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SYR-DARIA

Des montagnes du Tian Shan, au Kirghizstan, à la mer d'Aral, le plus long des fleuves de l'Asie centrale, le Syr-Daria, mesure 3 020 kilomètres, s'il est tenu compte de la plus longue des deux branches maîtresses qui lui donnent naissance, la Naryn ; la longueur du cours est ramenée à 2 212 kilomètres lorsqu'elle n'est comptée qu'à partir de la confluence de la Naryn et du Kara-Daria. Le Syr-Daria traverse l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan. Le bassin du fleuve s'étend sur 462 000 kilomètres carrés. Mais seule la partie montagneuse du bassin (150 000 km2) contribue à l'alimentation du fleuve ; son débit s'appauvrit régulièrement du fait de l'évaporation, de l'infiltration et des prélèvements opérés par l'irrigation dans la partie aval du bassin, sur laquelle règne un climat de nuance aride.

Longue de 800 kilomètres, la Naryn draine un bassin de 219 000 kilomètres carrés étendu à la surface de montagnes, d'une altitude supérieure à 4 000 mètres, qui renferment de nombreux lacs d'origine glaciaire. L'autre branche maîtresse du Syr-Daria, le Kara-Daria, rassemble les eaux du Tar et du Kourchab venues de montagnes s'élevant, elles aussi, à plus de 4 000 mètres. Fleuve de plaine dès la jonction de ces deux branches maîtresses, le Syr-Daria reçoit à la traversée de la dépression de la Fergana de nombreux affluents : l'Isfaïram, le Charimardan, le Sokh, l'Isfara, la Khodja-Bakirgan en rive gauche ; le Kassanssaï et la Gavassaï en rive droite ; certains de ces torrents, descendus des montagnes bordières, se perdent par infiltrations à la surface du cône de déjection qu'ils ont construit à leur entrée dans la plaine, et, appauvris par les prélèvement pour l'irrigation, ne parviennent plus à rejoindre le cours du Syr-Daria. Le fleuve quitte la Fergana en franchissant, par un étroit goulet, la chaîne (Mogoltaou) qui en ferme l'accès, et occupe une ample vallée qui longe à distance le piémont des montagnes des Tian Shan, puis de la chaîne de Karataou. Il reçoit ses derniers affluents : l'Angren, le Tchirtchik, le Keless et l'Arys ; ils ne lui apportent que peu d'eau, celle qu'ils roulent étant utilisée pour les besoins de l'irrigation du piémont qu'ils traversent avant de parvenir au collecteur principal. En aval de Tchardara, celui-ci pénètre dans les sables du désert de Kyzyl-Koum, et se divise alors en bras multiples au tracé changeant avant de construire, au débouché dans la mer d'Aral, un delta.

Fortement influencé par les branches d'amont, le régime de l'écoulement se prête au développement des irrigations, le fleuve étant bien alimenté durant tout le semestre chaud. À l'entrée, dans la plaine de Fergana, la Naryn apporte 77 p. 100 et le Kara-Daria 23 p. 100 des eaux ; la fonte des neiges entraîne dès la mi-mars, la montée du débit, qui reste abondant jusqu'à la mi-septembre, et la période d'étiage se prolonge de la fin octobre à la fin février. De 570 mètres cubes par seconde à la sortie de la plaine de Fergana, le débit moyen du fleuve s'élève à 730 mètres cubes par seconde après la confluence du Tchirtchik ; il s'appauvrit régulièrement vers l'aval pour n'être plus que de 490 mètres cubes par seconde à Kazalinsk et de 430 mètres cubes par seconde à la tête du delta. À raison de 2 kilogrammes de matières solides par mètre cube d'eau, le Syr-Daria transporte chaque année une charge de 21 millions de tonnes de débris solides et de 6 millions de tonnes de substances dissoutes au niveau de la station de Kazalinsk.

Le fleuve est pris par les glaces du début de décembre à la fin de mars dans la partie aval de son cours, et libre tout au long de l'année à la traversée de la plaine de[...]

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Classification

Pour citer cet article

Pierre CARRIÈRE. SYR-DARIA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARAL MER D'

    • Écrit par Universalis, Yves GAUTIER
    • 2 372 mots
    • 1 média
    ...raison de la diminution considérable de sa superficie et de son volume depuis une cinquantaine d'année. Cette évolution est principalement due au détournement à des fins d'irrigation (principalement pour la culture du coton) des eaux du Syr-Daria et de l'Amou-Daria, qui se jettent dans la mer d'Aral.
  • ASIE CENTRALE

    • Écrit par Henri-Paul FRANCFORT, Frantz GRENET
    • 9 700 mots
    • 4 médias
    Le Paléolithique moyen apparaît sur des sites comme Ogzi Kichik et au Ferghana, dans la vallée du Syr Darya ; il succède au Paléolithique ancien après une lacune de près de 50 000 ans dans nos connaissances. L'industrie lithique est de type levalloisien et moustérien (débitage en éclats). Dans la...
  • FERGANA

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE
    • 404 mots

    La dépression intramontagnarde de Fergana occupe 22 000 kilomètres carrés, dont 17 000 appartiennent à l'Ouzbékistan, le reste étant partagé de manière à peu près égale entre le Tadjikistan et le Kirghizstan. Dominée de tous côtés par de très hautes montagnes atteignant 4 000...

  • KIRGHIZSTAN

    • Écrit par Universalis, Arnaud RUFFIER, Denis SINOR, Julien THOREZ
    • 5 537 mots
    • 5 médias
    ...Malgré la continentalité du climat, leur couverture glaciaire est importante (plus de 8 000 km2), de sorte que le Kirghizstan, où se forme le stock du Syr-Daria, apparaît comme un des châteaux d'eau de l'Asie centrale. À l'est, dans le massif du pic Pobedy, « de la victoire », point culminant (7 439 m)...

Voir aussi