DJAGHATAÏDES
Dynastie issue du deuxième fils de Gengis khan. L'apanage (ulus) de Djaghataï en Asie centrale est d'abord constitué par les steppes de l'Ili, de l'Issiq-Köl, du Tchou et du Talas, puis élargi à la fin du xiiie siècle pour englober alors la région méridionale du lac Balkach, et les provinces de haute culture sédentaires du Tarim (actuel Xinjiang) et surtout de Sogdiane (ou Transoxiane), avec les villes prestigieuses de Samarkand et de Boukhara. Voisin des autres États mongols, ceux de Chine (Yuan), d'Iran (Ilkhan) et du Kiptchak (Horde d'or), avec lesquels il est souvent en lutte, le Djaghataï a toujours des frontières incertaines et fluctuantes, et ne cesse de mener des campagnes aux Indes, sans grand succès, malgré le long siège de Delhi, en 1303.
En 1260, quand Kubilaï se proclame grand khan, le Djaghataï entre dans une période troublée. Divers princes de la famille impériale, Arik Böke d'abord (1260-1264), Qaidu ensuite (1264-1301), se soulèvent contre lui et l'entraînent dans un long conflit. L'habileté de ses souverains, la princesse Orghana Katun (1252-1261) et Alghu (1261-1266) qui, d'abord ennemis, finissent par se marier, et surtout Duwa (1274-1306), lui permet de traverser la crise, et de s'agrandir, mais non de panser les plaies de la guerre.
Le Djaghataï est constitué de deux régions bien différentes, les steppes du Nord, domaine des nomades, Mongols en voie de turquisation, sans grandes ressources, et les terres urbanisées et sédentaires du Sud, peuplées d'Iraniens et de Turcs, qui lui fournissent l'essentiel de sa richesse. Les premiers jalousent et méprisent les seconds, notamment parce qu'ils sont plus attachés que tous les autres à la loi gengiskhanide, le yasaq, menacée par celles des religions constituées et surtout par la charia musulmane, parce qu'ils tiennent à leur mode de vie, à l'errance perpétuelle et haïssent la ville. Malgré leur tolérance foncière, leur hostilité est alimentée par la renaissance de l'islam, par son essor fantastique et les succès de plus en plus grands qu'il remporte auprès des Mongols, hors de leurs frontières (conversion de la Horde d'or et des Ilkhan) et même chez les plus conservateurs d'entre eux. C'est qu'ils n'entendent pas être gouvernés par des musulmans. On le voit bien quand, en 1307, l'un d'eux, Taliqu, devient khan : il ne faut pas deux ans pour qu'ils le renversent.
Maintenir la paix et l'équilibre entre musulmans et Mongols, entre sédentaires et nomades est affaire difficile. Un pur conservateur comme Kebek (1320- 1326) essaie de le faire en se construisant une capitale, Karchi, en pays sédentaire, et en vivant une partie de l'année sous la tente. Le seul résultat est que l'islam accentue sa pression : en 1326, il parvient à nouveau à faire accéder au trône l'un des siens, Tarmachirin. Acclamé au sud, celui-ci est vite récusé au nord qui intronise à sa place Djenkchi (1333). Le Djaghataï se trouve scindé en deux. Scission inutile ! En 1350, un successeur de Djenkchi, Tughlug Temür (1347-1363) juge utile de se convertir à l'islam, et entraîne avec lui une partie de son peuple.
Cependant, en Sogdiane, sous le couvert d'un prince gengiskhanide, l'aristocratie turque s'octroie tous les pouvoirs. Quand son homme fort, Qazghan, meurt en 1357 et est remplacé par un incapable, Tughlug Temür croit le moment opportun pour refaire l'unité de l'ulus. Il franchit le Syr Darya en 1360, chasse ou rallie les nobles turcs, repart, est obligé de revenir en 1361 et, cette fois, laisse pour gouverner la province son fils Iliyas Khodja, assisté d'un de ces aristocrates turcs qui l'a rejoint, Timur, celui qui allait devenir Tamerlan. Quand le khan est tué en 1363, Timur rompt avec Ilyas et les Djaghataïdes, et se fait le champion[...]
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Écrit par
- Jean-Paul ROUX : docteur ès lettres, directeur de recherche au C.N.R.S., ancien professeur titulaire à l'École du Louvre
Classification
Autres références
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MONGOLIE, histoire
- Écrit par Françoise AUBIN et Vadime ELISSEEFF
- 17 578 mots
- 20 médias
...russes, par la puissante Horde d'Or, greffée sur un substrat de peuplades turques nomades, les Qipčaq, qui lui ont donné son nom ; au Turkestan, par les Čagataides (ou Djaghataïdes), héritiers eux aussi d'un monde turc ; au Tarbagatai, par les Ögödeides, restés proches des steppes d'origine. -
TIMURIDES ou TIMOURIDES LES (1370-1506)
- Écrit par Jean CALMARD
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Avant sa mort, Tamerlan (1336-1405) avait divisé les restes de son vaste empire entre ses fils et ses petits-fils. Une fois disparue la crainte que leur inspirait sa terrible présence, ses premiers successeurs ne furent le plus souvent que des princes locaux au Khorāsān et en Transoxiane. C'est...