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TAMERLAN, TIMOUR ou TIMŪR LENG dit (1336-1405)

Les triomphes militaires

De 1370 à 1405, Tamerlan a conduit dans toutes les directions d'incessantes expéditions : vers l'est, de 1370 à 1380, elles ont abouti à la conquête du Khwarezm ; d'autres, menées entre 1370 et 1392 vers le Turkestan oriental et la Haute-Asie, ont eu pour conséquence la destruction de la domination mongole dans ces régions au moment où la dynastie Ming l'anéantit également en Chine ; une autre expédition a lieu en 1398 en Inde, au cours de laquelle la ville de Delhi est détruite et sa population massacrée. Vers l'ouest, plusieurs campagnes (1380-1382, 1382-1383, 1392-1396) se déroulent en Afghanistan et en Perse, marquées notamment par les terribles massacres d'Ispahan en 1387 ; plus au nord, la rivalité entre Tamerlan et le khan du Kiptchak, Toqtamish, donne lieu à maints épisodes de conflit ou de rapprochement (1375, 1385-1386, 1388-1396), Tamerlan semblant avoir eu à l'égard de Toqtamish une attitude tolérante. Plus à l'ouest, l'Iraq, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Arménie, l'Anatolie orientale et la Syrie ne sont pas à l'abri des attaques de Tamerlan, qui livre au pillage et au saccage de ses troupes des villes comme Bagdad (1394 et 1401), Malatya, Alep et Damas (1400) où des dizaines de milliers d'habitants sont massacrés et dont les artisans des métiers de luxe ou de la décoration sont déportés à Samarkand, dont Tamerlan veut faire la plus belle ville du monde.

La dernière expédition a lieu en Asie Mineure, contre le sultan ottoman Bayézid Ier, qui est vaincu et fait prisonnier à la bataille d'Ankara (20 juill. 1402) et dont l'Empire est momentanément démembré en Anatolie (cf. Empire ottoman). Alors qu'il se mettait en route pour combattre les Chinois, Tamerlan meurt à Otrar sur le Syr-Daria le 19 janvier 1405 ; il est peu après enterré dans un somptueux mausolée à Samarkand. Son petit-fils Pir Mohammed lui succède pendant une brève période, mais c'est un de ses fils, Shāh-Rokh (1406-1447), qui est son véritable successeur ; celui-ci ne règne en fait que sur un empire divisé, morcelé et réduit.

De son vivant, Tamerlan a fait de Samarkand non seulement la capitale politique de son État, mais aussi un grand centre de commerce, et l'a embellie par la construction de nombreuses mosquées et d'autres édifices, parfois d'inspiration chinoise, mais où la céramique (iranienne surtout) a constitué un élément important du décor. À sa cour ou dans les autres régions ont vécu alors des savants et des lettrés dont il aimait à s'entourer, tels le poète persan Hāfiz, le poète arabe Sa‘d ed-din Taftazanī, le lexicographe Fīrūzābādī et les historiens Sheref ed-din ‘Alī Yezdī, Nizam ed-din Shāmī et Ibn ‘Arabshāh.

— Robert MANTRAN

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Pour citer cet article

Robert MANTRAN. TAMERLAN, TIMOUR ou TIMŪR LENG dit (1336-1405) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tamerlan - crédits : De Agostini/ Getty Images

Tamerlan

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Peu de temps après, un nouveau conquérant vint mettre fin à l'œuvre commencée. C'était Timour Leng « le Boiteux » ou Tamerlan, qui, se mettant à la tête des hordes turco-mongoles, envahit le plateau de l'Iran, avec le zèle destructeur d'un nouveau Gengis khan. Les Karts résistèrent à Herat...
  • ANKARA BATAILLE D' (20 juill.1402)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 205 mots

    La victoire de Tamerlan à Ankara (Anatolie) en 1402 sur les Ottomans, dont le sultan Bayézid Ier est capturé lors du combat, constitue pour ces derniers un coup d'arrêt temporaire dans leur expansion, offrant par là même un répit d'un demi-siècle aux restes de l'Empire byzantin. Mais, surtout,...

  • BAYÉZID ou BAJAZET Ier (1360 env.-1403) sultan ottoman (1389-1402)

    • Écrit par Universalis
    • 254 mots

    Sultan ottoman né à Edirne vers 1360, mort en mars 1403 à Aksehir, dans l'Empire ottoman.

    Bayézid Ier, surnommé Yildirim (« la Foudre »), fils de Murad Ier, annexe de vastes territoires balkaniques pendant les premières années de son règne. Plus tard, la progression des forces vénitiennes...

  • DJAGHATAÏDES

    • Écrit par Jean-Paul ROUX
    • 704 mots

    Dynastie issue du deuxième fils de Gengis khan. L'apanage (ulus) de Djaghataï en Asie centrale est d'abord constitué par les steppes de l'Ili, de l'Issiq-Köl, du Tchou et du Talas, puis élargi à la fin du xiiie siècle pour englober alors la région méridionale du lac Balkach,...

  • Afficher les 15 références

Voir aussi