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AFRIQUE (Histoire) Préhistoire

Les chasseurs-cueilleurs spécialisés du Pléistocène final

Les différenciations régionales s'accentuent au cours du Pléistocène final, de 40000 à 15000-12000 BP. Le débitage laminaire se généralise, suivi, quelques millénaires plus tard, par la production de microlithes. Les pointes, lamelles à dos, microlithes géométriques insérés comme barbelures des flèches, constituent des armes redoutables, utilisées indifféremment contre les animaux ou contre les humains. Les traces de traumatismes par pièces lithiques sont largement attestées dans le squelette de l'homme de Wadi Kubbaniya, qui date d'environ 20000 BP, et dans les vestiges retrouvés dans le cimetière de Jebel Sahaba en Nubie (autour de 13000 BP).

En Afrique septentrionale

Le maximum glaciaire final, de 20000 à 12000 BP, a eu un impact considérable sur le peuplement de l'Afrique septentrionale. Les populations de chasseurs-cueilleurs se sont retrouvées confinées dans certains secteurs : le littoral méditerranéen, où prospèrent les groupes ibéromaurusiens chasseurs de mouflons à manchettes (Ammotraguslervia), la vallée du Nil (Wadi Kubbaniya, Jebel Sahaba), la relique forestière du Cameroun (Shum Laka et Mbi Crater) et la côte Atlantique de Côte d'Ivoire, avec le site de Bingerville-Autoroute. Les Ibéromaurusiens occupent les vastes territoires des plaines littorales méditerranéennes et des massifs montagneux de l'arrière-pays dus à la baisse considérable du niveau de la mer (approximativement 100 m au-dessous de son niveau actuel). Ils enterrent leurs morts dans des cimetières, tel que Mechta el Arbi. Certains de ces groupes pratiquent l'avulsion dentaire. Les groupes capsiens (de Gafsa en Tunisie) prennent le relais, au début de l'Holocène ancien, et se répandent dans la zone des chotts, les dépressions de l'arrière-pays de l'Afrique du Nord. Constituant de petits groupes très mobiles, ils vivent de l'exploitation intensive des ressources aquatiques, qui laissent des centaines d'amas coquilliers (ou Ramadiyya) dans le paysage. Ils développent un art expressif sur support mobile – essentiellement les gourdes en coquille d'œuf d'autruche.

Les industries à base de lames sont littéralement absentes de l'Afrique de l'Ouest. Les assemblages lithiques de Mbi Crater et Shum Laka sont constitués d'industries sur éclats, et celles de Bingerville-Autoroute de microlithes plus ou moins géométriques. Les complexes à microlithes se retrouvent aussi bien dans la savane, à Rim, Maadaga, Rop Shelter, que dans la forêt, ainsi à Iwo Eleru, site dont l'occupation est intermittente pendant près de six millénaires, de 11000 à 5000 BP.

En Afrique méridionale

La situation est différente dans la moitié méridionale. Les bandes de chasseurs-cueilleurs tshitoliens occupent les savanes arborées de la partie occidentale du bassin du Congo.

En Afrique orientale, les sites de Kisese II, Twilight Cave et Lukenya montrent la présence d'industries à base de lames et lamelles. En Afrique australe, les assemblages lithiques ont été subdivisés en sous-ensembles chronologiques : Early Later Stone Age (ELSA, 19000 av. J.-C.), Robberg (vers 19000-7600 av. J.-C.), Oakhurst (vers 10000-6000 av. J.-C.), Wilton ancien et classique (vers 7600-2500 av. J.-C.), Wilton postclassique (vers 2500 av. J.-C.-200 av. J.-C.), Wilton à céramique (vers 100-1870), et Smithfield (vers 1200-1870). L'art pariétal daté de 27000 BP fait son apparition dans la grotte Apollo 11 en Namibie et se généralise progressivement dans tout le sous-continent. Les images, pour la plupart en noir, rouge, ocre, blanc, représentent des animaux, des humains, des objets, isolés ou en groupes. Les interprétations varient, mais les compositions des trois derniers millénaires présentent des scènes de danse et de transe en association plus ou moins directe avec[...]

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Pour citer cet article

Augustin HOLL. AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sites plio-pléistocènes et pléistocènes anciens, Afrique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sites plio-pléistocènes et pléistocènes anciens, Afrique

Sites acheuléens, Afrique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sites acheuléens, Afrique

Afrique orientale : côte swahili du X<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> s. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afrique orientale : côte swahili du Xe au XVe s.

Autres références

  • ÉVOLUTION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DANS LE MONDE

    • Écrit par Yves GINGRAS
    • 3 611 mots
    • 16 médias
    ...l’Amérique. Quant à l’Asie, elle n’a pas vraiment modifié ses liens avec l’Europe et l’Amérique au cours des deux premières décennies du xxie siècle, signe que ces deux continents demeurent centraux sur le plan scientifique. Elle a cependant accru ses liens de collaboration avecl’Afrique et l’Océanie.
  • FRONTIÈRE

    • Écrit par Guillaume LACQUEMENT
    • 6 351 mots
    • 6 médias
    ...héritages coloniaux. Il se construit souvent en décalage avec la genèse des tracés, comme l’illustrent les frontières postcoloniales du continent africain. Les frontières africaines résultent d’un découpage rapide et exogène : les puissances européennes (notamment la France et le Royaume-Uni), rivales, mais...
  • NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE

    • Écrit par Nashidil ROUIAÏ
    • 4 923 mots
    • 3 médias
    D’autres critiques portent sur la nature des projets financés ou impulsés par la Chine à travers les Nouvelles Routes de la soie. L'Afrique du Sud s'est tournée vers la République populaire pour le financement à hauteur de 4 milliards de dollars de deux centrales à charbon. Pour sortir de la crise énergétique...

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