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SEXUALISATION, biologie

Dans le contexte de la fonction biologique fondamentale qu'est la reproduction (étudiée par ailleurs dans cet ouvrage de façon autonome), la sexualisation représente le mécanisme qui est à l'origine de la dichotomie phénotypique consubstantielle la reproduction sexuée. Il s'agit en effet des causes et des modalités de la différenciation sexuelle qui marque, dans une espèce animale, chaque individu soit du type masculin, soit du type féminin. À cet effet, les glandes génitales, ou gonades, ont, dans chaque sexe, un double rôle : elles assurent, d'une part la différenciation sexuelle de l'organisme, d'autre part les fonctions de reproduction.

Nous prendrons en exemple ce qui se produit dans l'espèce humaine. Dérivée de l'épithélium cœlomique, en un point voisin de l'ébauche cortico-surrénale, la gonade primitive reste indifférenciée, pendant les deux premiers mois de la vie embryonnaire puis elle se transforme en ovaire ou en testicule, selon le sexe génétique, lequel est matérialisé par deux chromosomes sexuels XX chez la femme, XY chez le mâle.

Sinus urogénital de l'embryon humain - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sinus urogénital de l'embryon humain

Le rôle des testicules s'affirme dès la vie embryonnaire. Les expériences de Raynaud, de Jost (1946) ont montré que la suppression des gonades à un stade précoce de la vie fœtale empêche la différenciation sexuelle de l'embryon mâle : il se développe alors morphologiquement selon le type femelle en réutilisant, pour les modifier sexuellement, des ébauches excrétrices fœtales provisoires qui sont les canaux de Müller et les canaux de Wolff (fig. 1). La sécrétion interne du testicule embryonnaire est nécessaire pour que se fassent successivement : d'abord la régression des canaux de Müller (qui donnent naissance chez la femelle à l'utérus, aux trompes et à la partie postérieure du vagin) ; puis le développement des canaux de Wolff (dont dérivent, chez le mâle, les épididymes, les canaux déférents et les vésicules séminales) ; enfin la différenciation masculine des organes génitaux externes. Inversement, l'injection d'hormone mâle (testostérone) à la femelle gestante ou dans l'embryon lui-même, provoque chez l'embryon femelle une différenciation sexuelle de type mâle. L'étude des anencéphales montre que, chez l'Homme, l'hypophyse n'est pas nécessaire à l'activation du testicule fœtal : celle-ci semble assurée par les gonadotrophines produites en abondance par le placenta. Après la naissance, le testicule redevient quiescent jusqu'à la puberté. À ce moment, sous l'influence des gonadostimulines hypophysaires, la sécrétion de testostérone par le tissu interstitiel du testicule (cellules de Leydig) achève le développement des organes génitaux externes et des caractères sexuels secondaires, en même temps que parviennent à maturation, dans les tubes séminifères, les cellules reproductrices (spermatozoïdes).

Dans le cas des ovaires, à la puberté féminine, sous l'influence également des gonadostimulines, la sécrétion d'estrogènes (œstrone et œstradiol) entraîne le développement des caractères sexuels secondaires et la prolifération de la muqueuse vaginale et de l'endomètre utérin ; l'expulsion mensuelle d'une cellule reproductrice (ovocyte) est suivie par le développement du corps jaune à partir du follicule d'où l'ovocyte était issu. Ce corps jaune sécrète la progestérone, qui détermine les conditions favorables au développement de la gestation. Si l'ovocyte n'est pas fécondé, la desquamation de la muqueuse utérine (où l'œuf aurait accompli sa nidation) provoque l'hémorragie menstruelle. La périodicité des fonctions ovariennes est sous la dépendance d'un « releasing factor ». Du noyau hypothalamique préoptique dépend la décharge d'hormone lutéinisante (LH) à effet ovulatoire qui se produit au milieu du [...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire de clinique endocrinologique à la faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine
  • : docteur de l'université de Montpellier (développement et reproduction), chercheur de l'industrie pharmaceutique
  • : biologiste à l'Institut Pasteur et au musée de l'Homme
  • : docteur ès sciences, chargé de recherche, C.N.R.S.-Institut Pasteur
  • : médecin des hôpitaux, docteur ès sciences, professeur des universités (première classe), C.H.U. Montpellier

Classification

Pour citer cet article

Jacques DECOURT, Jean-Marc LOBACCARO, Étienne PATIN, Lluis QUINTANA-MURCI et Charles SULTAN. SEXUALISATION, biologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sinus urogénital de l'embryon humain - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sinus urogénital de l'embryon humain

Production de la protéine AMH - crédits : Encyclopædia Universalis France

Production de la protéine AMH

Autres références

  • ANIMAUX MODES DE REPRODUCTION DES

    • Écrit par Catherine ZILLER
    • 4 447 mots
    • 4 médias
    La reproduction sexuée pose un problème qui lui est propre. C'est celui de la différenciation en deux sexes distincts ou sexualisation. En effet, la gamétogenèse s'effectue selon deux voies différentes. La gamétogenèse mâle produit des gamètes mâles ou spermatozoïdes ; c'est...

Voir aussi