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PEIRCE CHARLES SANDERS (1839-1914)

Le savant et le logicien

Photometric Researches, l'ouvrage d'astronomie que Peirce publia en 1878, est toujours utilisé par les spécialistes. Ses travaux au Service géodésique furent considérés comme suffisamment importants pour que Peirce pût entrer à l'American Academy of Arts and Sciences à l'âge de vingt-huit ans et, dix ans plus tard, à la National Academy of Sciences.

Le point de départ de toute la réflexion de Peirce, dans le domaine de la logique, est l'algèbre de Boole sur qui il attira l'attention du public américain en 1867. Les modifications qu'il apporta à ce système et, en particulier, l'introduction de la somme logique et la substitution de l'inclusion à l'identité furent reprises par Schröder dans ses Vorlesungen über die Algebra der Logik (1890-1905). S'il est vrai que Frege avait proposé en 1879 la première version du calcul propositionnel moderne, Peirce, qui ne connaissait pas les travaux de Frege, ouvrit entre 1880 et 1885 une autre voie à la logique des propositions. Dans un important article de 1885 intitulé On the Algebra of Logic, non seulement Peirce apparaît comme l'initiateur en logique moderne de la méthode des tables de vérité qu'il emprunte aux stoïciens, mais il fait de l'implication philonienne « le mode de relation fondamental et premier entre deux propositions ».

Il avait quelques années auparavant développé, à partir de l'algèbre de Boole, une logique propositionnelle où les variables tenaient lieu de propositions et où il faisait usage de ce qui deviendra le « rejet » ou la « bi- négation de Sheffer : « ni – ni – ». Sa logique des graphes existentiels, dont il disait qu'elle était son « chef-d'œuvre », ne connaît également que l'opération d'exclusion. Les apports de Peirce à la logique des quantificateurs et à la logique des relations ne sont pas non plus négligeables. Il n'est pas jusqu'à la logique trivalente (où aux deux valeurs du vrai et du faux est ajoutée une troisième valeur de vérité : la possibilité ou la contingence) qu'on ne puisse faire remonter jusqu'à lui. Alors qu'on pensait devoir la dater des écrits de Lukasiewicz (1920) et de Post (1921), des textes de Peirce de 1909 qui ont été récemment découverts livrent une « logique triadique » élaborée et « universellement vraie ».

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Écrit par

  • : professeur émérite de philosophie à l'université de Perpignan, secrétaire général de l'Association internationale de sémiotique

Classification

Pour citer cet article

Gérard DELEDALLE. PEIRCE CHARLES SANDERS (1839-1914) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ŒUVRES PHILOSOPHIQUES, Charles Sanders Peirce - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI
    • 1 017 mots

    Charles Sanders Peirce (1839-1914), fondateur du pragmatisme, est au nombre des esprits les plus originaux et inventifs des deux derniers siècles. Son œuvre, qui a donné naissance à un large courant d'idées dans le contexte américain, reste aujourd'hui présente dans la discussion philosophique contemporaine...

  • ACOUSMATIQUE MUSIQUE

    • Écrit par François BAYLE
    • 7 820 mots
    • 4 médias
    Une première approche pour le repérage acousmatique peut s'inspirer des catégories propres aux signes dues au sémiologue américain Charles Sanders Peirce (1839-1914)[Écrits sur le signe, 1978] ; celui-ci définit :
  • CATÉGORIES

    • Écrit par Fernando GIL
    • 6 071 mots
    La sous-détermination des catégories fait que leur fonction est, au premier chef, heuristique. Cela est manifeste dans l'œuvre de C. S. Peirce, où les catégories se révèlent être, selon les mots de Peirce lui-même, « des idées si vastes qu'elles doivent être entendues comme des états (...
  • DEWEY JOHN (1859-1952)

    • Écrit par Jean-Pierre COMETTI
    • 1 901 mots
    ...préalable de la connaissance ; elle est un résultat, et le faillibilisme est une dimension majeure des moyens que nous mettons en œuvre pour y parvenir. C'est à Peirce que Dewey doit initalement sa conception de l'« enquête » (inquiry), concept central qui fixe les contours majeurs de sa...
  • EMPIRISME

    • Écrit par Edmond ORTIGUES
    • 13 324 mots
    • 1 média
    La tendance à confondre la vérité avec une perfection finale se retrouve dans le pragmatisme. Selon Quine, « Peirce a essayé de définir entièrement la vérité en terme de méthode scientifique. La vérité serait pour lui la théorie idéale de laquelle on s'approche comme d'une limite lorsque...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi