Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NATIONALITÉ

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par , , , , et

Régime juridique des étrangers

Aux termes de l'ordonnance du 2 novembre 1945, toujours en vigueur, sont considérés comme étrangers « tous individus qui n'ont pas la nationalité française, soit qu'ils aient une nationalité étrangère, soit qu'ils n'aient pas de nationalité » (art. 1).

On qualifie ces derniers d' apatrides et ils font l'objet d'une protection internationale particulière. C'est aussi le cas des réfugiés, qu'ils aient ou non conservé leur nationalité d'origine ; ils bénéficient dans leur pays de résidence d'un statut à certains égards plus favorable que celui des étrangers en général alors qu'à l'étranger ils sont traités comme les nationaux du pays de leur résidence (convention de Genève, 1951). Les ressortissants des États autrefois placés sous le protectorat de la France sont, depuis leur indépendance, considérés comme étrangers de même que ceux des anciennes colonies d'Afrique noire mais, avec ces derniers surtout, subsistent des liens qui leur ont conféré jusqu'ici une situation privilégiée. Une place à part doit être réservée aux Andorrans et aux Monégasques : ils échappent à la plupart des mesures restrictives frappant les étrangers.

Condition des étrangers et égalité

C'est à un problème d'égalité que peuvent se ramener les droits des étrangers : ceux-ci doivent-ils, dans un pays donné, être traités comme les nationaux ou seront-ils au contraire soumis à certaines incapacités ? À supposer qu'ils fassent l'objet de mesures discriminatoires, existe-t-il des moyens par lesquels ils pourront y échapper et être traités de la même façon que les nationaux ? Dans ce contexte, le mot égalité est entendu en deux sens : l'égalité absolue à laquelle tout étranger peut prétendre en qualité d'être humain, conception introduite par la Révolution française qui a voulu, au-delà de la suppression des distinctions entre Français, édicter des règles valables pour tous les hommes. Mais la Déclaration des droits de l'homme est en même temps celle des droits des citoyens ; à côté des droits fondamentaux reconnus à tous, on a assez vite réservé aux nationaux les droits politiques et on a soumis par la suite à un régime spécial certains droits qualifiés, de façon équivoque, de « droits civils », pour lesquels l'égalité est toute relative et contingente.

Aux discriminations générales (refus d'un même droit à tous les étrangers) s'opposent les discriminations individuelles, dans les cas où la loi subordonne la jouissance d'un droit à une autorisation personnelle (permis de travail, par exemple) ou admet des dérogations fondées sur une qualité propre à l'intéressé (étranger ayant combattu dans les armées alliées). Un régime particulier peut, en outre, être réservé à tous les étrangers d'une même nationalité : c'est le cas où leur pays d'origine a conclu un traité avec l'État sur le territoire duquel ils sont établis, prévoyant à leur bénéfice une condition plus favorable que celle des étrangers ordinaires. Les discriminations, enfin, sont quelquefois occultes. Si une législation prévoit qu'une autorisation est nécessaire à quiconque veut acquérir un immeuble, mais qu'en fait l'autorisation n'est refusée qu'aux étrangers, le résultat pratique est le même que si on refusait officiellement à ceux-ci l'accès à la propriété immobilière.

L'égalité avec les nationaux constitue-t-elle, en tout état de cause, le maximum des droits auxquels un étranger puisse prétendre ? La question a été longuement discutée sur le plan de l'opportunité. Dans les faits, on constate que, dans des cas exceptionnels et pour des motifs précis, les États accordent de leur propre chef aux étrangers une situation privilégiée,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Henri BATIFFOL, Patricia BUIRETTE, Encyclopædia Universalis, Jean-Éric MALABRE, Marthe SIMON-DEPITRE et Paul TAVERNIER. NATIONALITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Autres références

  • CITOYENNETÉ ET NATIONALITÉ EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE (R. Brubaker)

    • Écrit par
    • 1 302 mots

    Professeur de sociologie à l'université de Californie à Los Angeles (U.C.L.A.), Rogers Brubaker considère que la définition juridique de la nationalité joue un rôle central dans le développement et le fonctionnement de l'État. Pour ne pas en rester au niveau des généralités, il étudie...

  • ALLEMAGNE (Géographie) - Géographie économique et régionale

    • Écrit par
    • 12 044 mots
    • 9 médias
    La nation allemande transgresse donc les frontières étatiques. Elle procède d'une vision tout à la fois naturaliste et historique qui liela nationalité à l'origine ethnique et qui établit le droit du sang comme fondement légitime de la citoyenneté. L'interprétation biologique et raciste...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - L'Allemagne unie

    • Écrit par , et
    • 9 694 mots
    • 4 médias
    ...cinq ans. Le gouvernement Schröder recourt donc à une politique de naturalisation qui tranche avec la politique précédente, fondée sur le droit du sang. Le Code de la nationalité est réformé en 2000 : il accorde désormais la nationalité allemande aux enfants nés en Allemagne de parents étrangers et réduit...
  • CHINE - Droit

    • Écrit par
    • 10 329 mots
    • 1 média
    Désireused'entériner sa politique à l'égard des Chinois d'outre-mer, la Chine populaire promulguait en septembre 1980 une loi sur la nationalité. Conciliant le principe traditionnel du jus sanguinis avec des éléments de jus soli, cette loi réaffirme les idées avancées par Pékin...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par
    • 7 342 mots
    • 7 médias
    ...situation irrégulière. Ce changement de politique est symboliquement manifesté par l'expulsion retentissante de 101 Maliens par charter spécial. La réforme du code de la nationalité, pour en rendre moins automatique son acquisition par les enfants nés en France de parents étrangers, est fortement contestée...
  • Afficher les 17 références