Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MÉLANOCORTINES

Les progrès récents de la biologie moléculaire ont révélé les relations entre des phénomènes aussi éloignés que l'obésité et la pigmentation de la peau ou du pelage. Ces progrès sont dus au clonage de récepteurs pour les mélanocortines. Les mélanocortines sont des peptides dérivant d'un précurseur protéique synthétisé dans la glande hypophyse, la proopiomélanocortine. Ces peptides sont essentiellement l'ACTH, qui contrôle le fonctionnement de la glande corticosurrénale, et les MSH (α, β et γ), responsables de la pigmentation de la peau et du pelage. Les récepteurs des mélanocortines sont des récepteurs membranaires qui conduisent à une augmentation de l'AMP cyclique intracellulaire. Ils sont au nombre de cinq : MC1R est responsable de l'action physiologique de la MSH sur la pigmentation ; MC2R, de l'action de l'ACTH. En revanche trois autres récepteurs ont des fonctions moins bien connues : MC3R et MC4R sont présents dans le cerveau (hypothalamus, système limbique) et MC5R dans certains organes comme le foie, la rate, le muscle.

Il existe de nombreux mutants du récepteur MC1R, responsables de nombreux phénotypes pigmentaires : couleur rousse ou jaune du pelage en cas d'hypofonctionnement ou noire en cas d'hyperfonctionnement.

En outre, ce récepteur peut être inhibé de manière originale par un peptide endogène, dit agouti, produit par les follicules pileux et qui entre en compétition avec la MSH. Il s'agit là du seul exemple connu à ce jour d'inhibition compétitive de deux peptides endogènes différents au niveau d'un même récepteur. Lorsque le peptide agouti est produit en excès chez la souris, le phénotype observé associe un pelage jaune, une obésité et un diabète. On admet que, dans ce cas, agouti inhibe l'action de la MSH, non seulement au niveau du récepteur MC1R des mélanocytes mais aussi du récepteur MC4R de l'hypothalamus. Des souris dont le gène de MC4R a été invalidé sont obèses et hyperphagiques. Le récepteur MC4R joue donc un rôle dans la physiopathologie de l'obésité et représente un site d'action thérapeutique éventuelle.

— Jacques HANOUNE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jacques HANOUNE. MÉLANOCORTINES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONTRÔLE CENTRAL DE L'APPÉTIT

    • Écrit par Serge LUQUET
    • 5 946 mots
    • 6 médias
    ...neurones TSH du PVN. Cela se traduit in fine par une réduction du métabolisme de base, ce qui préserve l’énergie disponible. L’ensemble fait partie du système mélano-cortinergique. Une des raisons pour lesquelles celui-ci est aussi étudié tient au fait que la moindre mutation dans l’un ou l’autre des...
  • OBÉSITÉ

    • Écrit par Arnaud BASDEVANT, Cécile CIANGURA
    • 5 965 mots
    • 1 média
    ...énergétiques, mais dont le rôle dans la genèse de l'obésité commune reste encore à préciser. C'est le cas également de ce que l'on appelle les système des mélanocortines en cause dans un pourcentage non négligeable d'obésité chez l'enfant. Grâce à ces études génétiques, il sera sans doute possible de découvrir...

Voir aussi