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ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Aménagement des sites

La notion de musée de site archéologique suit de peu les réflexions sur le patrimoine monumental, qui aboutissent à la charte de Venise adoptée en mai 1964 pour défendre l'intégrité de tout vestige mobilier ou immobilier conservé in situ.

Les premières définitions du musée de site archéologique ont été élaborées en 1978 au sein de l'Icom, Conseil international des musées, O.N.G. proche de l'U.N.E.S.C.O. La définition classique de ce type particulier de musée a été rappelée en 1987, par Guy Barruol et C. Poinssot à partir d'exemples pris en France, mais cette définition s'applique aux autres pays également.

Le musée de site archéologique rassemble un site archéologique, les collections documentaires, ainsi que les objets archéologiques qui en proviennent et qui sont présentés dans le cadre d'un musée aménagé sur le site même ou à proximité immédiate. Cette définition stricte est illustrée par le musée des Docks romains de Marseille édifié autour des dolia (grand récipient réservé au stockage) d'un entrepôt romain ou le musée de Solutré, au pied du célèbre rocher préhistorique.

Par ailleurs, les cryptes archéologiques présentent des objectifs et contraintes voisines – à savoir comment concilier la sauvegarde nécessaire du patrimoine et l'accès à ces sites de la part d'un public toujours plus nombreux ?

Les musées de site archéologique

Le succès rapide des musées de site archéologique repose sur l'idée que tout objet du passé possède un contexte environnemental précis aussi important que sa propre matérialité, et qu'ils ne doivent pas être dissociés. Cette conception équivaut pour l'archéologie à la vision de l'écomusée définie par Georges-Henri Rivière pour les musées d'ethnographie. En France, l'archéologie d'une part (loi sur l'archéologie préventive en 2001) et les musées d'autre part (loi sur les musées du 4 janvier 2002) ont évolué dans la prise en compte de la sauvegarde des « lieux de mémoire » (Pierre Nora, 1984).

Versailles, Chapelle royale - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Versailles, Chapelle royale

Quand les Monuments historiques ont restauré la cathédrale de Strasbourg dans les années 1990, ils ont déposé des sculptures dans le musée de l'Œuvre, aménagé près de l'édifice, qui est devenu à la suite des réfections une forme de musée de site archéologique. À Paris, les fouilles du Louvre, à partir de 1983, dégagèrent, sous la cour Carrée du Louvre, le donjon de Philippe Auguste, qui, muséographié, rappelle au visiteur la fonction royale du palais : cet espace consacré à l'histoire des lieux peut être considéré comme une variété de musées de site archéologique. Le château de Versailles n'est pas non plus totalement étranger à cette notion dans la mesure où l'on recherche les anciens meubles, qui retrouvent leur emplacement d'origine ; la chapelle et le théâtre retrouvent leur premier décor ; dans la mesure également où le parc, ses arbres, ses bassins, ses sculptures, ses pavillons, voire les fêtes qui s'y déroulaient font l'objet d'une recherche continuelle qui tente de restituer la vie de la Cour et son environnement. Ces trois exemples sont en réalité mixtes, la cathédrale de Strasbourg est avant tout un lieu de culte, le musée du Louvre un musée de synthèse de l'histoire de l'art et de l'archéologie et le château de Versailles un musée d'histoire.

Le musée archéologique de Metz, qui montre dans ses substructions des ruines romaines toujours en place, des bâtiments médiévaux, en particulier une magnifique halle en pierre, a pu compléter sa rétrospective de l'architecture messine, en déplaçant lors de la rénovation destructrice du centre-ville, il y a une vingtaine d'années, des façades typiques pour constituer un musée architectural unique, cadre d'une riche collection locale d'objets sacrés et profanes.[...]

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Écrit par

  • : conservateur général du patrimoine, directeur de la rénovation du musée de l'Homme
  • : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge, à l'université de Lyon-II-Lumière

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre MOHEN et Jean-François REYNAUD. ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Aménagement des sites [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Versailles, Chapelle royale - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Versailles, Chapelle royale

Menhirs de Carnac - crédits : Index/  Bridgeman Images

Menhirs de Carnac

Vaison-la-Romaine - crédits : C. Sappa/ DeAgostini/ Getty Images

Vaison-la-Romaine

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

    • Écrit par Luc BOURGEOIS
    • 4 883 mots
    • 5 médias

    L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...

  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

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    • 3 médias

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    • 6 médias

    L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...

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    La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...

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Voir aussi