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SHANGHAI [CHANG-HAI]

Au cœur des luttes politiques

La ville restera jusqu'en 1927 le centre principal du mouvement ouvrier et des activités du Parti communiste (fondé à Shanghai en 1921). C'était déjà à Shanghai qu'avaient eu lieu les principales grèves ouvrières du 4-Mai 1919. En mars 1927, la grève insurrectionnelle de 800 000 travailleurs de la ville assure le triomphe des troupes nationalistes sur les nordistes ; mais cette victoire ouvrière est éphémère, puisque, dès le 12 avril, Tchiang Kai-chek fait massacrer ses alliés d'extrême gauche. Les luttes politiques entre la gauche et la droite du mouvement national s'étaient polarisées autour de Shanghai de façon très significative.

Guerre sino-japonaise - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

Guerre sino-japonaise

À partir de 1927, la gauche ne livre plus à Shanghai que des combats d'arrière-garde, et la ville est dominée par le Guomindang, puis par les Nippons de 1937 à 1945. Les communistes n'y rentreront qu'en 1949. Ils s'interrogeront quelque temps sur l'avenir de la ville, envisageant même de « dégrader » Shanghai et de la réduire à une position économique secondaire, comme pour la punir de son passé de ville cosmopolite et marchande. Mais la politique finalement retenue fut de stabiliser la ville à son niveau de 1949 et de la reconvertir en centre d'industries de transformation. Shanghai, qui à l'origine faisait figure de corps étranger dans l'organisme communiste chinois, semble avoir été fort bien assimilée quand éclate en 1965 la révolution culturelle ; c'est à Shanghai que Mao Zedong s'établit dans la période où la capitale, Pékin, est tenue par les « appareils » du Parti communiste chinois et de l'État auxquels il a décidé de s'attaquer ; c'est dans des journaux de Shanghai que paraissent les premiers articles qui ouvrent les grandes luttes politiques de 1966-1967.

Seconde guerre sino-japonaise - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

Seconde guerre sino-japonaise

Guerre sino-japonaise, 1937-1945 - crédits : National Archives

Guerre sino-japonaise, 1937-1945

L'ouverture économique de 1978 prônée par Deng Xiaoping ne s'étend pas jusqu'à Shanghai, que le pouvoir entend tenir à l'écart, compte tenu de son passé, de toute velléité d'autonomie. Pour mieux s'assurer de son pouvoir sans partage, l'État contraint la ville à lui reverser 85 p. 100 de ses revenus, lui ôtant ainsi toute ressource propre. Shanghai fait d'ailleurs toujours partie, avec Tianjin, Chongqing et Pékin, des quatre municipalités que le pouvoir central administre directement au début du xxie siècle. Le renouveau n'intervient finalement qu'à partir des années 1990 et du choix décisif opéré au sommet de l'État en faveur de « l'économie socialiste de marché ».

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
  • : docteur ès lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jean CHESNEAUX, Jean DELVERT et Universalis. SHANGHAI [CHANG-HAI] [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chine : carte administrative

Port de Shanghai, Chine - crédits : Paolo Koch/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Port de Shanghai, Chine

Shanghai: quartier de Pudong - crédits : Steven Yu/ Pixabay

Shanghai: quartier de Pudong

Autres références

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...exploitations agricoles et horticoles qui profitent de la proximité d’un marché de plus de cinq millions de citadins. En Chine, dans l’aire métropolitaine de Shanghai, qui rassemble plus de 24 millions d’habitants, la gouvernance alimentaire et agricole est gérée au niveau de l’ensemble de la métropole par une...
  • CHINE - Hommes et dynamiques territoriales

    • Écrit par Thierry SANJUAN
    • 9 801 mots
    • 5 médias
    ...les grandes villes à conserver dorénavant une bonne partie de leurs revenus et à se lancer ainsi dans de véritables politiques de restructuration. Ainsi Shanghai n'est plus défavorisée face aux villes du Sud, elle est même soutenue dans la capitale par des dirigeants qui lui ont été attachés dans leur carrière...
  • CHINOIS CINÉMA

    • Écrit par Régis BERGERON, Adrien GOMBEAUD, Charles TESSON
    • 6 369 mots
    • 1 média
    ...chinoises. Néanmoins, quelque trois cents films seront tournés en Chine avant 1931. L’industrie chinoise du film s’appuie alors sur treize centres urbains ; c’est à Shanghai qu’elle est le plus active : dès 1923, deux metteurs en scène y ont créé la société de production l’Étoile avec les fonds de Chinois...
  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

    • Écrit par Corinne DEBAINE-FRANCFORT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Michel NURIDSANY, Madeleine PAUL-DAVID, Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS, Pierre RYCKMANS, Alain THOTE
    • 54 368 mots
    • 37 médias
    ...territoire de l'art contemporain. Créée en 1996, la galerie Shanghart dirigée par un Suisse, Lorenz Helbling, participe à la foire de Bâle dès l'an 2000. En 2000 et en 2002, la biennale de Shanghai (créée en 1996) acquiert une audience internationale. Après, elle retombe à un niveau médiocre.

Voir aussi