CHARCOT JEAN-MARTIN (1825-1893)

Charcot
Hulton Archive/ Getty Images
Charcot
Jean Martin Charcot (1825-1893) est la figure emblématique de la neurologie moderne.
Hulton Archive/ Getty Images
Fils d'un charron, Jean-Martin Charcot accomplit ses études secondaires à Paris, au lycée Bonaparte (actuel lycée Condorcet), puis envisage de faire l'École des beaux-arts en raison de ses dons pour le dessin, avant de s'inscrire finalement à l'École de médecine en 1844. Brillant étudiant, il est reçu successivement interne des hôpitaux de Paris en 1848, puis chef de clinique en 1853 dans le service du professeur Rayer. Il est nommé médecin des hôpitaux en 1856. Ses premiers travaux portent sur le rhumatisme chronique dégénératif et il publie en 1859 un travail sur la claudication intermittente dans lequel il décrit chez l'homme une affection connue chez les chevaux depuis 1831. En 1859, il est chargé d'un cours de pathologie interne à l'école pratique. En 1862, il est nommé chef de service à la Salpêtrière, dans le quartier Vieilles-Femmes qui comporte près de cinq mille malades.
De 1862 à 1870, il donne des leçons théoriques et cliniques sur les maladies chroniques, les maladies des vieillards et les maladies du système nerveux. Charcot développe la méthode anatomo-pathologique qui repose sur la confrontation des symptômes cliniques présents lors de la maladie avec les lésions anatomiques retrouvées au cours de l'autopsie. Dans le cadre d'une étude anatomo-pathologique approfondie, Charcot étudie les fonctions de la moelle épinière et analyse les fonctions cérébrales. Il jette les bases d'un concept nouveau à l'époque selon lequel le cerveau n'est pas homogène mais est plutôt une association de territoires divers ayant des fonctions distinctes. Cette conception originale et novatrice a permis à la neurologie de faire un bond en avant. En 1861-1862, il décrit une observation de « paralysie agitant » connue maintenant sous le nom de maladie de Parkinson.
En 1863, il présente des travaux anatomo-pathologiques sur la goutte. En 1865, il réalise des travaux sur les maladies du poumon, du foie et sur la pathologie des hémorragies cérébrales. Il publie cette année-là Des amyotrophies spinales chroniques, ouvrage dans lequel il décrit pour la première fois la sclérose latérale amyotrophique. Il publie en 1868, ses Leçons cliniques sur les maladies des vieillards et les maladies chroniques, puis en 1874 ses Leçons sur les maladies du système nerveux faites à la Salpêtrière (3 vol.) et en 1876 ses Leçons sur les localisations. S'intéressant à d'autres domaines que la neurologie, il décrit en 1876 la cirrhose atrophique du foie qui porte son nom et en 1881 le myxœdème de l'insuffisance thyroïdienne qu'il appellera « cachexie pachydermique ».

Une leçon clinique à la Salpêtrière, A. Brouillet
Photo 12/ Universal Images Group/ Getty Images
Une leçon clinique à la Salpêtrière, A. Brouillet
En 1882, Jean Martin Charcot devient titulaire de la prestigieuse chaire des maladies du système…
Photo 12/ Universal Images Group/ Getty Images
En 1882, Jean-Martin Charcot devient titulaire de la prestigieuse chaire des maladies du système nerveux à la Salpêtrière, créée à l'instigation de Léon Gambetta. Sous son impulsion, son service deviendra le plus grand centre clinique neurologique d'Europe. Excellent orateur, Charcot brillait par son esprit d'observation et par son ascendant sur ses élèves, Pierre Marie, Bechterew, Babinski, Janet, Joffroy, Paul Richier, Raymond, Brissaud, Gilbert Ballet, Bourneville, Bouchard, Gilles de La Tourette et Joseph Babinski. Sa notoriété l'a conduit à accueillir des étudiants de toutes les parties du monde. Le plus célèbre d'entre eux fut Sigmund Freud, qui a étudié d'octobre 1885 à février 1886 à l'hôpital de la Salpêtrière les manifestations de l'hystérie, les effets de l'hypnotisme et la suggestion. Ce dernier admirait Charcot qu'il a décrit en des termes particulièrement élogieux à sa fiancée : « Charcot, un des plus grands médecins et dont la raison confine au génie, est en train de démolir mes conceptions et mes desseins. La graine produira-t-elle son fruit, je l'ignore ; mais que personne n'a jamais eu autant d'influence sur moi, de cela je suis sûr. » Charcot présentait ses malades[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bruno HALIOUA : médecin dermatologue
Classification
Pour citer cet article
Bruno HALIOUA, « CHARCOT JEAN-MARTIN (1825-1893) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias
Autres références
-
J. M. CHARCOT ENSEIGNE LA NEUROLOGIE À LA SALPÊTRIÈRE
- Écrit par Bruno HALIOUA
- 165 mots
- 1 média
-
AUTOMATE
- Écrit par Jean-Claude BEAUNE, André DOYON, Lucien LIAIGRE
- 5 850 mots
- 2 médias
-
FREUD SIGMUND (1856-1939)
- Écrit par Jacques LE RIDER, Marthe ROBERT
- 14 214 mots
- 3 médias
...Freud n'eut pas tout d'abord à renier les principes méthodologiques qui inspiraient jusque-là sa démarche intellectuelle ; au contraire, l'enseignement de Charcot, auquel il devait en grande partie sa conversion, l'avait fortifié dans cette certitude que l'observation, fût-elle appliquée aux faits cliniques... -
HYPNOSE
- Écrit par Léon CHERTOK
- 3 069 mots
- 2 médias
-
HYSTÉRIE (histoire du concept)
- Écrit par Thérèse LEMPÉRIÈRE
- 6 696 mots
- 1 média
...Carter, Feuchtersleben), un autre courant de recherches et d'idées va se développer parallèlement, celui du magnétisme. Là aussi s'affrontent un courant organiciste (qui soutient la théorie fluidique de Mesmer et qui aura son plein épanouissement avec Charcot et l'école de la Salpêtrière) et un... -
MARIE PIERRE (1853-1940)
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
- 313 mots
Neurologue français, qui aborde la médecine après des études de droit. Il devient interne des hôpitaux en 1878 ; son maître Charcot fait de lui son chef de clinique et de laboratoire ainsi que son secrétaire. Agrégé de la faculté de Paris (1889), Pierre Marie crée à l'hospice de Bicêtre le service...
- Afficher les 10 références