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BELLINI VINCENZO (1801-1835)

Situation de Bellini

Le terrible critique Paul Scudo, consacrant en juillet 1848 quelques pages à « Donizetti et l'école italienne depuis Rossini » à l'occasion de la mort du compositeur à Bergame, savait rendre hommage au maître de Catane, Vincenzo Bellini : celui-ci, note-t-il, échappe à l'influence de Rossini, et s'inspire directement des maîtres du xviiie siècle. « Il procède particulièrement de Paisiello, dont il a la suavité, et dont il aime à reproduire la mélopée pleine de langueur. ». À cet égard, la Somnambule serait la fille de Nina, l'héroïne de Paisiello.

Trait d'union dans le temps, Bellini est aussi un trait d'union dans l'espace. Venu à Paris, le compositeur, dont les mérites n'ont jamais été égalés à ceux du maître de Bonn, semait à tous vents, avec une infatigable profusion, des mélodies magnifiques et de la plus rare qualité, les distribuant gratuitement comme il les avait reçues, sans même penser à se reconnaître le mérite de les avoir enfantées. Selon Scudo, « Beethoven a constitué à la musique un patrimoine qui semble n'être dû qu'à son labeur obstiné. Bellini a reçu la mélodie sans avoir eu la peine de la demander, comme si le Ciel lui avait dit : „Je te donne tout juste ce qui manquait à Beethoven“ » (cité dans le tome IV, L'Opéra, de Plaisir de la musique de Roland-Manuel, avec la collaboration de Nadia Tagrine, Seuil, 1957, pp. 168-169). Le risque serait d'accentuer un tel contraste, de ne parler que de la grâce bellinienne, en négligeant la force dramatique de ce théâtre lyrique. Richard Wagner avait déjà su la reconnaître, qui dirigea Norma à Riga en 1837.

Au total, Bellini forme, selon Scudo, « un tout exquis, plein de charme et de mystère » (Paul Scudo, Critique et littérature musicales, première série, 3e édition, Hachette, 1856, pp. 93-94). Le jugement du critique n'échappe pas à des poncifs qui sont aujourd'hui heureusement remis en question. Bellini, « nature fine et délicate », serait un « génie mélodique plus tendre que fort et plus ému que varié ». Il serait le « musicien d'un instinct heureux, qu'une éducation hâtive n'avait pas suffisamment développé ». Son instrumentation serait généralement faible. Scudo en fait l'héritier des pâtres de sa Sicile natale, mais il lui reconnaît une qualité d'âme exceptionnelle.

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Écrit par

  • : professeur émérite de littérature comparée à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRUNEL. BELLINI VINCENZO (1801-1835) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Vincenzo Bellini - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Vincenzo Bellini

Norma, Vincenzo Bellini - crédits : A. Dagli Orti/ DeAgostini/ Getty Images

Norma, Vincenzo Bellini

<it>Norma</it> - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Norma

Autres références

  • NORMA (V. Bellini)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 528 mots
    • 1 média

    Tragédie lyrique (tragedia lirica) en deux actes sur un livret de Felice Romani d'après Norma d'Alexandre Soumet, tragédie en cinq actes et en vers représentée pour la première fois au Théâtre royal de l'Odéon, à Paris, le 6 avril 1831, Norma est composée par Vincenzo Bellini...

  • NORMA (V. Bellini), en bref

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 218 mots

    Vincenzo Bellini aura réussi dans l'opéra italien ce que Carl Maria von Weber avait atteint pour l'opéra allemand : mettre en scène et en musique l'esprit romantique. Démarquée d'une tragédie française d'Alexandre Soumet, elle-même calquée sur l'histoire de l'infanticide Médée, ...

  • BEL CANTO

    • Écrit par Jean CABOURG
    • 2 752 mots
    • 5 médias
    Le premier romantisme, celui de Donizetti, et surtout deBellini, cultive, comme il a été dit plus haut, une certaine nostalgie des formes extérieures du belcantisme. Les héroïnes féminines apparaissent dans des atours vocaux inspirés d'une certaine idéalisation ou d'un angélisme innocent, et les mélismes...
  • FLÓREZ JUAN DIEGO (1973- )

    • Écrit par Universalis, Robert RAUCH
    • 802 mots

    Lorsqu'il incarna Tonio dans La Fille du régiment de Donizetti au Metropolitan Opera de New York, en avril 2008, le ténor péruvien Juan Diego Flórez brisa, avec l'accord de la direction, l'interdit ancestral qui pesait sur les bis lorsqu'il chanta une seconde fois l'aria « Ah ! mes amis, quel...

  • GRISI GIULIA (1811-1869)

    • Écrit par Universalis
    • 352 mots

    La soprano dramatique italienne Giulia Grisi est une des plus célèbres interprètes lyriques du xixe siècle.

    Née le 28 juillet 1811, à Milan, Giulia Grisi étudie avec le comte Marco Aurelio Marliani dans sa ville natale et avec Giacomelli à Bologne, où elle fait ses débuts, à l'âge de dix-sept...

  • Norma, BELLINI (Vincenzo)

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 654 mots
    D'ascendance sicilienne, Bellini connaît son premier succès en 1825, avec son opera semiseria Adelson e Salvini, qui le fait considérer en Italie comme le successeur de Rossini et de Donizetti. Il cherche ensuite sa manière dans Bianca e Fernando (1826), Le Pirate (1827), Zaira (1829), Les...

Voir aussi