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La technique au service de la méthode expérimentale (XIXe et XXe s.)
L'investigation clinique
La médecine a connu au cours des deux derniers siècles des progrès décisifs tellement nombreux, rapides et variés qu'il est impossible d'en dresser la liste, ni même d'en résumer les étapes. Tout au plus peut-on indiquer les principales orientations qu'elle a suivies depuis le début du xixe siècle.
La tendance initiale dominante a été d'imaginer, de mettre en œuvre, puis de développer des moyens objectifs d'examen et d'en confronter les résultats avec les constatations anatomiques correspondantes pour définir et classer les différentes maladies. C'est ainsi que le grand clinicien français Théophile-Hyacinthe Laennec (1781-1826) a découvert l'auscultation et a édifié la nosologie de la plupart des affections thoraciques : son célèbre traité de l'Auscultation médiate (1819, 1826) marque le début d'une ère nouvelle.
Par la suite, les procédés d'investigation clinique n'ont cessé de se multiplier, notamment en cardiologie et en neurologie. Parmi les autres grands cliniciens du xixe siècle, on retiendra les noms de Pierre-Alexandre Louis (1787-1872), de Léon Rostan (1790-1866), de Jean-Baptiste Bouillaud (1796-1881), de Jean-Martin Charcot (1825-1893), de Georges Dieulafoy (1839-1911), de Fernand Widal (1862-1929) en France, pays dont la médecine clinique a longtemps joui d'un prestige mondial ; ceux de John Cheyne (1777-1836), de Richard Bright (1789-1858), de Robert Adams (1791-1875), de Thomas Addison (1793-1860), de Robert Graves (1797-1853), de William Gull (1816-1890), de William Osler (1849-1919) dans les pays anglo-saxons ; ceux de Wilhelm Ludwig (1790-1865), de Johann Schönlein (1793-1864), de Ludwig Traube (1818-1876), d'Anton von Biermer (1827-1892), d'Adolf Kussmaul (1822-1902) dans les pays de langue germanique. Très rapidement, l'extension des connaissances médicales a débordé la compétence des médecins généralistes et a imposé, du moins dans le domaine de la recherche, une spécialisation croissante. Certaines disciplines comme la cardiologie, la pneumologie, la dermatologie ou la psychiatrie ont continué leur développement. D'autres sont nées vers le milieu ou la fin du xixe siècle et ont connu une expansion d'une surprenante rapidité : tel est le cas, entre autres, de la neurologie, de la rhumatologie, de l'hématologie, de la cancérologie, de l'allergo-immunologie, de l'endocrinologie surtout.
Un malade psychiatrique est équipé d'un appareil destiné à mesurer les réactions des cellules cérébrales, en 1945.
Crédits : Hulton Getty
Entre-temps, on s'est efforcé d'étendre la portée des investigations et d'explorer par la vue les orifices, conduits et cavités du corps grâce à l'endoscopie qui s'est surtout développée à partir de 1880, à la faveur de dispositifs d'éclairage en miniature : elle a notamment facilité la méthode des biopsies qui consiste à prélever de petits fragments tissulaires en vue de leur examen histologique.
Les applications de la physique : la radiologie
Simultanément, l'examen objectif du malade s'est enrichi de procédés de mesures physiques précises, comparables entre elles ou susceptibles d'être enregistrées. Les plus importants ont porté sur la mesure de la pression artérielle (C. F. W. Ludwig, 1847), sur la prise de la température (Wunderlich, 1856), sur l'étude des réactions provoquées par l'incitation électrique des nerfs et des muscles (L. Lapicque, 1909), puis sur l'enregistrement galvanométrique (W. Einthoven, 1903) ou électronique (H. S. Gasser, 1922) des courants produits par certains organes en fonctionnement, comme dans l'électrocardiographie (Waller, 1887 ; Lewis, 1912...) ou dans l'électro-encéphalographie (Hans Berger, 1931).
Galvanomètre à corde d'Einthoven
Après avoir examiné les qualités et défauts respectifs des galvanomètres mis au point par Lippmann et par Deprez et d'Arsonval, Willem Einthoven (1860-1927) imagina de modifier le second de ces modèles pour le rendre plus sensible. Il remplaça le système qui caractérisait cet appareil,...
Crédits : Einthoven Foundation, Leyde
La plus décisive application de la physique à la médecine est incontestablement la radiologie, fruit presque immédiat de la découverte faite en 1895 par Wilhelm Conrad Röntgen (1845-1923).
Rayons X : une excitante nouveauté
Dans la panoplie des arguments commerciaux qui vantent l'attrait des grands magasins de Paris au tout début du XXe siècle, l'usage ludique des rayons X est mis en avant, tout comme celui du Cinématographe, inventé également en 1895.
Crédits : Collection Guy Pallardy
Le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen (1845-1923) est célèbre pour sa découverte des rayons X, en 1895. Il reçut le premier prix Nobel de physique, en 1901.
Crédits : SSPL/ Getty Images
Grâce à de nombreux perfectionnements et à certains procédés ingénieux comme ceux qui utilisent des artifices de contraste ou qui mettent à profit l'élimination élective, par certains organes, de substances déterminées, la radiologie est devenue un élément ind [...]
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Écrit par :
- Charles COURY : professeur honoraire à la faculté de médecine de Paris, chaire d'histoire de la médecine
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Pour citer l’article
Charles COURY, « MÉDECINE - Histoire », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/medecine-histoire/