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VÉTÉRINAIRE MÉDECINE

Médecine et sciences vétérinaires

La médecine vétérinaire a souvent suivi un chemin parallèle à celui de la médecine humaine, lui empruntant sa méthodologie et ses techniques, mais elle a su conserver, partagée qu'elle est entre les aspects médicaux et zootechniques, un génie propre. Ses apports aux domaines scientifiques humain et comparé sont à ce jour considérables.

L'anatomie a été la base de l'enseignement vétérinaire, dès sa création, avec Bourgelat et Fragonard. Comparative, pour répondre aux besoins professionnels, elle débouche sur une recherche appliquée et reste la base de la sémiologie, de la tératologie, de l'embryologie. La physiologie vétérinaire qui en est issue s'affirme au xixe siècle et apporte une contribution capitale à la connaissance du fonctionnement de l'organisme animal avec A. Chauveau (1827-1917). Émule de Claude Bernard, il crée la cardiographie intracardiaque et, avec ses élèves E. J. Marey, A. Arloing et Kaufmann, explore la circulation sanguine et lymphatique. La contraction musculaire, les principes de la pharmacodynamique sont étudiés ; les bases de la chirurgie expérimentale sont établies.

La médecine vétérinaire pratique les méthodes d'analyse et de diagnostic utilisées chez l'homme ; médecine et chirurgie des petits animaux apportent dans ce domaine une aide indéniable. La pharmacopée vétérinaire est issue de la thérapeutique humaine, mais celle-ci bénéficie de l'aide apportée par l'animal dans l'étude pharmacodynamique des médicaments de l'homme, pour laquelle il sert de modèle.

En microbiologie et en virologie, l'apport de la recherche vétérinaire est prépondérant. P. V. Galtier démontre que la rage est inoculable au lapin et, dès 1881, entrevoit l'immunisation antirabique. Face à la méfiance de la médecine officielle, Pasteur peut compter sur l'aide enthousiaste de vétérinaires comme H. Bouley. Une lignée de vétérinaires pasteuriens va naître avec E. L. E. Nocard, E. Roux (sérothérapie antidiphtérique et antitétanique), E. Leclainche, G. Ramon (anatoxine et substances adjuvantes de l'immunité).

Les fléaux qui faisaient payer à l'élevage un lourd tribut sont vaincus : fièvre aphteuse, tuberculose, charbon, etc. La lutte contre les maladies transmissibles à l'homme et à l'animal est menée sans frontière entre les deux médecines : rage, tuberculose, charbon, brucellose, leptospirose, encéphalomyélite, psittacose, parasitoses, etc. L'Office international des épizooties qui coordonne ces actions à l'échelon mondial a son siège à Paris.

Médecin, le vétérinaire est aussi technicien des productions animales. La place de la zootechnie dans la médecine vétérinaire se trouve implicitement définie sous la plume de Bourgelat, lorsqu'il écrivait en 1767 : « L'animal sain et l'animal malade nous intéressent également. Notre but doit être, d'une part, de maintenir les parties de la machine dans leur intégrité et, d'autre part, d'en réparer les désordres et les altérations. » D'abord économie rustique, dès 1782, avec L. Daubenton, puis économie rurale et cours de choix des animaux avec F. H. Gilbert, en 1783, l'économie du bétail ou science de l'élevage fut sans discontinuité dispensée dans des établissements dénommés, sous la Révolution, écoles d'économie rurale vétérinaire.

Longtemps, les agronomes considérèrent le bétail comme un simple agent de la production végétale devant assurer le maintien de la plus haute fertilité du sol. D'onéreux qu'était l'entretien du bétail, il devint rentable, puis productif. En 1791, Lavoisier, dans son enquête sur la richesse territoriale du royaume de France, estimait au cinquième du rapport agricole total la part imputable aux productions animales ; en 1920, cette part était[...]

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Écrit par

  • : directeur de l'École nationale vétérinaire de Lyon

Classification

Pour citer cet article

Joseph FROGET. VÉTÉRINAIRE MÉDECINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PREMIÈRE ÉCOLE VÉTÉRINAIRE

    • Écrit par Philippe BONBLED, Jean-François CHARY
    • 446 mots

    À l'initiative de Claude Bourgelat (1712-1779), écuyer du roi passionné d'anatomie et de pathologie équines, la première école vétérinaire du monde accueille, le 13 février 1762, ses premiers élèves à Lyon, deuxième ville du royaume de France (après Paris) devenue alors le plus grand centre européen...

  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    ...suite de l’anthropologie médicale, les différents sens d’une maladie en fonction des populations qu’elle affecte, et collabore aussi avec une diversité de professions médicales en charge de la santé animale (vétérinaires, protecteurs de la faune sauvage, épidémiologistes…) pour explorer les transformations...
  • AUJESKY MALADIE D'

    • Écrit par Jacqueline VIRAT
    • 406 mots

    Maladie contagieuse, inoculable, la maladie d'Aujesky est due à un virus spécifique qui affecte la plupart des animaux domestiques et quelques animaux sauvages. Sa transmission à l'homme est exceptionnelle.

    Elle a été décrite par Aujesky en 1902. On la trouve en Europe et en Amérique,...

  • BRUCELLOSE ou MÉLITOCOCCIE ou FIÈVRE DE MALTE

    • Écrit par Henri-Hubert MOLLARET
    • 1 372 mots

    La brucellose (fièvre de Malte, fièvre ondulante, fièvre sudoro-algique, mélitococcie) est une maladie infectieuse commune à l'homme et à différentes espèces animales (essentiellement caprins, ovins, bovins, porcins), due à des microbes du genre Brucella.

  • CHARBON MALADIE DU

    • Écrit par Agnès FOUET, Michèle MOCK
    • 1 942 mots
    • 1 média

    Le charbon, dénommé anthrax en anglais, est une maladie essentiellement vétérinaire. Elle touche tous les mammifères, y compris l'homme, à qui elle est transmise par les animaux ou des produits dérivés contaminés. Elle est non contagieuse d'homme à homme. On distingue trois formes humaines de la...

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Voir aussi