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OULÉMAS, OULAMAS ou ULÉMAS

L'Association des oulémas algériens

L'Association des oulémas algériens n'a rien eu de comparable – quel que soit le point de vue auquel on se place – avec l'Aréopage d'Al-Azhar. Fondée en 1931 à Constantine par Abdel-Hamid ben Badis, elle groupait au début une dizaine de diplômés du Caire, de Damas et surtout de la Zaytūna de Tunis. Ses premiers fonds lui vinrent d'un riche commerçant d'Alger. Elle s'était donné pour objectif de faire revivre en Algérie la culture arabe et musulmane. Son action s'est exercée, dans les milieux lettrés, par la publication d'un mensuel, Al-Shihāb, plus tard remplacé par un hebdomadaire, Al-Baṣā'ir ; elle a atteint les milieux populaires par des sortes de prédications en plein air, et les jeunes par la création d'écoles et de clubs privés.

La personnalité de Ben Badis domine, et de loin, celle de ses compagnons. Il s'était réservé le Constantinois, qu'il parcourait en prononçant des discours improvisés, mi-religieux, mi-nationalistes, dans les marchés et autres lieux de réunion. En règle générale, les autorités ne sont pas intervenues, peut-être en raison du caractère spontané de telles « prédications ».

Après la mort de Ben Badis, en 1940, l'Association a été dirigée par le shaykh Bachir Ibrahimi : l'hebdomadaire Al-Baṣā'ir parut jusqu'en 1955. C'est dans cet organe qu'étaient publiés tous les manifestes de l'Association.

L'Association des oulémas algériens a symbolisé une Algérie à la recherche de sa culture islamique et de son passé. Son action dans ce domaine n'a pas été négligeable. Lors de l'assemblée générale de ses « oulémas » tenue à Alger en 1951, elle pouvait revendiquer l'ouverture de 125 écoles primaires, comprenant 300 classes. C'était surtout par les cours du soir, faits en arabe, qui touchaient 20 000 élèves, que s'affirmait sa vocation culturelle. Elle avait créé un institut à Tlemcen et un autre à Constantine, qui avaient pour mission de préparer les étudiants à entrer à la Zaytūna de Tunis.

Dans les années qui ont suivi l'indépendance, l'Association ne s'est plus manifestée en tant que telle, et les « appels » paraissant dans la presse sont, après 1962, signés par des groupements comme les « Oulémas de l'islam et de la langue arabe ».

— Yvon LINANT DE BELLEFONDS

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Pour citer cet article

Yvon LINANT DE BELLEFONDS et Guy MONNOT. OULÉMAS, OULAMAS ou ULÉMAS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...justice. Dans le développement de leur système d'administration de la population, les talibans bénéficient de la demande de justice de la population. Les juges talibans sont des oulémas et jouissent de ce fait d'un certain prestige, d'autant qu'ils sont généralement moins corrompus que ceux du gouvernement....
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...primaires françaises, n'apercevait d'autre issue à ses revendications d'égalité que la citoyenneté française, une autre voie lui fut indiquée par les ulémaset les champions de l' arabisme : la « Nation algérienne ». Par l'enseignement, le scoutisme et la propagande écrite et orale, les ulémas insufflèrent...
  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Ghassan SALAMÉ
    • 25 169 mots
    • 10 médias
    Les savants en religion (ulémas) wahhabites, souvent issus de familles du centre du pays, entretiennent une relation de proximité avec le régime. Le dirigeant (wali al-amr) n'a de légitimité à gouverner que parce qu'il le « fait selon la volonté de Dieu ». Un appareil de juges, enseignants religieux,...
  • CHIISME ou SHĪ‘ISME

    • Écrit par Henry CORBIN, Yann RICHARD
    • 9 396 mots
    • 2 médias
    ...était en train de conquérir, en 1501, il se heurta à l'absence en Iran d'institutions juridico-théologiques shī‘ites. Pour gouverner, il avait besoin d'ulémas qui reconnussent la légitimité de son pouvoir et qui pussent faire appliquer la jurisprudence de l'école ja‘farite (de Ja‘far al-al-Sādeq, le...
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