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SINGULARITÉS DES FONCTIONS DIFFÉRENTIABLES, la théorie mathématique et ses applications

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Déformation universelle d'un germe de fonction de détermination finie

Le chapitre précédent est censé rendre naturelles les définitions suivantes (Thom, Mather...).

Si f ∈ En, on appelle R-codimension (right-codimension) de f la codimension dans En de l'idéal jacobien J(f ) considéré comme sous-espace vectoriel :

Nous supposons cette dimension finie ; ce qui équivaut, d'après le chapitre 4, à supposer f de détermination finie. Le R de R-codimension signifie right, c'est-à-dire droite ; en effet, on ne considère que l'action « à droite » de Diff Rn définie par α(ϕ, f ) = f ∘ ϕ−1 en oubliant l'action « à gauche » de Diff R.

Déformation continue d'un germe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déformation continue d'un germe

On appelle déformation à l paramètres de f un germe F ∈ En+l représenté par :

dont la restriction f0 à Rn × 0 coïncide avec f. Il est important de noter qu'il n'existe pas de topologie sur En telle qu'une déformation soit une application continue dans En d'un voisinage de 0 dans Rl : une telle définition serait trop locale, le domaine de définition d'un représentant de ft, t ∈ Rl, pouvant devenir de plus en plus petit lorsque t s'approche de 0, et laissant échapper les points singuliers que l'on veut étudier ; on voit ici pourquoi le problème global se prête mieux à l'intuition géométrique.

Étant donné une déformation F, on lui associe le germe d'application :

défini par F̃(x, t) = (F(x, t), t) : on dit que F̃ est le déploiement à l paramètres de f associé à F.

Deux déformations F et G de f sont isomorphes s'il existe un germe de difféomorphisme :

de la forme :

On peut interpréter Φ comme une famille à l paramètres de difféomorphismes définis sur un ouvert fixé de Rn. Remarquons que seul x ↦ Φ(x, 0) préserve l'origine : demander cela pour tout t revient à considérer l'action sur En du groupe Ln des germes de difféomorphismes de Rn, 0 ; l'espace tangent en f à l'orbite de f est ici MnJ(f ). Lorsque μ(f ) < + ∞, on montre que dim En/MnJ(f ) − dim En/J(f ) = n, ce qui correspond aux n degrés de liberté accordés à Φ(x, t).

Si h  : Rm, 0 → Rl, 0 est un germe d'application, on définit la déformation image réciproqueh*F de F par la formule h*F(x, t) = F(x, h(t)). Une déformation F de f est dite verselle si toute autre déformation de f est isomorphe à une image réciproque de F ; elle est dite universelle (ou miniverselle) si de plus l = μ(f ). On voit facilement que, si F et G sont deux déformations universelles de f, F est isomorphe à l'image réciproque de G par un germe de difféomorphisme.

Dans la situation globale du chapitre précédent, un paramétrage régulier de S au voisinage de f mérite le nom de déformation universelle de f.

La notion opposée est celle de déformation triviale, c'est-à-dire telle que ft soit indépendant de t. La déformation F est triviale si et seulement si ∂F/∂t appartient à l'idéal J(F) de En+l, ce qui implique, pour t = 0, que :

et justifie, s'il est besoin, la définition de la codimension de f.

L'analogue du théorème de structure du chapitre 5 s'énonce alors : Soit f ∈ En un germe de R-codimension finie μ. Une déformation F (à μ paramètres) de f est universelle si et seulement si les classes des germes ∂F/∂ti(x, 0), i = 1, ..., μ, engendrent le R-espace vectoriel En/J(f ).

Nous indiquons une démonstration très simple, due à J. Martinet, de ce théorème dans le cas du germe f ∈ E1 défini par f (x) = xn. Ici J(f ) = M1n−1 et E1/J(f ) ≃ Rn−1 est engendré par les classes des germes 1, x, ..., xn−2 ; un candidat à être une déformation universelle de f est donc :

Soit G(x, s) = xn + g(x, s), avec g(x, 0) = 0, une déformation à 1 paramètre de xn (le[...]

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Pour citer cet article

Alain CHENCINER. SINGULARITÉS DES FONCTIONS DIFFÉRENTIABLES, la théorie mathématique et ses applications [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Jets d'une fonction quadratique d'une variable - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jets d'une fonction quadratique d'une variable

Caractère universel d'une famille transverse - crédits : Encyclopædia Universalis France

Caractère universel d'une famille transverse

Stabilité d'une famille transverse - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stabilité d'une famille transverse

Autres références

  • CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs variables

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    • 5 442 mots
    En 1925, le mathématicien américain Marston Morse a inauguré l'étude des singularités des fonctions de classe Cm en montrant que l'on pouvait approcher toute fonction numérique f de classe Cm à n variables par des fonctions dont les seuls points singuliers sont des points isolés critiques...
  • CATASTROPHES THÉORIE DES

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    ...Globalement, le lieu critique C de π est une courbe régulière (sans singularités) de Σ dont l'image K est une ligne (de points plis) ne pouvant admettre comme singularités que des cusps ou des self-intersections transversales, correspondant à des singularités semi-locales (figure : situation globale avec self-intersections)....