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AMÉRINDIENS Amérique du Nord

Le XXe siècle

La période libérale

La situation se débloque partiellement dans les années 1920. Les répercussions morales de la Première Guerre mondiale remettent en cause la croyance aveugle dans le progrès linéaire de la civilisation. On passe de la volonté de civiliser au désir d'aider, de faire justice. Avec l'arrivée au pouvoir de l'administration Roosevelt et la nomination à la tête du B.I.A. de John Collier une nouvelle politique va se mettre en place. John Collier était sincèrement décidé à œuvrer pour le bien des Indiens. Mais, comme la plupart des Blancs libéraux, son désir ardent lui fit oublier que les Indiens pouvaient s'aider eux-mêmes. De plus, son action se trouva rapidement paralysée par l'opposition qu'il rencontra au Congrès. Cette action tenait essentiellement dans la loi de réorganisation indienne (Indian Reorganisation Act, ou loi Wheeler-Howard) qu'il fit adopter (amendée) en 1934. Il mit fin à la loi Dawes et rétablit le statut fédéral sur les lots individuels ; des dispositions furent également prises pour racheter des terres et un système de prêt mis en place pour aider au développement des réserves. Le second point de l'I.R.A. visait à rendre un certain degré d'autonomie et de gouvernement aux groupes indiens qui adopteraient des constitutions permettant d'établir un gouvernement représentatif sous la forme de conseils tribaux. En fait l'I.R.A. ne rendait que fort peu d'autorité aux Indiens. Les constitutions mais aussi toutes les décisions des conseils tribaux doivent recevoir l'assentiment du B.I.A. pour être exécutables. Par ailleurs, l'I.R.A. rencontra l'opposition de la plupart des traditionalistes qui se manifesta à la façon indienne : ils ne participèrent pas aux élections. L'I.R.A. continue d'être une politique d'assimilation culturelle en imposant une forme de gouvernement copiée sur celle des Blancs. Non seulement le système représentatif était étranger aux Indiens mais, dans des sociétés encore largement régies par les règles de parenté, il ne pouvait que mal fonctionner et aboutir au népotisme. Dans de nombreuses réserves deux formes de « gouvernement » continuent de coexister : les structures traditionnelles, ignorées par le B.I.A., et les conseils tribaux, souvent élus par une poignée d'électeurs, mais seuls reconnus. Depuis lors, la réalité collective des nations indiennes s'est effacée aux yeux des administrateurs derrière la réalité politique des conseils tribaux manipulables ; ils sont devenus un nouveau moyen de pression sur les communautés indiennes. Les conseils tribaux, en instituant la règle majoritaire continuent, sur le plan politique, la politique de désintégration des tribus commencée sur le plan territorial par la loi Dawes. En 1970, sur 282 conseils tribaux, Alaska non compris, 179 fonctionnaient d'après une constitution et 83 sous d'autres formes.

Un nouveau durcissement

La fin de la Seconde Guerre mondiale inaugure un nouveau durcissement en parallèle avec l'évolution générale de la politique américaine. C'est l'époque de la guerre froide, du maccarthysme, qui donne lieu à des dénonciations du caractère non américain et socialiste des tribus. Il s'agit de libérer les Indiens de la tutelle du B.I.A. ; le discours aboutit à deux mesures prises en 1953 par le Congrès. Une première, la Public Law 280, prévoit l'extension aux réserves de la juridiction des États ; or les législatures locales représentant les groupes d'intérêts locaux sont beaucoup plus hostiles aux tribus, ainsi sont définitivement supprimés les restes du statut souverain des peuples indigènes. La seconde, la Résolution 108, donnait pour objectif au gouvernement de mettre un terme – Termination Policy – au statut particulier des nations indiennes en supprimant[...]

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Écrit par

  • : professeur adjointe, département d'anthropologie, université de Montréal
  • : maître de conférences à l'université de Paris-VII (U.F. d'anthropologie-ethnologie)
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Marie-Pierre BOUSQUET, Universalis et Roger RENAUD. AMÉRINDIENS - Amérique du Nord [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États-Unis, XIX<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis, XIXe siècle

Reddition de Geronimo - crédits : Education Images/ Universal Images Group/ Getty Images

Reddition de Geronimo

Leçons d'agriculture - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Getty Images

Leçons d'agriculture

Autres références

  • ALLEN PAULA GUNN (1939-2008)

    • Écrit par Universalis
    • 566 mots

    Poétesse, romancière et essayiste américaine, Paula Gunn Allen mêle dans son œuvre les influences du féminisme et de ses racines amérindiennes.

    Paula Gunn Allen, née Paula Marie Francis le 24 octobre 1939 à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, est la fille d'un Américain d'origine libanaise et d'une...

  • AMAZONIE

    • Écrit par Martine DROULERS
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    Les populations amazoniennes sont-elles à même de sauvegarder leur milieu ? Les Amérindiens sylvicoles, largement décimés depuis la colonisation, totalisent à peine un million de personnes (estimations des années 2000) pour quelques centaines de peuples culturellement différenciés. Ces groupes, restés...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

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    ...maintes hésitations, reconnaître le statut d'homme (bulle du pape Paul III en 1537), se fondent donc sur la Bible et les textes des auteurs grecs et latins. C'est ainsi que les « Indiens » d'Amérique sont tour à tour considérés comme descendants des Assyriens, des Phéniciens, des Égyptiens, des Hébreux, des...
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Voir aussi