- 1. Points réguliers
- 2. Points singuliers non dégénérés
- 3. Espaces de jets et théorèmes de transversalité de Thom
- 4. Points singuliers de détermination finie et fonctions T.S.F.
- 5. Codimension d'une fonction
- 6. Déformation universelle d'un germe de fonction de détermination finie
- 7. Stratification de C∞(N, R) − Σ et familles « génériques » de fonctions
- 8. Classification des germes de petite codimension μ
- 9. Lien avec la théorie des déformations des germes d'hypersurfaces analytiques et l'équisingularité
- 10. Le cas des applications
- 11. Quelques problèmes globaux
- 12. Bibliographie
SINGULARITÉS DES FONCTIONS DIFFÉRENTIABLES, la théorie mathématique et ses applications
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Classification des germes de petite codimension μ
Appelons stablement équivalents deux germes f ∈ En, g ∈ Eq tels que f (x1, ..., xn) et g(x1, ..., xq) + Q(xq+1, ..., xn) soient dans la même orbite de Ln, où Q est un germe de Morse (qu'on peut donc supposer être une forme quadratique non dégénérée). Les théories de déformation de f et g sont analogues car En/J(f ) ≃ Eq/J(g). Soit maintenant f ∈ Mn un germe singulier tel que le rang de la matrice :
En cherchant par quel jet les germes sont déterminés, on arrive facilement à la classification de René Thom (on a supposé f (0) = 0) :
μ = 0 germe régulier,
μ = 1 germe de Morse,
μ = 2 germe stablement équivalent à x31 (pli),
μ = 3 germe stablement équivalent à ± x41 (fronce ou cusp),
μ = 4 germe stablement équivalent à x51 (queue d'aronde)
ou à x31 − 3x1x22 (ombilic elliptique)
ou à x31 + x32 (ombilic hyperbolique),
μ = 5 germe stablement équivalent à ± x61 (papillon)
ou à x21x2 + x42 (ombilic parabolique).
La déformation universelle de xn a déjà été écrite ; des déformations universelles des ombilics sont, par exemple, les suivantes :
ombilic elliptique :
Remarquons que tous ces germes sont représentés par des polynômes quasi homogènes ; en particulier f ∈ J(f ) : une conséquence de cela est l'identité, pour les germes ayant un μ petit, entre la théorie des déformations que nous avons considérée (changement de coordonnées à la source seulement) et la théorie dans laquelle on se permet aussi des changements de coordonnées au but ; en effet, on déduit de l'expression de DA(e) donnée au chapitre 5 que, dans cette dernière, J(f ) doit être remplacé par l'espace vectoriel :
Nous pouvons donc utiliser les formules qui précèdent pour décrire la géométrie de la stratification de C∞(N, R) − Σ par les orbites de Diff N × Diff R au voisinage d'une fonction f̄ dont toutes les valeurs critiques sont distinctes et dont tous les points singuliers sauf un sont de Morse, l'unique point singulier dégénéré ayant une codimension μ ≤ 5. On part d'un des déploiements universels donnés ci-dessus dans lequel on a supprimé le terme constant λ0 :
Dans ce déploiement universel, U est un voisinage ouvert de 0 dans Rn, n = 1 ou 2, et où S est un voisinage ouvert de 0 dans Rμ−1. Soit :
Soit C ⊂ U × S l'ensemble (algébrique) des couples (x, λ) tels que x soit un point singulier de fλ, c'est-à-dire :
Le début du présent chapitre 8 nous permet de supposer que j2f (0) = 0 et donc que fc(x) = xi pour i = 1, ..., n. On en déduit que C est un graphe, donc une sous-variété C∞ de U × S. On voit alors facilement que l'ensemble K des points (x, λ) ∈ C tels que x soit un point singulier dégénéré de fλ n'est autre que l'ensemble des points où la restriction de F à C n'est pas de rang maximal, ou encore l'ensemble des points où la restriction à C de la projection π : U × S → S n'est pas de rang maximal.
Notons Bif(F), ensemble de bifurcation de F, l'image π(K) ⊂ S ; c'est l'ensemble des points λ tels que fλ ait au moins un point critique dégénéré. L'image F(C), graphique de F, est une sous-variété algébrique de R × S ; la projection sur S de ses points singuliers est la réunion de Bif (F) et de l'ensemble Max(F), ensemble de Maxwell de F, des valeurs de λ pour lesquelles fλ a au moins deux valeurs critiques égales. On peut montrer que, si λ1 et λ2 sont dans la même composante connexe de S − [Bif(F) ∪ Max(F)], alors fλ1 et fλ2 sont deux fonctions de Morse excellentes se déduisant l'une de l'autre par un changement de coordonnées dans U et une translation de R. Pour obtenir la trace sur S de la stratification cherchée, il suffit donc de décomposer Bif(F) et Max (F) en orbites, ce qui peut se faire explicitement (voir les figures). Il reste à montrer, mais ce n'est pas difficile, que la stratification obtenue au niveau des germes coïncide avec la stratification définie au voisinage de f̄ par les orbites de Diff N × Diff R sur une sous-variété de dimension μ − 1 transverse à l'orbite de f̄. Pour des fonctions T.S.F. f̄ plus générales, on raisonne de même avec le multigerme de f̄ en ses points singuliers dégénérés.
Les figures explicitent les constructions ci-dessus pour les germes x3 et x4.
Les figures suivantes ne concernent que la stratification dans S ou des sections de celle-ci par des plans.
Il apparaît que, comme nous l'avons indiqué dans le chapitre 7, la stratification par les orbites est localement finie pour ces valeurs de μ.
V. I. Arnold et son école ont montré que la classification des singularités suivant la « modalité » (ou nombre de modules, c'est-à-dire le nombre maximal de paramètres continus dont dépend une famille d'orbites contenant l'orbite considérée) présente une étonnante richesse de structure : par exemple, les singularités sans module (dites singularités simples) sont associées aux groupes de Coxeter An, Dn, E6, E7, E8, et donc aux solides platoniciens (Arnold, Critical Points of Smooth Functions).
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Écrit par
- Alain CHENCINER : professeur à l'université de Paris-VII
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Voir aussi
- ORBITE, mathématiques
- GERMES ALGÈBRE DES
- CODIMENSION, mathématiques
- FIBRÉ, mathématiques
- POINT SINGULIER
- TOPOLOGIE DIFFÉRENTIELLE
- POINT RÉGULIER
- WHITNEY HASSLER (1907-1989)
- DIFFÉOMORPHISME
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- FONCTIONS IMPLICITES THÉORÈME DES
- TRANSVERSALITÉ, mathématiques
- MORSE LEMME DE
- MORSE FONCTION DE
- FRÉCHET ESPACE DE
- JACOBIEN IDÉAL
- DÉFORMATION, mathématiques
- DÉPLOIEMENT, mathématiques
- JET D'APPLICATION
- SARD LEMME DE
- THOM THÉORÈME DE TRANSVERSALITÉ DE
- BIFURCATION, mathématiques
- GERMES, mathématiques
- WEIERSTRASS THÉORÈME DE PRÉPARATION DE
- SINGULARITÉS, mathématiques