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VÉLO ou BICYCLETTE

L'âge adulte du vélo (1920-1980)

L'appropriation collective du vélo à la Belle Époque est donc fondamentale. Sur la plupart des plans – sportif, industriel, médiatique... –, l'essentiel est posé avant 1914. Jusqu'aux années 1980 avec l'irruption d'un nouveau venu, le vélo tout terrain (V.T.T.), l'histoire du vélo offre moins de faits saillants. L'historiographie privilégie ainsi la Belle Époque et la période du temps présent, laissant largement dans l'ombre l'histoire sociale du vélo des années 1920 aux années 1970. Reste que la structuration du monde du vélo, ses évolutions et l'enrichissement de sa culture et de sa mémoire se poursuivent durant ce demi-siècle.

Le développement du cyclotourisme

Jusqu'en 1923, le secteur compétitif est le seul à disposer d'une fédération. C'est seulement à cette date que le champ touristique s'organise. Mais les randonneurs ne contesteront numériquement la supériorité des coureurs qu'à partir des années 1990, à la faveur d'un double phénomène : la poussée des pratiques sportives de plein air et la diffusion du V.T.T.

Si le cyclisme professionnel domine sur le plan médiatique, le vélo s'affirme aussi au travers de sa tradition excursionniste et ludique. En 1923, Gaston Clément, membre du T.C.F. et de l'Audax Club parisien, fonde la Fédération française des sociétés de cyclotourisme (F.F.S.C.). Cette dernière s'impose dans le paysage cycliste (40 000 adhérents en 1926), en dépit de la concurrence de l'U.V.F., qui redécouvre les vertus du tourisme alors qu'elle privilégiait depuis 1881 le versant sportif du vélo.

La réussite de la F.F.S.C. tient d'abord à son inventivité et à son activisme : création de brevets fédéraux, organisation de concentrations nationales et régionales. Elle bénéficie par ailleurs d'un courant favorable aux activités de plein air à partir des années 1920 ; un courant plus net encore à partir de l'été de 1936 voit les routes se couvrir de vélos et de tandems. La conjonction entre congés payés, poussée cyclotouriste et accessibilité croissante du vélo place ce dernier au cœur de la mythologie du Front populaire. Pratiquement, la bicyclette continue d'être un instrument de libération, pour la jeunesse en particulier – tout comme les auberges de jeunesse soutenues par Léo Lagrange. Le vélo autorise les échappées belles, loin du regard des parents : balades amoureuses (les À bicyclette de Bourvil, 1947, ou d'Yves Montand, 1968), promenade bucolique (Michel Simon et Fernandel dans Fric-Frac, 1939).

Sur le plan technique, le cyclotourisme contribue à l'innovation avec l'utilisation du duralumin (alliage d'aluminium, plus léger que l'acier) ou la généralisation du dérailleur. Les coureurs cyclistes suivront, les organisateurs aussi, à contrecœur parfois, tel Henri Desgrange qui refuse le dérailleur sur le Tour de France jusqu'en 1937, car il adoucit les conditions de course.

La F.F.S.C. se distingue encore en accueillant un pourcentage croissant de femmes. Loin des débats misogynes et eugénistes de la fin du xixe siècle où médecins et essayistes de tous bords considéraient que la vélocipédie était néfaste pour le genre féminin, en 1939, les femmes représentent plus d'un tiers des effectifs de la fédération. Le contraste est frappant avec l'U.V.F., dont le refus de les intégrer aboutit à la constitution de plusieurs groupements féminins aux courtes destinées.

Un spectacle populaire

Avec 200 000 membres et 25 000 licenciés en 1938, soit le double d'adhérents qu'en 1920, l'U.V.F. joue un rôle clé dans la poussée du vélo sportif dans l'entre-deux-guerres. Au soir des années 1930, elle est une des deux grandes fédérations sportives en France, avec la Fédération française de football. La popularité du cyclisme[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, Institut d'études politiques de Paris, maître de conférences

Classification

Pour citer cet article

Philippe TÉTART. VÉLO ou BICYCLETTE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DRAISIENNE

    • Écrit par Mathieu FLONNEAU
    • 852 mots
    • 1 média

    Objet de locomotion en bois doté de deux roues (reliées par une poutre) et d’une barre de direction (« dirigeoir ») à l’avant, la draisienne a été inventée en 1817 par le baron allemand Karl Friedrich Drais von Sauerbronn (1785-1851), qui lui a donné son nom. Considérée comme l’ancêtre du ...

  • INVENTION DU PNEUMATIQUE

    • Écrit par Jean-Louis LOUBET
    • 230 mots
    • 1 média

    Un vétérinaire écossais, John Boyd Dunlop, invente un bandage en caoutchouc pour les roues du tricycle de son fils, sans avoir connaissance des travaux de Robert William Thomson. Ce dernier avait, en effet, déposé un brevet sur une roue dite « en cuir remplie d'air », brevet tombé vite dans l'oubli....

  • SPORT (Disciplines) - Le cyclisme

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 10 242 mots
    • 16 médias

    Affaires Festina (1998), Cofidis (2004), opération Puerto (2006), disqualification du « vainqueur » du Tour de France 2006, l’Américain Floyd Landis, mise hors course du maillot jaune de la Grande Boucle, le Danois Michael Rasmussen, en 2007, disqualification rétroactive d’Alberto Contador, premier...

Voir aussi