RÉTROVIRUS
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Les rétrovirus sont des virus globulaires enveloppés, d'un diamètre de 110 à 125 nanomètres, très répandus dans le monde animal. Ils sont la cause de différentes formes de cancer, d'immunodéficiences, dont le sida, et de dégénérescences du système nerveux central. Ce sont des parasites vrais car leur génome s'intègre sous forme d'ADN proviral (c'est le provirus) dans l'ADN de la cellule hôte, ce qui lui permettra ainsi de s'exprimer pendant toute la vie active de la cellule. Les manipulations génétiques récentes de rétrovirus ont abouti à l'élaboration de vecteurs rétroviraux pour le transfert de gènes dans des cellules, et cette méthode, en cours d'expérimentation chez l'animal, va permettre le développement de nouvelles thérapeutiques.
Caractères généraux
La découverte des premiers rétrovirus a suivi de près l'émergence de la virologie en tant que nouvelle discipline de la biologie à la fin du xixe siècle : elle date du début du xxe siècle en Europe et aux États-Unis et a permis d'identifier le virus de l'anémie du cheval (EIAV), de la leucose aviaire (ALV) et du sarcome de Rous (RSV). Depuis lors, on a découvert de très nombreux rétrovirus infectant les mammifères, y compris l'homme, avec, par exemple, le virus de la leucémie de la souris (MuLV), du chat (FeLV), des bovins (BLV), de l'homme (HTLV), les virus du mouton et de la chèvre (Visna, CAEV) et les virus de l'immunodéficience du chat (FIV), du singe (SIV) et de l'homme (VIH, virus de l'immunodéficience humaine, responsable du sida).
Les rétrovirus sont très répandus dans le monde animal : ils sont fréquents chez les Mammifères, les oiseaux et les poissons ; ils ont été identifiés chez des mollusques, comme la moule, des annélides, comme le ver de terre, et des insectes, comme la mouche. Enfin, le caractère universel des rétrovirus est attesté par le fait qu'ils forment avec les pararétrovirus comme les hépadnavirus (virus de l'hépatite B), et les caulimovirus (virus de plante) la classe exogène d'éléments génétiques mobiles, et répétés, appelés « rétroéléments » présents dans tout le monde vivant.
Les rétrovirus peuvent être la cause de différentes formes de cancer (leucémie, lymphomes, sarcomes, etc.) de pathologies pulmonaires et articulaires, d'immunodéficiences (dont le sida chez l'homme), et de dégénérescences du système nerveux central. Parfois ils peuvent aussi n'avoir aucune conséquence pathologique.
Les rétrovirus ont joué un rôle capital dans l'émergence de nouveaux concepts en biologie et leurs développements expérimentaux depuis environ cinquante ans. En montrant que l'information génétique n'est pas à sens unique ADN → ARN → protéine, mais peut aller de l'ARN vers l'ADN grâce à une enzyme adéquate, la transcriptase inverse, la génomique rétrovirale a ruiné le « dogme central » de la biologie moléculaire, permettant ainsi les applications biotechnologiques de la transcriptase inverse pour exprimer des protéines et des enzymes animales. On découvrit aussi que les proto-oncogènes, qui sont à l'origine des gènes cellulaires captés par un rétrovirus, seront modifiés lors de la réplication du virus pour acquérir des propriétés oncogéniques responsables de cancers. Une mise au point des vecteurs rétroviraux pour le transfert de gènes chez l'animal et chez l'homme a enfin été une piste intéressante pour la thérapie génétique.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 5 pages
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par :
- Jean-Luc DARLIX : directeur de l'unité de virologie humaine à l'École normale supérieure de Lyon, I.N.S.E.R.M. U412, professeur, docteur ès sciences naturelles
Classification
Autres références
« RÉTROVIRUS » est également traité dans :
AZIDOTHYMIDINE (AZT)
La molécule appelée zidovudine – appellation pharmaceutique de l’azidothymidine, abrégée en AZT – est le premier médicament doté d’une certaine efficacité contre le VIH, le virus responsable du sida. Cet analogue d’un composant de l’ADN, la thymidine, bloque en effet l’enzyme qui permet la multiplication du virus dans une cellule infectée. La molécule et ses propriétés antivirales étaient connues […] Lire la suite
BALTIMORE DAVID (1938- )
Virologue américain, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1975 (conjointement à Howard M. Temin et Renato Dulbecco) pour l'exploration des interactions entre les virus oncogènes et le matériel génétique des cellules. Les travaux de ces trois chercheurs ont contribué à la compréhension du rôle des virus dans le développement du cancer. En travaillant indépendamment, David Baltimore et Howard T […] Lire la suite
CANCER - Cancers et virus
Dans le chapitre « La découverte de nouveaux virus tumorigènes est-elle prévisible ? » : […] Selon Harald Zur Hausen, près de 15 p. 100 de l'ensemble des cancers sont d'origine infectieuse, avec une large contribution des virus de différentes familles dans les agents impliqués. Le bilan des virus oncogènes n'est certainement pas terminé. Pour les virus oncogènes connus, nous distinguerons les tumeurs chez les sujets immunocompétents et chez les sujets immunodéprimés. Chez les immunocompét […] Lire la suite
DÉMYÉLINISATIONS
Phénomène pathologique, la démyélinisation est observée principalement dans deux maladies : la sclérose en plaques , qui touche le système nerveux central et qui est fatale à plus ou moins longue échéance, et la maladie de Guillain-Barré, qui touche le système nerveux périphérique et qui est spontanément régressive. L'examen post mortem du cerveau d'un malade atteint de sclérose en plaques montre […] Lire la suite
GÉNÉTIQUE
Dans le chapitre « Les macromolécules codées » : […] Dans l'ensemble des progrès accomplis, la reconnaissance de la structure et du rôle biologique des macromolécules codées, également appelées molécules informationnelles, est l'élément le plus significatif pour la représentation de ce qu'est réellement un système vivant. Les macromolécules codées sont des édifices chimiques, dont le poids moléculaire, toujours très élevé, se chiffre en nano ou pico […] Lire la suite
GÉNOMIQUE - La transgenèse
Dans le chapitre « Études relatives au développement » : […] Comme nous l'avons vu, les souris transgéniques permettent de déterminer quelles sont les séquences nécessaires à la régulation de l'expression d'un gène au cours du développement. Il est aussi possible d'analyser les conséquences de l'expression qualitativement ou quantitativement anormale d'un gène que l'on sait être important dans telle ou telle étape du développement. Le rôle de certains prot […] Lire la suite
IDENTIFICATION DU VIRUS DU SIDA VIH-1
En juin 1981, on observe aux États-Unis une augmentation brusque de l'usage d'un médicament servant à lutter contre les pneumonies à Pneumocystis carinii , une maladie normalement très rare. Rapidement, les cas se multiplient, au moins au début de l'épidémie, parmi la population homosexuelle ou toxicomane. La maladie est associée à une déficience immunitaire profonde qui rend le sujet sensible à d […] Lire la suite
LEUCÉMIES
Dans le chapitre « Quels sont les facteurs connus provoquant ces altérations des gènes des cellules ? » : […] Les facteurs intervenant dans le processus de leucémogenèse sont mieux connus chez l'animal que chez l'homme. Alors que les virus sont à l'origine de nombreuses leucémies animales, en particulier chez les félidés, les rongeurs, les gallinacés, la recherche de foyers de leucémie humaine évoquant une possible contagiosité a été longtemps infructueuse. Cependant deux rétrovirus, le HTLV 1 et le HT […] Lire la suite
ONCOGENÈSE ou CANCÉROGENÈSE ou CARCINOGENÈSE
Dans le chapitre « La découverte des proto-oncogènes. Leur conversion en gènes oncogènes viraux » : […] Les premières études expérimentales sur l'oncogenèse, dont les travaux d'Ellerman et Bang et de Rous sont d'excellents exemples, ont fait appel à des modèles animaux. Ces modèles, qui ont permis la découverte des premiers virus oncogènes, ont également conduit à l'identification d'agents chimiques ou physiques qui sont capables de provoquer l'apparition de tumeurs lorsqu'ils sont administrés à un […] Lire la suite
RÉTROTRANSCRIPTION DE L'ADN
À la fin des années 1960, la biologie moléculaire, alors jeune discipline, entre dans ce que l'historien Michel Morange a appelé sa « traversée du désert ». Les connaissances sont alors résumées par le « dogme central » énoncé par Francis H. C. Crick, qui veut que l'information aille uniquement de l'ADN (acide désoxyribonucléique) à l'ARN (acide ribonucléique), puis de l'ARN à la protéine. Le pass […] Lire la suite
Voir aussi
- ANTIRÉTROVIRAUX
- ANTIVIRAUX
- CHARGE VIRALE
- CONTAGION
- IMMUNODÉPRESSION
- INFECTION
- INTÉGRATION biologie moléculaire
- LENTIVIRUS
- LYMPHOCYTES T
- ONCOGÈNES
- ONCOVIRUS
- PRIMO-INFECTION
- PROTO-ONCOGÈNES
- PROVIRUS
- RÉPLICATION biologie moléculaire
- SPUMAVIRUS
- TRANSCRIPTASE INVERSE ou REVERSE TRANSCRIPTASE
- TRITHÉRAPIE
- VIH ou HIV
- VIRALE PARTICULE ou VIRION
Pour citer l’article
Jean-Luc DARLIX, « RÉTROVIRUS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 06 février 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/retrovirus/