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AFRIQUE ROMAINE

Archéologie et art

L'archéologie de l'Afrique romaine : nouvelles orientations

Heureusement, les progrès méthodologiques et techniques ont mis à notre disposition des instruments qui permettent de conquérir des champs de connaissance nouveaux.

Par la photographie aérienne nous pouvons suivre les phases d'exploitation et, littéralement, de prise en main du pays conquis. La prise en main fut affirmée par les opérations d'arpentage, réalisées par les agrimensores, auxquelles furent soumises différentes portions de ce territoire. On distingue trois systèmes principaux couvrant la plus grande partie de la Tunisie actuelle où se situent les exemples les mieux connus. Du nord au sud le pays fut couvert d'un réseau dont les mailles avaient 700 mètres de côté environ. Les orientations respectives de chacun de ces trois systèmes permettent de les distinguer en centuriation nord, centre-est et sud-est. Ces opérations d'arpentage furent progressivement matérialisées sur le sol par l'infrastructure nécessaire à la mise en valeur : chemins, digues, canaux, dont les vestiges ont été retrouvés. La centuriation nord, par exemple, s'étend sur une superficie de 150 kilomètres de long sur 280 kilomètres de large. Il faut souligner la prouesse technique que représente la précision obtenue par les arpenteurs romains sur des étendues énormes au moyen d'instruments vraiment rudimentaires et malgré les obstacles naturels : relief difficile et marécages par exemple ; il faut souligner aussi la longévité de ces travaux puisqu'on en retrouve des mentions chez certains auteurs musulmans.

Des traces d'opérations analogues ont été repérées dans l'Est algérien.

L'étude de ces réseaux est révélatrice des modes d'occupation du territoire et des éléments nécessaires à cette occupation. Aussi peut-on affirmer que la route Carthage-Sicca Veneria (aujourd'hui le Kef) a été construite pendant les opérations d'arpentage. Ainsi l'absence ou la présence de centuriation, selon les régions ou l'altitude, la façon dont les parcelles et leurs formes se sont conservées, sont-elles significatives d'un statut juridique particulier, de limites climatiques, de types de cultures intensives ou extensives. La photographie aérienne est très précieuse pour faire ces repérages. Mais la couverture aérienne de l'ensemble de l'Afrique du Nord n'a pas encore été publiée ; en outre sans la reconnaissance au sol des vestiges, archéologues et historiens sont dans l'obligation de s'en tenir aux conjectures.

D'ailleurs les problèmes de géographie historique commencent à peine à être entrevus. Pourtant, la connaissance des types d'agglomérations et d'habitats ruraux, la délimitation des aires d'influence ou d'emprise de la ville sur le territoire, l'esquisse des variations et des changements qui les ont affectés dans le temps et les différences qu'on pourrait relever d'une région à l'autre sont d'un intérêt capital, comme l'a montré une thèse sur Cherchell, l'ancienne Iol-Caesarea en Algérie. Notre familiarité avec le monde des campagnes est encore à venir. Quelques fermes ont été fouillées ou reconnues, mais aucune n'a vraiment été publiée. Ces fermes, par l'étendue des terrains qui en dépendaient, par l'importance de leurs bâtiments et des commodités qu'elles offraient, confirment ce que laissaient entrevoir les textes anciens quand ils évoquaient la prospérité de l' agriculture africaine et son importance pour le ravitaillement de Rome.

Agriculture prospère et urbanisation active

D'autres indices vont dans le même sens. La photographie aérienne a permis d'apprécier l'importance de l'oléiculture, importance que la dispersion et la fréquence des pressoirs retrouvés par les archéologues n'ont[...]

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Pour citer cet article

Noureddine HARRAZI et Claude NICOLET. AFRIQUE ROMAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Buste de Juba II - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Buste de Juba II

Volubilis - crédits : Peter Timmermans/ Photodisc/ Getty Images

Volubilis

Afrique romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afrique romaine

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...purent compter sur des princes étroitement soumis et épris de la civilisation gréco-romaine. Toutefois les insurrections tribales continuaient, et les Romains, renonçant à la fiction du protectorat, annexèrent la Maurétanie en 40 après J.-C. Ils la divisèrent en deux provinces impériales : la Maurétanie...
  • ANNONE

    • Écrit par Yann LE BOHEC
    • 855 mots

    À l'origine, le mot « annone » désignait l'approvisionnement de Rome, qui fut conçu sous la forme d'un impôt en nature versé par les provinciaux ; par la suite, il reçut un second sens et s'appliqua au service administratif chargé de collecter ce prélèvement et de le redistribuer à ses bénéficiaires....

  • AUGUSTIN saint (354-430)

    • Écrit par Michel MESLIN
    • 8 969 mots
    • 2 médias

    Aurelius Augustinus est né le 13 novembre 354, à Thagaste (aujourd'hui Souk-Ahras en Algérie) ; il est mort le 28 août 430 dans sa ville épiscopale d'Hippone, assiégée par les Vandales (aujourd'hui Annaba). C'est un Romain d' Afrique, qui a vécu, dans une constante fidélité à la civilisation...

  • BULLA REGIA

    • Écrit par Roger HANOUNE
    • 1 022 mots

    Bulla Regia est un site archéologique important du nord-ouest de la Tunisie, à proximité de la ville actuelle de Jendouba, en lisière de la grande plaine traversée par la Medjerda : les ruines sont repérées sur une cinquantaine d'hectares entre les nécropoles à l'est et à l'ouest, la plaine au...

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