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AFRIQUE ROMAINE

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Économie. Société. Civilisation

Si le ive siècle, secoué par des insurrections et par une crise sociale et religieuse permanente (le donatisme), marque une nette régression de la vie économique (selon le Code Théodosien, XI, xxviii, 13, vers 422, en Proconsulaire et en Byzacène, la moitié ou le tiers des terres sont exemptes d'impôts parce qu'elles sont abandonnées), tout autre est l'impression que laissent les trois premiers siècles après J.-C.

On assiste alors à un développement de la vie économique, à une extension de l'urbanisation qui montrent la participation de l'Afrique à la prospérité générale dans la pax romana. Le témoignage conjugué des textes et de l'archéologie prouve qu'il y eut, de la part du gouvernement impérial, une intervention systématique pour favoriser ce développement, tout au moins sur certaines catégories de terres.

L'agriculture

Sous la domination carthaginoise, l'Afrique était déjà célèbre pour la fertilité de ses terres et le soin avec lequel étaient gérées les grandes propriétés du cap Bon, ou du Sahel tunisien. De Caïus Gracchus à Tibère, les Romains prirent soin de cadastrer et de distribuer la plus grande partie de la province d'Afrique, en quatre opérations successives, dont les traces sur le terrain se voient encore clairement. Dès la fin de la République, l'Afrique est une terre à blé, et déjà « le grenier de Rome ». Au milieu du ier siècle après J.-C., elle fournit à elle seule un tiers de l'annone (la consommation de Rome distribuée par l'État), soit à peu près 20 millions de modii (1 780 000 quintaux). On voit l'importance que représente la mainmise politique sur cette terre. Cette grande culture du blé fut favorisée au ier siècle par le protectionnisme qui se manifeste en Italie à l'égard des cultures arbustives (vigne et oliviers), et par la conquête progressive des terres de Numidie. Les terres cadastrées (où se développaient plutôt des exploitations moyennes) avaient été soit rendues aux indigènes, qui devaient simplement payer l'impôt, soit distribuées à des colons sous Marius, César et Auguste.

Mais l'Afrique constitua également, dès les débuts, la terre de prédilection des grands domaines, dont l'origine était double : d'une part, des latifundia taillés sur le domaine public en faveur de riches sénateurs ou de chevaliers ; de l'autre, les domaines royaux des princes numides, particulièrement importants dans la région de Teboursouk (Dougga). Ce phénomène de concentration de la propriété s'était accentué au ier siècle : au temps de Néron, six propriétaires possédaient, disait-on, la moitié du sol provincial. Vers l'époque de Vespasien, l'empereur chargea sans doute un de ses parents, Curtilius Mancia, de prendre des dispositions légales concernant la mise en culture des domaines africains, l'installation de colons, le système des redevances : cette lex manciana sera encore appliquée jusqu'à l'époque vandale ! Sous Hadrien, un autre règlement (la lex hadriana de rudibus agris) vint autoriser l'installation de colons sur les terres incultes, donnant ainsi une nouvelle impulsion à la mise en culture et au défrichement : tous ces textes sont connus par une magnifique série d'inscriptions trouvées dans la région de Dougga (Aïn-el-Djemala, Aïn-Ouassel, Henchir-Metich).

Ainsi, l'État intervenait soigneusement dans les rapports entre propriétaires et locataires, pour protéger le colon qui, sous le Haut-Empire, n'est pas encore réduit à la condition demi-servile que lui vaudra, à la fin du iiie et au ive siècle, l'attache à la glèbe. Cette intervention fut surtout sensible en ce qui concerne les cultures arbustives : à partir du iie siècle après J.-C., l'Afrique cesse d'être essentiellement une terre à blé,[...]

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Pour citer cet article

Noureddine HARRAZI et Claude NICOLET. AFRIQUE ROMAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Buste de Juba II - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Buste de Juba II

Volubilis - crédits : Peter Timmermans/ Photodisc/ Getty Images

Volubilis

Afrique romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afrique romaine

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...purent compter sur des princes étroitement soumis et épris de la civilisation gréco-romaine. Toutefois les insurrections tribales continuaient, et les Romains, renonçant à la fiction du protectorat, annexèrent la Maurétanie en 40 après J.-C. Ils la divisèrent en deux provinces impériales : la Maurétanie...
  • ANNONE

    • Écrit par
    • 855 mots

    À l'origine, le mot « annone » désignait l'approvisionnement de Rome, qui fut conçu sous la forme d'un impôt en nature versé par les provinciaux ; par la suite, il reçut un second sens et s'appliqua au service administratif chargé de collecter ce prélèvement et de le redistribuer à ses bénéficiaires....

  • AUGUSTIN saint (354-430)

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    • 2 médias

    Aurelius Augustinus est né le 13 novembre 354, à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras en Algérie) ; il est mort le 28 août 430 dans sa ville épiscopale d'Hippone, assiégée par les Vandales (aujourd'hui Annaba). C'est un Romain d' Afrique, qui a vécu, dans une constante fidélité à la civilisation...

  • BULLA REGIA

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    Bulla Regia est un site archéologique important du nord-ouest de la Tunisie, à proximité de la ville actuelle de Jendouba, en lisière de la grande plaine traversée par la Medjerda : les ruines sont repérées sur une cinquantaine d'hectares entre les nécropoles à l'est et à l'ouest, la plaine au...

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