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RAP, musique

East Coast versus West Coast

Au début des années 1990, New York perd en effet sa suprématie face au succès que rencontrent les rappeurs californiens. Le rap new-yorkais va retrouver sa primauté grâce à un jeune garçon de Brooklyn : Christopher Wallace, alias Notorious BIG. Signé par Bad Boy Records, le label de Sean « Puff Daddy » Combs, il impressionne fortement le monde du rap en 1994 avec son premier album Readyto Die, où son flow puissant et sa voix grave font merveille, notamment sur le titre « Juicy ». Avant d'être une star, Notorious BIG avait rencontré Tupac Shakur, rappeur né à Harlem, dont il était devenu ami. Ce dernier ne s’appelait pas encore 2Pac mais MC New York, ce qui ne manque pas d’ironie quand on sait qu’il sera, au mitan des années 1990, l’incarnation du rap West Coast au sein de Death Row Records. Ce label produira en 1996 son double album All Eyezon Me ainsi que le tube « California Love ». Petit à petit va s’installer entre les deux ex-amis une rivalité, largement alimentée par la guerre commerciale que se livrent leurs labels. L’art du clash, joute verbale essentielle dans l’art du rap, devient un jeu dangereux : alors que les mots étaient censés remplacer les armes, la violence réelle fait son apparition et conduira au décès des deux figures tutélaires du rap.

À Las Vegas, la nuit du 7 septembre 1996, 2Pac est criblé de balles et meurt de ses blessures vendredi 13 septembre. Sept semaines plus tard sort le premier album posthume de 2Pac, sous un nouveau pseudonyme : The Don Killuminati: The Seven Day Theory est signé Makaveli, en référence à Machiavel. Moins de six mois après l’assassinat de 2Pac, c’est Notorious BIG qui est exécuté le 9 mars 1997 à Los Angeles. Son second album sort deux semaines après sa mort avec un titre prémonitoire : Life afterDeath. Deux artistes phares morts après une guérilla entretenue par les médias : le monde du rap est en deuil et en état de choc. Plus jamais une querelle entre rappeurs ne donnera lieu à de tels bains de sang. Ainsi, lorsque Jay-Z clashe Nas quelques années plus tard avec le titre « Takeover », Nas répond avec « Ether ». Mais cette fois, la guerre se limite à des mots. Le rap américain a tiré les leçons de la guerre East Coast/West Coast, 2Pac/Notorious BIG.

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Pour citer cet article

Olivier CACHIN. RAP, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Soprano - crédits : Julien Hekimian/ WireImage/ Getty Images

Soprano

Public Enemy - crédits : Mark Allan/ AP/ SIPA

Public Enemy

<em>Ghost Dog</em>, J. Jarmusch - crédits : Abbot Genser/ Artisan Pics / The Kobal Collection/ Aurimages

Ghost Dog, J. Jarmusch

Autres références

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