NÉO-IMPRESSIONNISME

<it>Avignon. Soir (le château des Papes)</it>, P. Signac

Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

Paul Signac, Avignon. Soir (le château des Papes), 1909. Huile sur toile, 73 cm × 92 cm. Musée…

Mouvement dont l'activité s'affirme avec le plus de cohérence entre 1885 et 1890 environ, et dont Seurat, Signac, Cross, Angrand et Camille Pissarro sont, en France, les principaux représentants. Le néo-impressionnisme se définit d'abord, comme son nom l'indique, par rapport à l'impressionnisme ; mais « néo » est un préfixe ambigu : il indique une renaissance, ce qui signifie à la fois mort et héritage. Mort, car Seurat et ses amis constatent la dispersion du groupe impressionniste historique aussi bien qu'une certaine faillite de son esthétique. Héritage, car tout en se donnant des objectifs opposés à ceux de l'impressionnisme, ils cherchent à les associer dans une synthèse, à la différence de Gauguin, par exemple, qui, vers la même époque, ne trouve son style personnel que moyennant une rupture radicale avec l'impressionnisme. L'année 1880 est celle de la cinquième exposition impressionniste, mais ni Cézanne, ni Monet, ni Renoir, ni Sisley n'y figurent, et cet effritement du groupe original s'accompagne d'importants changements esthétiques. Par des voies différentes, Cézanne, Pissarro et même, pour un temps, Renoir réagissent contre ce qui, dans l'impressionnisme, répugne à la forme définie, contre sa préférence marquée pour la touche au détriment du dessin. Ils aspirent à représenter un univers moins évanescent, à laisser moins d'initiative à l'instinct, à retrouver des valeurs « classiques », plus intellectuelles d'ordonnance ou de construction, sans pour autant sacrifier toutes les conquêtes de l'impressionnisme. Cette réaction va de pair avec une réflexion théorique intense, dans le monde scientifique (Helmholtz, Rood, Chevreul dont la Loi du contraste simultané sera rééditée en 1889), sur la physiologie de la vision, les problèmes de la lumière et de la couleur : préoccupations chères aux impressionnistes et qu'ils ont illustrées depuis 1870 avec un éclat sans précédent, mais d'instinct.

<it>L'Embranchement de Bois-Colombes</it>, P. Signac

L'Embranchement de Bois-Colombes, P. Signac

L'Embranchement de Bois-Colombes, P. Signac

Paul Signac (1863-1935), L'Embranchement de Bois-Colombes. Cette œuvre figurait à la huitième et…

<it>Le Déjeuner des canotiers</it>, A. Renoir

Le Déjeuner des canotiers, A. Renoir

Le Déjeuner des canotiers, A. Renoir

Auguste Renoir, Le Déjeuner des canotiers, 1880-1881. Huile sur toile, 129,5 cm × 172,7 cm. Phillips…

<em>Une lecture</em>, T. van Rysselberghe

Une lecture, T. van Rysselberghe

Une lecture, T. van Rysselberghe

Le tableau réunit autour d'Émile Verhaeren, saisi dans l'acte de la lecture, différents…

Le néo-impressionnisme s'inscrit, dans ce contexte historique, non par la liquidation intégrale de l'impression, mais par sa réforme méthodique. L'initiative en revient à Seurat. Ses premiers tableaux, vers 1880-1882, reprennent la vision vibrante et la technique par touches, propres aux impressionnistes, mais avec une régularité d'écriture qui était étrangère à ceux-ci. C'est l'amorce du divisionnisme, fragmentation systématique des touches de pigments purs, dissociant la couleur locale de la couleur d'éclairage pour les combiner en principe dans un « mélange optique », qu'un premier chef-d'œuvre, Une baignade, Asnières (National Gallery, Londres), illustre en 1883-1884, suivi en 1884-1885 par Un dimanche après-midi à l'île de la Grande-Jatte (Art Institute, Chicago). Le génie fervent et rigoureux de Seurat donne sa mesure dans cette peinture, où les conquêtes de l'impression sont intégrées dans une composition toute d'ordre, de mesure, proche, même, par son rythme et par ses motifs, des pages monumentales de Puvis de Chavannes. Tels sont les très grands exemples autour desquels se réunissent, vers 1886, les artistes et les critiques sympathisants qui forment le groupe néo-impressionniste. Liés d'amitié depuis le premier Salon des indépendants (1884) où ils exposèrent ensemble et où figure la Baignade, Seurat, Signac, Cross, Angrand, Dubois-Pillet s'adonnent à d'actives spéculations esthétiques, dans le sens indiqué par Seurat. Mais ce n'est qu'en 1886 que le néo-impressionnisme se constitue pleinement comme style, et qu'il reçoit son nom (du critique Félix Fénéon, qui se fait l'interprète et le champion du groupe). C'est à l'occasion de la huitième et dernière exposition impressionniste à laquelle participent, outre Seurat avec [...]

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    Pierre GEORGEL, « NÉO-IMPRESSIONNISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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    <it>Avignon. Soir (le château des Papes)</it>, P. Signac

    Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

    Avignon. Soir (le château des Papes), P. Signac

    Paul Signac, Avignon. Soir (le château des Papes), 1909. Huile sur toile, 73 cm × 92 cm. Musée…

    <it>L'Embranchement de Bois-Colombes</it>, P. Signac

    L'Embranchement de Bois-Colombes, P. Signac

    L'Embranchement de Bois-Colombes, P. Signac

    Paul Signac (1863-1935), L'Embranchement de Bois-Colombes. Cette œuvre figurait à la huitième et…

    <it>Le Déjeuner des canotiers</it>, A. Renoir

    Le Déjeuner des canotiers, A. Renoir

    Le Déjeuner des canotiers, A. Renoir

    Auguste Renoir, Le Déjeuner des canotiers, 1880-1881. Huile sur toile, 129,5 cm × 172,7 cm. Phillips…

    Autres références

    • LE NÉO-IMPRESSIONNISME (exposition)

      • Écrit par Barthélémy JOBERT
      • 938 mots

      Pour la première fois en France, une rétrospective d'ensemble était consacrée, du 14 mars au 10 juillet 2005, par le musée d'Orsay à Paris, au néo-impressionnisme. Son titre, Le néo-impressionnisme : de Seurat à Paul Klee, en soulignait l'ambition. Il ne s'agissait pas simplement...

    • CROSS HENRI EDMOND DELACROIX dit HENRI (1856-1910)

      • Écrit par Antoine TERRASSE
      • 272 mots
      • 1 média

      « Mais n'est-il pas possible d'instituer un tableau de façon précise et consciente ? — M. Georges Seurat en prit l'initiative et en établit les termes dans son tableau Un dimanche à la Grande Jatte (1884-1886). » Félix Fénéon a défini ainsi le départ du néo-impressionnisme...

    • D'EUGÈNE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME, Paul Signac - Fiche de lecture

      • Écrit par Barthélémy JOBERT
      • 941 mots
      • 1 média
      ...Delacroix. La publication du Journal, et en particulier des longs passages où Delacroix théorise son utilisation de la couleur, arrivait donc à son heure : pour Signac, la meilleure défense du néo-impressionnisme consistait à retracer la filiation qui reliait ce mouvement à Delacroix. Aussi fait-il de nombreuses...
    • FAUVISME

      • Écrit par Michel HOOG
      • 3 538 mots
      • 1 média
      Quant au néo-impressionnisme, il semble qu'on ait longtemps négligé son influence sur les fauves. Matisse, comme tous les peintres de sa génération, a été un lecteur attentif du petit livre de Signac, D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme (1899). C'est Signac qui patronne le groupe...
    • IMPRESSIONNISME

      • Écrit par Jean CASSOU
      • 8 346 mots
      • 26 médias
      ...science, il y a en art une vérité à trouver et des principes à édicter. Cela se formule dans le texte de Seurat intitulé Ma méthode et dans le livre de Signac : D'Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, paru en 1899 à la Revue blanche. Comme on l'a vu plus haut, c'est de Delacroix que se réclame...
    • LUCE MAXIMILIEN (1858-1941)

      • Écrit par Jean-Paul BOUILLON
      • 356 mots

      « Maximilien Luce. Un nouveau venu, un brutal et un loyal au talent fruste et musculeux. Dans des mansardes sans femmes, un ouvrier nu-torse se débarbouille, un autre trempe une croûte dans un bol. Les plus lépreux abords des fortifications, il les peint... » En prenant ces quelques notes à la...

    • Afficher les 8 références

    Voir aussi