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PORTO RICO

Histoire

Une colonie espagnole (XVIe-XIXe s.)

La population actuelle est le résultat de brassages entre les éléments locaux des Indiens Arawaks, peu nombreux, des Noirs et des Espagnols arrivés après le xvie siècle. L'île, découverte par Christophe Colomb, en 1493, au cours de son deuxième voyage en Amérique, fut appelée San Juan Bautista et reconnue possession espagnole. En 1508, un ancien compagnon de Colomb, Ponce de León, reçu la permission d'explorer l'île, qu'il aborda par la côte nord, en un excellent mouillage qu'il désigna du nom de Puerto Rico. L'usage s'établit d'appeler ainsi l'île, tandis que son principal port devint San Juan.

Château San Felipe del Morro, Porto Rico - crédits : Bill Wassman/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Château San Felipe del Morro, Porto Rico

Porto Rico demeura sous domination espagnole jusqu'à la guerre hispano-américaine, en 1898. L'espoir de trouver de l'or fut très rapidement déçu, aussi les Espagnols tentèrent-ils, dès le milieu du xvie siècle, de favoriser les cultures tropicales, dont la canne à sucre. Mais la main-d'œuvre était rare, peu efficace et périodiquement razziée par les Indiens venant d'îles voisines, si bien que, dès cette époque, les Espagnols décidèrent de faire de Porto Rico une base militaire et construisirent la forteresse d'El Morro pour protéger le port de San Juan. Porto Rico fut l'enjeu des convoitises successives des Anglais (Francis Drake chercha à s'emparer de San Juan en 1595, en vain), des Hollandais, qui échouèrent eux aussi, en 1625, et des Français. Toutes ces luttes entravèrent son développement économique : sa population était estimée à moins de 50 000 habitants vers 1765.

À la fin du xviiie siècle, des réformes inspirées du despotisme éclairé stimulèrent la culture de la canne à sucre et celle du café. On importa de la main-d'œuvre servile, et des colons vinrent de la métropole ou d'autres îles des Antilles. Les guerres de la Révolution et de l'Empire, marquées par une tentative, avortée, des Anglais pour s'emparer de l'île, eurent, entre autres conséquences, celle d'attirer des colons français de Louisiane et de Haïti. La population tripla entre 1750 et 1800 (155 000 hab.), et la prospérité de l'île en fut accrue.

Contrairement aux autres colonies espagnoles d'Amérique, Porto Rico demeura fidèle aux Bourbons d'Espagne et devint le refuge des loyalistes des colonies révoltées. En reconnaissance, Ferdinand VII lui accorda, en 1815, une large autonomie sur le plan économique et assouplit les liens politiques avec la métropole. Au cours du xixe siècle, Porto Rico connut des alternances de conservatisme et de libéralisme, ce qui détermina une évolution politique chaotique, marquée d'abord, entre 1837 et 1860, par le refus de l'Espagne d'accorder l'autonomie. En 1868, ce fut l'échec d'une révolte de partisans de l'indépendance, el Grito de Larès (le cri de Larès), mais vers la fin du siècle le mouvement autonomiste se renforça et entraîna la création du Parti unioniste de Luis Muñoz Rivera ; celui-ci réussit à obtenir en 1897 un Parlement composé de deux Chambres, ayant pouvoir de légiférer, sous le contrôle du gouverneur général. Ce succès trop tardif ne permit pas aux Portoricains d'expérimenter un gouvernement autonome, car le traité de Paris du 10 décembre 1898 cédait la dernière des Antilles espagnoles au gouvernement américain.

Le gouvernement direct des États-Unis (1898-1952)

Le régime de Porto Rico fut organisé par une série de mesures, échelonnées entre 1900 et 1952, dans un sens de plus en plus libéral. Après une courte expérience de gouvernement militaire, la loi Foraker (mai 1900) instaura un gouvernement civil, sous l'autorité du président des États-Unis. La participation des éléments locaux y était fort réduite, ce qui entraîna immédiatement des demandes pressantes pour une libéralisation du régime.[...]

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Écrit par

  • : agrégée d'espagnol, professeur de classes préparatoires au lycée Lakanal
  • : agrégé de l'Université, directeur adjoint du département d'études des pays anglophones de l'université de Paris-VIII, collaborateur du Monde diplomatique
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • : professeur d'histoire, université de Porto Rico, ancien secrétaire général de l'Association des universités et instituts de recherche de la région des Caraïbes
  • : professeur à l'université de Porto Rico, doyen de la faculté de sciences sociales
  • : journaliste
  • : professeur d'histoire, Rutgers University, États-Unis
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Françoise BARTHELEMY, Bernard CASSEN, Universalis, Claude FOHLEN, T. G. MATHEWS, José Luis MENDEZ, KAL WAGENHEIM et O. J. WAGENHEIM. PORTO RICO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Porto Rico [États-Unis] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Porto Rico [États-Unis] : carte administrative

Château San Felipe del Morro, Porto Rico - crédits : Bill Wassman/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Château San Felipe del Morro, Porto Rico

Autres références

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    ...constituée de matériel volcanique et volcano-sédimentaire d'arc insulaire (zone de Zaza à Cuba, formations Tireo et Los Ranchos à Hispaniola, l'essentiel de l'île dePorto Rico – nappe de Bermeja –, etc.), d'âge néocomien à sénonien (de 125 à 80 Ma), également mise en place au Campanien (80 Ma).
  • CARAÏBES - L'aire des Caraïbes

    • Écrit par Christian GIRAULT
    • 5 011 mots
    • 8 médias
    Dansle cas de Porto Rico, Washington conserve la souveraineté sur le pays et octroie la citoyenneté américaine à la population en 1917. Il ne s'agit cependant pas d'un État fédéré mais d'une simple possession : l'île devient, par la Constitution de 1952, un État autonome associé. De même, les États-Unis...
  • CARAÏBES - Littératures

    • Écrit par Jean-Pierre DURIX, Claude FELL, Jean-Louis JOUBERT, Oruno D. LARA
    • 15 575 mots
    • 4 médias
    ...constituent l'apport essentiel de la littérature missionnaire. Néanmoins, durant l'époque coloniale, la littérature fut loin d'avoir, à Saint-Domingue, Cuba et Porto Rico, l'éclat dont elle brilla au Mexique et au Pérou. Il faut attendre le xixe siècle et le romantisme pour que la littérature caraïbe...
  • MUÑOZ MARÍN LUIS (1898-1980)

    • Écrit par Universalis
    • 256 mots

    Après une formation aux États-Unis, où son père est « commissaire résident » de 1910 à 1916, Muñoz Marín étudie le droit, écrit deux livres, puis, en 1926, regagne Porto Rico, où il dirige le journal La Democracia. Élu au Sénat portoricain en 1932, Muñoz Marín aligne sa conduite sur celle...

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Voir aussi