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POLYMÈRES

Premières synthèses de polymères

En 1926-1927, Charles Milton Altland Stine (1882-1954), qui dirigeait alors les recherches de DuPont de Nemours, convainquit les dirigeants de cette firme d'investir dans la recherche fondamentale, comme le faisaient déjà General Electric et Bell Labs. Au début de 1928, il parvint à recruter l'un des jeunes chimistes américains les plus brillants, Wallace Hume Carothers (1896-1937), alors enseignant de trente et un ans à Harvard. À son arrivée à Wilmington, Carothers, persuadé de la justesse des vues de Staudinger quant à la structure macromoléculaire des polymères, entreprit de les préparer par des réactions chimiques simples et bien définies.

Il comprit qu'il y fallait des molécules bifonctionnelles comme matières premières, à faire réagir séparément par les deux bouts. Combinant des dialcools et des diacides, il obtint ainsi, en 1929, des polyesters aux masses moléculaires entre 1 500 et 4 000. Pourquoi pas davantage ? Carothers comprit que l'eau, le produit secondaire lors de la formation de liaisons esters, s'additionnait aux polyesters pour les hydrolyser, par réaction inverse, en alcools et acides. Il construisit avec Julian Hill (1904-1996) un appareil soutirant l'eau au fur et à mesure. Carothers et Hill combinèrent de la sorte un alcool en C3 et un acide en C16 en un polyester de masse moléculaire supérieure à 12 000.

Carothers et Hill s'attaquèrent dès lors (1930) à la préparation de polyamides, analogues chimiques des polyesters. Les premiers résultats furent décourageants du point de vue de l'obtention de fibres synthétiques. De plus, Elmer K. Bolton (1886-1968) succéda en juin 1930 à Stine comme directeur des recherches de DuPont de Nemours. Il n'avait pas la largeur de vues de son prédécesseur, donnant une priorité absolue aux applications. Carothers, mû par le seul esprit scientifique, lui résista désespérément. Il se détourna des polymères susceptibles de former des fibres textiles, pour se consacrer à l'étude mécanistique de la polymérisation.

Mais Bolton, avec pour idée fixe l'obtention d'une fibre synthétique, augmenta encore la pression. Carothers lui céda, et reprit en 1934 les recherches sur les polyamides. Le 24 mai 1934, son assistant Donald D. Coffman obtenait le premier échantillon de polyamides, précurseurs du Nylon®, aux belles fibres lustrées. À la suite de cinq années de recherches accélérées, le Nylon® entamait sa spectaculaire carrière commerciale.

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'université de Liège (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Pierre LASZLO. POLYMÈRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Chimie des matériaux au quotidien, T. Mallah - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chimie des matériaux au quotidien, T. Mallah

Autres références

  • ACÉTAMIDE (éthanamide)

    • Écrit par Dina SURDIN
    • 328 mots

    CH3—CO—NH2

    Masse moléculaire : 59,07 g

    Masse spécifique : 1,16 g/cm3

    Point de fusion : 82 0C

    Point d'ébullition : 222 0C.

    Monoamide primaire se présentant en cristaux blancs hexagonaux ou rhomboédriques. La structure cristalline de l'acétamide déterminée par les rayons X (méthode du...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 7 382 mots
    • 5 médias
    Les polyosides (polysaccharides dans la terminologie anglo-saxonne) sont des polymères à structure ordonnée, constitués par des motifs monomériques et donc des épitopes identiques se répétant à des intervalles réguliers le long de la macromolécule. Les motifs constitutifs y sont des oses ou des ...
  • CATALYSEURS MÉTALLOCÈNES

    • Écrit par Roger SPITZ
    • 2 060 mots
    • 5 médias

    Les polymères connaissent un développement de plus en plus important, prenant progressivement la place d'autres matériaux, comme les métaux, pour des applications à température modérée et exigeant à la fois une bonne tenue mécanique et une certaine légèreté. Grâce à l'agencement de nombreux types de...

  • CELLULE - L'organisation

    • Écrit par Pierre FAVARD
    • 11 028 mots
    • 15 médias
    Chaque élément du cytosquelette est donc un polymère dont l'architecture est précise et originale. La cellule est capable de dépolymériser ses microtubules et ses filaments d'actine en dimères de tubulines ou en monomères d'actine globulaire, dimères et monomères qu'elle peut ensuite repolymériser....
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Voir aussi