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MI FU[MI FOU](1051-1107)

Les excentricités de Mi Fu

Les excentricités de Mi Fu ont fourni la matière d'innombrables récits anecdotiques et peuvent dans une certaine mesure nous éclairer sur sa personnalité. Il avait une obsession pathologique de la propreté – trait qui se retrouve dans la suite chez plusieurs autres esthètes et artistes célèbres, sans qu'il soit toujours possible de déterminer le degré d'authenticité de cette manie qui, parfois, peut relever d'une pose conventionnelle, ou encore ne correspondre qu'à un stéréotype des biographes. Il affectait de se vêtir à la mode des Tang, comme pour mieux marquer les distances qu'il voulait prendre à l'égard de son temps. À son arrivée dans un poste de province où il venait d'être nommé, avant toute autre visite officielle, il commença par présenter solennellement ses respects à un rocher de forme étrange qui se trouvait dans ce district ; cette incongruité lui valut des sanctions administratives. Il continua cependant à assumer son geste et commémora même l'épisode dans une peinture, ce qui montre bien qu'il y attachait une valeur d'exemple. Les rocailles aux formes contournées occupent une position privilégiée dans l'esthétique chinoise, étant les œuvres d'art de la nature elle-même, produit direct de la création universelle dont elles reflètent en microcosme l'énergie et les rythmes. Par son geste spectaculaire, Mi Fu voulait signifier un autre ordre hiérarchique où les relations de l'homme avec le monde (naturel et esthétique : les deux se confondent) doivent l'emporter sur l'artifice des conventions sociales.

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Écrit par

  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

Classification

Pour citer cet article

Pierre RYCKMANS. MI FU [MI FOU] (1051-1107) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

    • Écrit par Corinne DEBAINE-FRANCFORT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Michel NURIDSANY, Madeleine PAUL-DAVID, Michèle PIRAZZOLI-t'SERSTEVENS, Pierre RYCKMANS, Alain THOTE
    • 54 368 mots
    • 37 médias
    ...et peintre, un style de cour se crée, réaliste et décoratif, d'un esprit opposé aux recherches de cénacle des lettrés contemporains. Parmi ces lettrés, Mi Fu (1051-1107), grand calligraphe, ne se mit à peindre qu'à la fin de sa vie, faisant appel à son expérience calligraphique pour évoquer la nature,...
  • GAO KEGONG [KAO K'O-KONG] (1248-?)

    • Écrit par Ching-lang HOU
    • 393 mots

    En Chine, la peinture de paysage dans le style des lettrés connaît son épanouissement pendant la dynastie des Yuan (1280-1368). Les quatre grands maîtres (Huang Gongwang, Wu Zhen, Ni Zan, Wang Meng), considérés à partir de l'époque Ming comme les novateurs du xive siècle, respectaient...

  • NI ZAN [NI TSAN] (1301-1374)

    • Écrit par Pierre RYCKMANS
    • 1 512 mots
    ...grands paysagistes du xe siècle, Dong Yuan avant tout, le maître du paysage méridional dont s'était réclamée l'école lettrée depuis Mi Fu, et que Zhao Mengfu avait à nouveau proposé comme modèle dès le début de l'époque Yuan ; mais il a également étudié Jing Hao, Guan Tong et ...

Voir aussi