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TROISIÈME RÉPUBLIQUE

Le déclin du régime (1930-1940)

Le régime en question (1930-1936)

Jusqu'aux élections de 1932, la droite gouverna avec André Tardieu et Pierre Laval. Le premier était un grand bourgeois aux allures brillantes, le second était issu du syndicalisme pacifiste et avait fait carrière dans le sillage de Briand. Tardieu voulait susciter une droite moderne et réformiste, utilisant les excédents budgétaires pour l'équipement du pays. Il fit voter les assurances sociales projetées depuis la guerre. Mais, dès 1931, la France fut touchée par la crise économique mondiale, elle connut la baisse des prix et de la production, les faillites et le chômage, la réapparition enfin du déficit budgétaire. En Allemagne, cette crise fut fatale à la République de Weimar. La politique « européenne » était remise en question au moment où les soldats français venaient d'évacuer la rive gauche du Rhin.

L'assassin de Paul Doumer - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

L'assassin de Paul Doumer

Cependant que le modéré Albert Lebrun remplaçait à la présidence Doumer assassiné, les élections de 1932 donnaient la majorité aux socialistes et aux radicaux. Toujours privé de la participation socialiste et du concours de la droite, Herriot prit le pouvoir sans entrain. L'Allemagne enterrait les réparations ; la droite s'opposait aux impôts nouveaux et les fonctionnaires, en majorité électeurs de la gauche, repoussaient toute réduction de leurs traitements. Herriot démissionna en décembre 1932 et, en 1933, quatre ministères se succédèrent sans réussir mieux que lui. L'arrivée de Hitler au pouvoir ressuscitait le danger allemand. L'impuissance du régime doublait la crise économique d'une crise politique.

Le parlementarisme semblait archaïque à l'époque du communisme et des fascismes. Des jeunes cherchaient une voie nouvelle « entre Rome et Moscou ». Les catholiques, depuis la condamnation de l'Action française par Pie XI (1926), s'orientaient vers une démocratie sociale. En 1933, les néo-socialistes quittèrent la SFIO pour se tourner vers un « socialisme national », tandis que la CGT élaborait un plan de nationalisation des industries de base, avec la semaine de quarante heures. Les vieilles ligues avaient repris leur agitation, mais elles étaient désormais relayées par les Croix de feu du colonel de La Rocque, qui groupaient, autour d'anciens combattants, des hommes de droite, partisans d'un régime à tendance nationaliste et sociale.

Édouard Daladier, 1938 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Édouard Daladier, 1938

En janvier 1934, la mort suspecte d'Alexandre Stavisky, escroc dont la carrière s'expliquait par des complicités politiques, fut l'occasion d'accuser de corruption les parlementaires dont on dénonçait déjà l'incapacité. Édouard Daladier, radical de la génération combattante, prit le pouvoir. Il se voulait énergique et déplaça le préfet de police, Jean Chiappe, complice de l'agitation. La réponse fut la manifestation du 6 février 1934 autour du Palais-Bourbon. La police débordée tira dans la foule ; morts et blessés jonchaient la Concorde. Le lendemain, Daladier démissionnait. La droite s'était imposée par la rue. La gauche répliqua le 9 ; le 12, la CGT et les partis de gauche lançaient une grève générale. Allait-on vers la guerre civile ?

La Petite-Entente - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Petite-Entente

Doumergue, rappelé de sa retraite pour jouer le rôle d'un nouveau Poincaré, réunit dans son gouvernement Herriot, Tardieu et le maréchal Pétain qui entrait ainsi sur la scène politique à la faveur d'une crise exceptionnelle. Accueilli en sauveur, Doumergue fut vite décevant. N'ayant pu remédier à la crise économique et budgétaire, il songeait à une réforme de l'État ; Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, pensait à regrouper contre Hitler l'URSS, l'Italie, la Petite-Entente et la Pologne, quand il fut assassiné à Marseille en octobre 1934. Doumergue voulait limiter les prérogatives du Parlement et renforcer l'exécutif en remettant[...]

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Pour citer cet article

Louis GIRARD. TROISIÈME RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Boulanger - crédits : Bettmann/ Getty Images

Georges Boulanger

Félix Faure - crédits : La Documentation française. Photo Présidence de la République

Félix Faure

Jean Casimir-Perier - crédits : La Documentation française. Photo Présidence de la République

Jean Casimir-Perier

Autres références

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