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MÉGALOPOLIS

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

S’étirant sur 800 kilomètres le long de la côte nord-est des États-Unis, la mégalopolis est un ensemble de villes d’envergure internationale qui, par leur proximité géographique, tendent à ne former qu’une seule unité urbaine. Surnommée « BosWash », raccourci de ses deux extrémités géographiques, nord (Boston) et sud (Washington), ou encore « Bosnywash » lorsqu’on y inclut New York qui en constitue le centre et la principale ville, elle est la plus importante et la plus ancienne des trois mégalopoles existantes dans le monde, avec celle de Tōkyō-Kōbe-Ōsaka-Fukuoka au Japon et celle qui relie Londres à Milan par l’Europe rhénane.

Philadelphie, États-Unis - crédits : O. Le Queinec/ Shutterstock

Philadelphie, États-Unis

Au début des années 2020, elle regroupe 70 millions d’habitants (plus de 20 p. 100 de la population américaine) sur 2 p. 100 du territoire national et compte cinq agglomérations de plus de 2,5 millions d’habitants : New York, Washington, Philadelphie, Boston et Baltimore, auxquelles s’ajoutent sept agglomérations de plus de 500 000 habitants, dont Providence, Hartford, Worcester, Bridgeport, New Haven, Allentown-Bethlehem et Springfield.

C’est le géographe français Jean Gottmann qui, en 1961, dans son livre Megalopolis. The UrbanizedNortheasternSeaboard of the United States, désigne sous ce terme l’ensemble urbain du Nord-Est américain, un nom d’origine grecque (de megas, « grand » et polis, « ville ») qui avait été donné à une ville du Péloponnèse, au ive siècle avant notre ère, par ses fondateurs désireux de la voir devenir une grande ville ; elle compte aujourd’hui 5 000 habitants. De ce terme est né celui de « mégalopole », qui désigne désormais les deux autres ensembles de ce type.

L’histoire et la géographie donnent des clés pour comprendre l’existence d’une telle concentration de villes, d’activités, de richesse et de pouvoir.

Un espace des possibles

Dès le xviie siècle, la colonisation anglaise en Amérique du Nord ne se fixe pas sur une seule ville mais sur un chapelet de petites cités fondées par différents groupes religieux en quête d’un refuge après les persécutions subies en Angleterre. Persuadé d’être porteur d’une mission divine, chaque groupe édifie sa « Jérusalem céleste », dont l’essor sera la preuve tangible que leur cité est bien la seule à mériter ce titre. Boston est bâtie par les puritains, qui persécutent d’autres puritains, lesquels fondent Providence. Les quakers s’installent à Philadelphie, Baltimore est créée par un catholique chassé par les protestants de Virginie… Seule New York, alors appelée New Amsterdam, est fondée à des fins commerciales par des protestants hollandais.

Ce sont avant tout des fondations agricoles, mais leur site littoral favorise rapidement le commerce maritime, non pas essentiellement des unes avec les autres, mais tourné surtout vers la mère patrie, d’où arrivent, aux xviie et xviiie siècles, la plupart des nouveaux colons.

La géographie permet elle aussi l’émergence d’une colonisation multipolarisée, en raison de la présence de nombreuses baies et bras de mer abrités de l’océan, favorables au développement des ports relativement faciles à défendre, de menaces venues de la terre comme de la mer (isthmes, îles, baies). Car si la ville est un refuge contre les persécutions religieuses, elle l’est également contre les Indiens et leurs incursions répétées.

En parallèle, la colonisation de l’arrière-pays, par ailleurs riche en ressources naturelles et en sources d’énergie, bute rapidement sur la barrière montagneuse des Appalaches, qui restera longtemps la limite d’un au-delà inconnu et dangereux, accentuant encore la concentration des colons sur une bande de terre entre océan et montagne. Ainsi, dès 1775, neuf des onze villes de plus de 5 000 habitants que compte l’Amérique du Nord sont situées dans l’actuelle mégalopolis et, jusqu’à la fin du [...]

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Pour citer cet article

Laurent VERMEERSCH. MÉGALOPOLIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

Philadelphie, États-Unis - crédits : O. Le Queinec/ Shutterstock

Philadelphie, États-Unis

Autres références

  • BOSTON

    • Écrit par Laurent VERMEERSCH
    • 1 593 mots
    • 3 médias

    Capitale de l’État du Massachusetts et principale ville de Nouvelle-Angleterre, Boston, avec ses 673 000 habitants en 2016, est au cœur de la dixième agglomération des États-Unis (4,8 millions d’habitants). Elle est également la deuxième agglomération de la mégalopole BosWash (Boston-Washington),...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Catherine LEFORT, Laurent VERMEERSCH
    • 19 922 mots
    • 19 médias
    ...ont permis la reconversion d'anciennes régions industrielles. La Nouvelle-Angleterre a connu une véritable renaissance à partir des années 1960 : la route 128 qui ceinture Boston a vu l'implantation de nombreuses entreprises, notamment dans l'industrie pharmaceutique, attirées par la présence des...
  • GOTTMANN JEAN (1915-1994)

    • Écrit par Gabriel WACKERMANN
    • 668 mots

    Né le 10 octobre 1915 à Kharkov (Ukraine), alors en Russie, le géographe Jean Gottmann est venu dès 1921 à Paris où il a effectué l'ensemble de ses études. Il fut lauréat du concours général des lycées et collèges de France – mention géographie – en 1931. Dès l'obtention de son diplôme d'études supérieures...

  • NEW YORK

    • Écrit par Cynthia GHORRA-GOBIN
    • 8 318 mots
    • 10 médias

    Le nom de New York renvoie à deux réalités urbaines : la ville et l'aire métropolitaine, dénommée par le bureau du recensement « Consolidated Metropolitan Statistical Area » (CMSA). Cette catégorie statistique englobe ici une douzaine de métropoles et leurs banlieues respectives, soit vingt-cinq...

Voir aussi