PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE

L’homme de Piltdown et la théorie des présapiens

Mâchoire de l'homme de Heidelberg

Mâchoire de l'homme de Heidelberg

Mâchoire de l'homme de Heidelberg

Mâchoire inférieure de l'homme de Heidelberg, découverte en 1907 dans une sablière proche de cette…

À cinq ans d'intervalle, en 1907 et 1912, deux autres découvertes survenues dans des couches anciennes en Europe même, vont illustrer à leur tour l'existence d'un être intermédiaire entre les singes et l'homme. La première, représentée par une mâchoire inférieure, provenait d'une sablière située près de Heidelberg, à Mauer. La trouvaille était fort ancienne à en juger par son enfouissement sous 24 mètres de sables et de lœss et par la faune qui l'accompagnait. Tandis que les uns s’efforçaient de trouver à cette mâchoire étonnamment massive et sans menton des caractères très simiesques par opposition aux dents manifestement humaines, son découvreur, Otto Schoetensack, l'attribua d'emblée à un nouveau type humain : l’Homo heidelbergensis. Elle n'apporta cependant rien de neuf puisqu’on se trouve dans l'impossibilité de la comparer aux fossiles de Java et en l'absence de tout contexte archéologique.

Autrement importante fut la découverte, en 1912, du fameux crâne de l' homme de Piltdown, dans le Sussex, en Angleterre. Tandis que le crâne reconstitué à partir de cinq morceaux était « tout pareil à celui d'un bourgeois de Londres », la mâchoire, quant à elle, présentait toutes les caractéristiques de celle d'un singe en dépit de ses dents d'apparence humaine. Le retentissement de cette découverte inespérée, faite par un archéologue amateur, Charles Dawson, fut considérable : elle fit l'objet de près de 500 publications de par le monde jusqu'au moment où, en 1953, l'on découvrit que l'homme de Piltdown n'était qu'une supercherie. La découverte de ces ossements à vrai dire tombait à pic en faisant renaître l'idée, déjà en faveur à la fin du xix e siècle, que le crâne avait dû atteindre sa forme présente à une époque fort ancienne. La différenciation des « races » humaines était alors généralement tenue pour un processus lent qui avait dû nécessiter toute la durée du Quaternaire. Deux lignées semblaient ainsi s'être côtoyées, en Europe, en y évoluant parallèlement : l'une menant aux hommes de Néandertal, l'autre qualifiée de « présapiens » donnant naissance à l'homme de type moderne représenté par les Cro-Magnons. La théorie des présapiens, confortée par la découverte de nouveaux restes d'hommes fossiles (Swanscombe, en Grande-Bretagne et Fontéchevade, en France) connut, à partir des années 1950, une large diffusion, puis fut peu à peu abandonnée, lorsque fut démontré que tous les prétendus représentants des présapiens menaient en fait vers les Néandertaliens.

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Herbert THOMAS, « PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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