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MÉTAPSYCHOLOGIE

« Qui suit », « au-delà de » (du grec meta) la psychologie. Terme créé par Sigmund Freud dans sa correspondance privée avec Wilhelm Fliess, en 1896, puis défini comme suit, en 1915, dans L'Inconscient : « Nous ne trouverons pas déraisonnable de distinguer par un nom particulier le mode de considération qui est le plein achèvement de la recherche psychanalytique. Je propose que l'on doive nommer une présentation métapsychologique lorsque nous réussissons à décrire un processus psychique selon ses relations dynamiques, topiques et économiques ». La référence à Aristote est tacite mais évidente.

Explicitations

Le point de vue dynamique considère que les formations psychiques – des rêves au caractère, en passant par les symptômes ou les idéaux – sont des processus temporels dont la stabilité est relative. Elles résultent de conflits entre des forces psychiques sous-jacentes, d'origine pulsionnelle, qui se dépensent dans l'entretien desdites formations et peuvent varier, entraînant des changements ou la disparition des formations psychiques correspondantes. Freud a apporté une rupture épistémologique, en psychologie et en psychiatrie, en introduisant un point de vue dynamique dans des études auparavant statiques. Ce travail est amorcé dès 1892 dans son premier article de praticien : « Un cas de guérison hypnotique suivi de remarques sur l'apparition de symptômes hystériques par “contre-volonté” ». En effet, seule la perspective dynamique justifie, en droit et en fait, la possibilité de changements psychiques, donc de psychothérapie. Elle gomme en outre toute distinction nette entre normal et pathologique.

Le point de vue topique procède des stylisations freudiennes successives du psychisme, qui distinguent des lieux psychiques selon leurs modalités de fonctionnement. Ainsi, la première topique propose trois instances – l'inconscient, le préconscient et le conscient –, chacune séparée des autres par une censure. Dans cette première stylisation, l'inconscient est le lieu des représentations refoulées, et il fonctionne selon le processus dit primaire, régulé par le principe de plaisir. Tous deux sont à l'œuvre dans la création des rêves, symptômes, lapsus et mots d'esprit, par exemple. La fonction du conscient s'identifie à son nom. Le préconscient est le lieu de représentations non actuellement conscientes, mais susceptibles de le devenir sans qu'il faille lever un refoulement. Préconscient et conscient fonctionnent selon le processus secondaire, le principe de réalité – la raison, au sens large. La seconde topique vise à mieux intégrer tous les processus psychiques, et propose de distinguer le ça, le surmoi et le moi. Le ça inclut l'inconscient et représente l'instance psychique immédiatement liée au corps et qui en reçoit les pulsions. Le moi inclut le conscient, mais comporte des processus inconscients comme les mécanismes de défense. Enfin, le surmoi, pour la plupart inconscient, procède des identifications effectuées pendant l'enfance à l'endroit des adultes proches ; il génère la conscience morale, les sentiments de culpabilité, mais aussi l'humour. Un lieu manque à ces topiques, la réalité extérieure, avec laquelle le psychisme ne cesse pas d'échanger : elle l'alimente autant qu'il la construit. À partir de 1924, Freud introduira la considération de la réalité, et certains psychanalystes parlent de troisième topique.

Le point de vue économique (au sens classique du terme, c'est-à-dire de théorie des échanges) étudie les énergies qui alimentent le psychisme, dont la libido, et leurs modes de circulation et de régulation. Freud considère le psychisme comme un appareil qui transforme de l'énergie à partir des quantités d'excitation en provenance du corps propre et de la réalité extérieure qu'il[...]

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Pour citer cet article

Michèle BOMPARD-PORTE. MÉTAPSYCHOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PSYCHANALYSE (théories et pratiques)

    • Écrit par Jacques SÉDAT
    • 6 689 mots
    • 1 média
    ...la mesure où les deux points de vue, sous des aspects divers, privilégient l'activité psychique. Outre les histoires de malades, on trouve des écrits « métapsychologiques » et des textes consacrés à des recommandations techniques. Freud prend soin de définir ainsi ses exposés métapsychologiques : « I1...

Voir aussi