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AMÉRINDIENS Amérique du Nord

Situation actuelle

La population amérindienne est passée, États-Unis et Canada confondus, d'un peu moins de 500 000 individus en 1930 à plus de 3 000 000 en 2000. En 2001, on comptait quelque trois cents réserves indiennes aux États-Unis et environ deux mille cinq cents au Canada. Mais près de 75 p. 100 des Indiens des États-Unis et 42 p. 100 des Indiens du Canada vivent en dehors, à la recherche d'un emploi et de meilleures conditions de vie.

Persistance des discriminations

En effet, le taux de chômage dans les réserves reste en général très élevé. Les résidents de ces enclaves font figure de membres du quart monde si l'on compare leurs revenus, leur espérance de vie, leur niveau d'éducation aux moyennes nationales. Les réserves sont fréquemment touchées par des fléaux sociaux tels que l'abus d'alcool et de drogues. En ville, les Indiens peuvent avoir recours à des organisations structurées qui créent des réseaux d'entraide. En dehors des membres de l'élite indienne, qui occupent des postes à responsabilité, les travailleurs indiens ont souvent de bas salaires, à cause de leur manque de formation et de la discrimination dont ils font l'objet. Si le développement économique des réserves est devenu une priorité, il fait l'objet de débats. Des entrepreneurs, indiens et non indiens, y ont implanté des sociétés, créant des emplois et investissant des capitaux. Aux États-Unis, les secteurs d'activité sujets à discussion sont les casinos, le tourisme et l'extraction des ressources minérales. Après le vote par le Congrès de l'Indian Gaming Regulatory Act, en 1988, qui autorisa l'ouverture de casinos en territoire indien, près de deux cent quatre-vingts casinos se sont implantés dans les réserves. Ceux-ci ont sans doute sauvé des communautés défavorisées, mais la multiplication des radiations d’Indiens des registres tribaux, menées par les conseils tribaux eux-mêmes aux seules fins de les écarter du nouveau pactole, a révélé une réalité plutôt cruelle.

Le tourisme autogéré est aussi en expansion. Des Indiens y voient le moyen de contrôler leur image, d'autres redoutent l'invasion des visiteurs et l'utilisation commerciale de leurs traditions. Enfin, les terres indiennes recèlent d'importantes ressources d'énergie. Si leur exploitation peut apporter d'abondants revenus, elle engendre une dégradation de l'environnement et touche à des sites sacrés. De même, au Canada, l'essor économique, dans les domaines du tourisme et de l'exploitation forestière et minière, rencontre des protestations internes. Les Indiens ont obtenu de négocier des ententes afin de participer aux décisions concernant l'usage des ressources naturelles.

Le maître mot de l'avenir est l'autodétermination. Les Indiens coûtent cher à leurs États. Leur dépendance à l'égard des administrations et des systèmes d'assistance fédéraux constitue un frein majeur à l'exercice d'une quelconque autonomie. Aux États-Unis, le droit à l'autodétermination a été reconnu par tous les présidents depuis Johnson, et affirmé en 1975 par l'Indian Self-Determination Act. Au fil des présidences, des mesures ont été prises pour que les tribus puissent s'autogérer et se libérer de la tutelle du bureau des Affaires indiennes. Les coupures budgétaires effectuées par le gouvernement Reagan dans les programmes destinés aux Indiens ont permis aux tribus de se dégager d'une partie de l'emprise fédérale, mais elles ont aussi réduit des budgets essentiels pour les réserves. En outre, les conseils tribaux sont restés subordonnés au gouvernement. Toutefois, le pouvoir de pression acquis au fil des années a obligé les candidats de la campagne présidentielle de 2000 à affirmer dans leurs programmes des positions en faveur de la souveraineté des Indiens.[...]

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Écrit par

  • : professeur adjointe, département d'anthropologie, université de Montréal
  • : maître de conférences à l'université de Paris-VII (U.F. d'anthropologie-ethnologie)
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Marie-Pierre BOUSQUET, Universalis et Roger RENAUD. AMÉRINDIENS - Amérique du Nord [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États-Unis, XIX<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis, XIXe siècle

Reddition de Geronimo - crédits : Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Reddition de Geronimo

Leçons d'agriculture - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

Leçons d'agriculture

Autres références

  • ALLEN PAULA GUNN (1939-2008)

    • Écrit par Universalis
    • 566 mots

    Poétesse, romancière et essayiste américaine, Paula Gunn Allen mêle dans son œuvre les influences du féminisme et de ses racines amérindiennes.

    Paula Gunn Allen, née Paula Marie Francis le 24 octobre 1939 à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, est la fille d'un Américain d'origine libanaise et d'une...

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    Les populations amazoniennes sont-elles à même de sauvegarder leur milieu ? Les Amérindiens sylvicoles, largement décimés depuis la colonisation, totalisent à peine un million de personnes (estimations des années 2000) pour quelques centaines de peuples culturellement différenciés. Ces groupes, restés...
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Voir aussi