MI FU [MI FOU] (1051-1107)
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Les excentricités de Mi Fu
Les excentricités de Mi Fu ont fourni la matière d'innombrables récits anecdotiques et peuvent dans une certaine mesure nous éclairer sur sa personnalité. Il avait une obsession pathologique de la propreté – trait qui se retrouve dans la suite chez plusieurs autres esthètes et artistes célèbres, sans qu'il soit toujours possible de déterminer le degré d'authenticité de cette manie qui, parfois, peut relever d'une pose conventionnelle, ou encore ne correspondre qu'à un stéréotype des biographes. Il affectait de se vêtir à la mode des Tang, comme pour mieux marquer les distances qu'il voulait prendre à l'égard de son temps. À son arrivée dans un poste de province où il venait d'être nommé, avant toute autre visite officielle, il commença par présenter solennellement ses respects à un rocher de forme étrange qui se trouvait dans ce district ; cette incongruité lui valut des sanctions administratives. Il continua cependant à assumer son geste et commémora même l'épisode dans une peinture, ce qui montre bien qu'il y attachait une valeur d'exemple. Les rocailles aux formes contournées occupent une position privilégiée dans l'esthétique chinoise, étant les œuvres d'art de la nature elle-même, produit direct de la création universelle dont elles reflètent en microcosme l'énergie et les rythmes. Par son geste spectaculaire, Mi Fu voulait signifier un autre ordre hiérarchique où les relations de l'homme avec le monde (naturel et esthétique : les deux se confondent) doivent l'emporter sur l'artifice des conventions sociales.
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Écrit par :
- Pierre RYCKMANS : reader, Department of Chinese, Australian National University
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Pour citer l’article
Pierre RYCKMANS, « MI FU [MI FOU] (1051-1107) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 03 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/mi-fu-mi-fou/