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VÉLO ou BICYCLETTE

Moyen de transport, objet de loisir et instrument de compétition depuis le xixe siècle, le vélo est une des inventions techniques qui ont acquis partout droit de cité. On en compterait aujourd'hui près d'un milliard et demi dans le monde. Sa popularité s'est considérablement accrue depuis les années 1990. Il retrouve peu à peu, à cent ans de distance, ses ors de la Belle Époque. La mode naissante du vélo électrique, l'accent mis par les pouvoirs publics sur la nouvelle mobilité vélocipédique urbaine, l'usage solidement ancré du vélo tout terrain (V.T.T.) sont les signes le plus notables de ce regain d'intérêt. Avec cette remise en majesté, le vélo connaît un nouveau tournant de son histoire, une histoire dont les premières lignes s'écrivirent voici près de deux siècles. Cette histoire sociale du vélo, de ses usages les plus courants à la compétition cycliste, se décline sur plusieurs modes n'entretenant pas de vraie concurrence entre eux. Il reste que tout au long de cette histoire, même s'il a connu quelques phases de vieillissement et de relatif déclin, le vélo est resté un engin résolument moderne.

Premiers pas de la vélocipédie (1817-1870)

Le 12 juillet 1817, à Mannheim, un Allemand, le baron Karl Drais von Sauerbronn, assis à califourchon sur une poutre en bois reliant deux roues, parcourt 14,4 kilomètres en une heure par la seule poussée de ses pieds. Quatre ans plus tard, il dépose le brevet du « vélocipède » stricto sensu une machine permettant d'avancer avec vélocité par l'action des pieds. Objet révolutionnaire, sa draisienne conquiert le cœur des élites après la première démonstration faite à Paris dans les jardins du Luxembourg le 5 avril 1818. Mais la draisienne – le hobby-horse anglais – reste un objet aussi baroque que sommaire et, surtout, faute de pédales, coûteux en énergie. Sur un modèle emprunté à la culture hippique naissent dans les capitales européennes des manèges pour apprendre à pousser son vélocipède, mais la mode en est éphémère.

Avec les années 1860, la forme du vélocipède change. Il regagne l'attention de ceux qui peuvent l'acquérir, car le vélo est d'un usage parfaitement élitiste. C'est à cette période que s'établit la première génération des constructeurs qui vont moderniser la forme du vélo. En 1861, Pierre Michaux et son fils Ernest mettent au point des pédales fixées en prise directe sur le moyeu de la roue avant. Les adeptes du vélo doivent désormais faire l'apprentissage de l'équilibre. Ce type d'engin gagne les États-Unis sous le nom de bicycle. En 1872 apparaît en Angleterre le grand-bi, dont la roue avant, hypertrophiée, assure un meilleur développement au pédalage et impose, pour l'équilibre, de réduire la taille de la roue arrière. À l'origine en bois, il est bientôt fabriqué en acier et, vers 1875, Jules Truffault a l'idée d'alléger les jantes et les fourches (désormais creuses) et de remplacer les lourds rayons en bois par des rayons métallique tendus. Le grand-bi ne sera plus guère modifié jusqu'au début des années 1880. Imposant aux vélocipédistes juchés sur une selle culminant parfois à près de 2 mètres de hauteur un vrai sens de l'équilibre et de ne pas craindre les chutes, il est, de temps à autre, accueilli avec méfiance. Le tricycle et sa stabilité peuvent lui être préférés. Certaines villes se prémunissent même des accidents : en témoigne une ordonnance préfectorale de 1874 interdisant certaines rues parisiennes à la « machine haute ».

Trois usages fondateurs

Dès les années 1860, trois pratiques fondatrices sont fixées : l'usage touristique (ou excursionniste), l'usage à des fins de performances (véritable exploit en ces années pionnières où les machines pèsent 30 kg), enfin l'usage ludique.[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, Institut d'études politiques de Paris, maître de conférences

Classification

Pour citer cet article

Philippe TÉTART. VÉLO ou BICYCLETTE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DRAISIENNE

    • Écrit par Mathieu FLONNEAU
    • 852 mots
    • 1 média

    Objet de locomotion en bois doté de deux roues (reliées par une poutre) et d’une barre de direction (« dirigeoir ») à l’avant, la draisienne a été inventée en 1817 par le baron allemand Karl Friedrich Drais von Sauerbronn (1785-1851), qui lui a donné son nom. Considérée comme l’ancêtre du ...

  • INVENTION DU PNEUMATIQUE

    • Écrit par Jean-Louis LOUBET
    • 230 mots
    • 1 média

    Un vétérinaire écossais, John Boyd Dunlop, invente un bandage en caoutchouc pour les roues du tricycle de son fils, sans avoir connaissance des travaux de Robert William Thomson. Ce dernier avait, en effet, déposé un brevet sur une roue dite « en cuir remplie d'air », brevet tombé vite dans l'oubli....

  • SPORT (Disciplines) - Le cyclisme

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 10 242 mots
    • 16 médias

    Affaires Festina (1998), Cofidis (2004), opération Puerto (2006), disqualification du « vainqueur » du Tour de France 2006, l’Américain Floyd Landis, mise hors course du maillot jaune de la Grande Boucle, le Danois Michael Rasmussen, en 2007, disqualification rétroactive d’Alberto Contador, premier...

Voir aussi