ; les membres d'un même digpi ont en commun un nom, le plus souvent celui de l'ancêtre dont ils sont censés descendre, et occupent un même territoire ;

le grebo, ou lignage ; il exclut les filles mariées, qui résident auprès des parents du mari, et inclut les épouses de ses membres masculins ; le lignage se divise en deux ou trois segments : le kosu, ou « casei », représente la cellule de base et correspond à la famille patriarcale à l'intérieur de laquelle on ne se marie pas ; les membres d'une même case vivent du produit des mêmes terres, cultivées par les femmes, et partagent leur nourriture ; la case a pour chef un patriarche qui détient la terre commune et la distribue à ses cadets en fonction de leurs besoins ; ses fils et neveux travaillent pour son compte et, en échange, le patriarche doit, en principe, financer leur premier mariage ;

le zou, enfin, qui est l'unité minimale, la plus petite cellule reconnue dans les faits sinon en droit et qui regroupe l'épouse et ses enfants en bas âge qui peuvent occuper une maison isolée où le mari et père leur rend visite ; le zou peut aussi correspondre au ménage monogame.

Les Bété pratiquent l'échange généralisé, allant chercher leur femme « le plus loin possible ». Le problème posé par le mariage est celui de l'argent : traditionnellement le mariage était à peu près la seule occasion de dépenses, rendant ainsi l'union d'une fille nécessaire et préalable au mariage d'un fils. Deux circuits d'échange apparaissent : le premier est constitué par l'échange des filles, le second par celui des dots (défenses d'éléphants, bandes de coton, morceaux de fer allongés servant à la fabrication des armes et des outils). Ainsi existe pour chaque fille un lien étroit qui l'unit à ses frères ; par son mariage et son exil, elle leur permet d'acquérir une épouse. Très consciente de cela, la fille fait de son frère son obligé : les meilleurs moments pour une femme mariée sont, sans conteste, les retours au village paternel, chez un frère dont elle gouvernera le ménage en despote ; la sœur en visite chez son cadet ne travaille pas, donne ses ordres à l'épouse (« notre épouse ») qui prépare seule la nourriture et doit obéissance à sa redoutable alliée.

En droit, l'interdiction du mariage est limitée, pour un homme, aux filles qui ont même ancêtre que lui, c'est-à-dire qui sont membres du même kosu ; pour une femme, aux descendants de cet ancêtre unique ; les relations sexuelles sont interdites avec la fille de l'oncle utérin. En fait, cette exogamie en ligne paternelle n'est pas l'unique interdit : toute alliance avec les cousines croisées et parallèles est prohibée, donc avec toutes les filles appartenant au kosu de l'un des quatre grands-parents. Par ailleurs, un homme n'épouse jamais la veuve du frère de sa femme. Les filles sont très tôt « retenues » en vue du mariage, vers trois ou quatre ans, parfois à la naissance ; un versement d'acompte est alors effectué. Actuellement, pour pallier les difficultés[...]

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